De 1789 à 1792, à l'initiative des colons de Saint-Domingue admis comme députés au sein de l'Assemblée nationale, les débats se focalisent sur la question des droits des hommes de couleur libres ou " mulâtres ". Hostile à la reconnaissance de ces droits, le lobby colonial d'alors réussit à écarter toute application aux " îles " de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen malgré les interventions répétées des membres de la Société des amis des noirs. Cet " abcès de fixation " permet de différer la suppression de la traite et la première abolition de l'esclavage.
Dans son essai Du fanatisme dans la langue révolutionnaire publié au coeur du Directoire (1797), Jean-François Laharpe, homme de lettres autrefois proche des philosophes des Lumières, dénonce la « langue révolutionnaire » qui, selon lui, a conduit au pouvoir sans limites des jacobins. Par-delà le procès véhément des menaces qui continuent de peser sur la pratique religieuse, Laharpe développe une réflexion sans précédent sur les liens politiques du dire et du faire, sur le caractère proprement performatif de la langue révolutionnaire. De plus, attentif à la diversité des signes de la révolution (fêtes de la Raison, abjurations publiques, instauration d'un nouveau calendrier etc.), Laharpe esquisse une véritable sémiologie du fait révolutionnaire. Nous reproduisons ici l'édition originale de l'essai de Laharpe, Du fanatisme dans la langue révolutionnaire, ou de la persécution suscitée par les barbares du XVIIIe siècle, contre la religion chrétienne et ses ministres. Chez Migneret, À Paris, An V (1797).
Les mutineries, les émeutes et la répression militaire qui ont suivi en avril 1912 la signature du traité établissant le protectorat français sur le Maroc sont restées dans les mémoires comme les « journées sanglantes de Fès ».
Dans cet ouvrage, l'auteur revient sur cette mémoire ambiguë et fluctuante qui, bien que souvent réduite au silence au nom des bienfaits d'une colonisation en plein essor, a profondément marqué l'imaginaire de Fès et du Maroc. Il rappelle que par-delà les clichés d'une abondante littérature touristique, la perspective d'un retour des violences de 1912 hante deux oeuvres romanesques qui inscrivent Fès dans leur trame narrative : La Rose de sable de Montherlant (1932) et La Conquérante de Brasillach (1942-1943).
Cette étude de la langue politique de la Révolution française met l'accent sur sa performativité, sur l'indissociabilité du dire et du faire en révolution. Elle envisage un trajet qui ne se clôt pas, comme c'est souvent le cas, avec le 9 thermidor et la chute de Robespierre mais embrasse le Directoire et le Consulat. L'interaction des discours dissidents ou opposés au processus révolutionnaire est largement prise en compte : elle seule permet de comprendre les dynamiques de radicalisation et, selon la terminologie inaugurée par Benjamin Constant, les réactions qui marquent les discours qui se constituent en s'affrontant. La période étudiée ici permet mieux que toute autre de saisir l'interdépendance du droit, de la théorie et de la pratique politiques. Par-delà la difficile et chaotique genèse d'institutions démocratiques, par-delà la confrontation à la guerre et l'expérience de divisions qui s'exacerbent, une culture républicaine nouvelle se construit qui résistera aux tensions de l'avenir.