Filtrer
Langues
Prix
Jankelevitch V.
-
On savait les liens de Vladimir Jankélévitch à Israël, à la conscience juive et à sa complexité ; on savait son attachement à Tolstoï, Rakhmaninov, à l'homme russe plus généralement, son attachement à certains êtres aussi, comme Léon Brunschvicg, Jean Wahl... mais on ignorait les textes où le philosophe fait état de ces liens, de cet attachement. Pourtant, sa voix s'y fait entendre avec une force, un élan et une acuité qui dérangent bien des schémas, des habitudes. Il retrouve, en parlant de Tolstoï, cette passion de l'immédiat qui fait partie intégrante de sa vie et de sa philosophie. Non moins surprenantes, non moins graves, non moins liées à sa propre histoire, les pages qu'il dédie à Israël, au judaïsme. Par exemple, lorsqu'il écrit : Si les Juifs n'existaient pas, il aurait fallu les inventer, il aurait fallu fabriquer un peuple mystérieux et disséminé comme nous le sommes, par rapport auquel l'homme puisse avoir des sentiments qui ne ressemblent pas à d'autres, qui ne se laissent pas banaliser et qui subsisteront jusqu'à la fin des temps. Enfin, il évoque certains de ses professeurs et amis dont, pour lui, les leçons demeurent. Un recueil de pages neuves.
-
La Musique et les Heures reprend une série de textes célèbres (et depuis longtemps introuvables, tel le Nocturne) de Vladimir Jankélévitch – série qui s'est organisée d'elle-même autour du temps humain. Du matin (Satie) au soir (Fauré, Chopin), en passant par le soleil de midi de Rimski-Korsakov, les heures scandent l'écriture des œuvres musicales. Et cette correspondance qui rattache chaque moment privilégié du jour à un style musical semble si naturelle qu'on ne peut s'empêcher de penser que – l'ordre des textes qui la révèle ne pouvant pas être tout à fait arbitraire – ce recueil aurait pu être constitué par Vladimir Jankélévitch lui-même.
-
La presence lointaine. albeniz, severac, monpou
Jankelevitch V.
- Seuil
- Essais littéraires (H.C.)
- 29 Janvier 2016
- 9782021315547
"La vocation de la musique n'est pas de répondre à l'alternative du près et du loin. La musique n'a pas à choisir. Le logicien insiste, menace, s'impatiente, il nous dit : de deux choses l'une. Mais la musique, qui déploie toute sa finesse dans l'audition, fait ici la sourde oreille. Elle récuse les catégories tranchées et les disjonctions brutales, comme elle récuse tout ultimatum. Grâce à elle et à sa magie, le près et le loin peuvent se confondre comme se confondent le forte et le pianissimo contradictoirement mêlés dans l'ambiguïté insaisissable du pianissimo sonore et du forte con sordina. Le mystère de la sonorité est là tout entier. Le son est perpétuellement en mouvement. Le son se rapproche, s'éloigne, nous enveloppe entièrement, et puis nous quitte pour s'éteindre dans les lointains. Les ondes de la musique circulent dans l'espace sonore. De là ce charme captivant, mais aussi décevant, instable, problématique dont le nom est musique. Car la musique est un charme, charme nostalgique comme l'est toujours le charme. Ce charme de l'inachevé est celui de la présence absente."
Vladimir Jankélévitch