Avec délicatesse et humour, Julie Bouchard intègre le lecteur dans son roman et en fait un véritable personnage aux côtés des inconnus qui déambulent dans les rues de la ville.
Chaque matin, des passagers à peine sortis du lit montent dans l'autobus 102 pour aller vaquer à leur labeur quotidien. Ils ne se parlent pas. Ce sont de parfaits étrangers les uns pour les autres, mais leurs destins vont bientôt se croiser tragiquement.
Que sait-on de la vie et des secrets de tous ceux et celles qu'on côtoie tous les jours dans la rue, à l'épicerie ou dans un bus ?
Un univers déjanté, éblouissant et fulgurant!
Entre fiction et fragments de réalité, à vive allure juste avant la chute, elles foncent, creusent, luttent, saignent et reviennent à la vie.
Il y a dans les nouvelles de ce recueil un ton personnel qui nous accroche dès le départ. On lit ces textes en souriant. Les multiples détails que l'autrice y intègre donnent vie à l'ensemble de façon remarquable.
On est fasciné par l'intensité dramatique que Julie Bouchard sait construire avec des événements latents, qui créent un suspense, qui retiennent notre souffle jusqu'à leur imminente fatalité ! Elle a ce sens de l'observation des détails qui prophétisent et mettent en scène un univers férocement humain.
Un recueil qui promet un « délice de lecture ».
Le titre aurait pu être : Les hauts et les bas de la vie commune. Les 9 nouvelles de ce recueil se concentrent en effet autour du thème de la disparition et de la perte à l'intérieur du couple et des relations amoureuses. Perte d'un amant, d'un mari, d'une épouse, désir de tout quitter ou de recommencer sa vie. On croit connaître les gens, mais souvent on ne sait rien, ou si peu de choses, sur leur monde secret, leurs rêves cachés ou perdus. Pourtant c'est là que se cache leur être profond qu'ils tiennent à l'abri des regards, par crainte ou pour se protéger. Il ne s'agit pas de mensonge, mais d'un moyen de se défendre pour des milliers de petits coeurs brisés.
Julie Bouchard s'applique à percer les secrets de ses personnages qui mènent tous, en apparence, des vies bien ordinaires. Elle le fait avec délicatesse, par fines touches, avec une justesse de ton rarement égalée et une éblouissante maîtrise de la langue, qui font de ce recueil un véritable plaisir de lecture.
Dans certaines nouvelles, c'est le personnage qui raconte lui-même son histoire; dans d'autres, c'est un narrateur omnicient qui intervient parfois dans le récit, pour multiplier les pistes d'interprétation et explorer ce qui aurait pu advenir si... si...
Un amant s'éclipse un vendredi soir glacial de décembre, une nouvelle mariée coule au fond de l'eau, une hôtesse de l'air cherche à laisser son mari, le docteur Francoeur, maintenant seul dans sa trop grande maison, descend des marches pour chercher son chapeau, mais trouve son fusil, pendant qu'un autre homme, Armand, les monte ailleurs pour chercher les lettres d'amour de Napoléon à Joséphine, sans oublier Joyce, qui se refait une beauté, Sylvia, qui se tait, Liliane, qui attend, Lorrie, qui souffre. Bref, beaucoup de peine, quelques désirs, une grande maison, très peu de sang.
Se déconstruisent ainsi, sous les nuages de la vie, les histoires de Sylvia, d'Armand, de Patti, de Tom qui nous rappellent à quel point on ne connaît pas les gens avant de s'aventurer dans leur intimité.
Julie Bouchard a l'art d'aborder les drames de ses personnages avec une pointe d'ironie et de fantaisie, ce qui ajoute au plaisir de la lecture. La vie peut aussi être légère... Même si le ciel de la vie est la plupart du temps nuageux... Un livre à conseiller aux milliers de petits coeurs brisés.
Peut-on faire du « retard français » un objet des sciences sociales ? Oui, à la condition de s'attacher au discours sur le retard et de délaisser la posture évaluative qui conduit soit à la « tardophilie » soit à la « tardophobie » . Depuis le xviiie siècle, le discours sur le retard, lié à l'idéologie du progrès, a envahi l'espace public en devenant une rhétorique de l'insuffisance et du changement. L'analyse de cette rhétorique en action permet de rendre compte des multiples significations qui lui sont attachées, des croyances et des représentations associées et de ses évolutions dans le temps. L'analyse du corpus des rapports de la planification des années 1950-1960 en matière de science et de technologie montre comment ce discours a été un élément de la politique scientifique et technologique. Les retards sont définis à travers quatre grands « régimes de normativité » : celui fondé sur l'idée du progrès de la science pour lui-même ; celui fondé sur l'idée d'une interdépendance entre les disciplines scientifiques ou entre la science et la société; celui fondé sur la comparaison géographique et, enfin, celui fondé sur l'objectif administratif ou managérial. Constatant au cours du dernier demi-siècle la montée en puissance du régime de la « géocomparaison », ce phénomène est expliqué par les représentations des élites, l'institutionnalisation de la comparaison internationale et la mise en place d'un dispositif intellectuel qui la sert : les statistiques sur la science et la technologie.
L'exploration communicationnelle des nombres commence par la relation entre médias et statistiques : sondages, données financières, Audimat, "chiffre du jour", voire controverse sur les "statistiques ethniques" montrent que les médias sont utilisateurs et producteurs de nombres, et que ceux-ci sont à la fois objectivés, objectivant, subjectifs, et sujet à interprétation !
Comment l'espace médiatique (presse, télé, web) façonne-t-il la définition et l'attribution de valeurs pour des entités de toutes sortes ? Au moment où abondent les instruments d'évaluation fondés sur la quantification - des indicateurs aux classements, des hit-parades aux baromètres, des mégadonnées au like, des commentaires aux notes - et que concours, prix ou récompenses font florès, ce livre entend éclairer les logiques, les processus et les discours médiatiques à l'oeuvre dans la production, la circulation et la publicisation de l'évaluation. How does the media space (press, television, web) shape the definition and assignment of values to various entities? While evaluative tools based on quantification proliferate - from indicators to rankings, from charts to barometers, from big data to like, from comments to notes - and contests, prizes or awards are flourishing, this book aims to shed light on the media logics, processes and discourses at work in the production, circulation and publicization of evaluation.
L'injonction au "rendement" et à la "performance" a pénétré progressivement le monde académique au cours des quarante dernières années. En France comme dans d'autres pays d'Europe et d'ailleurs, l'évaluation s'est transformée au prisme de cet impératif : la régulation par la "collégialité" et le "jugement par les pairs" se sont doublés d'un "nouvel esprit de l'évaluation" peuplé d'"agences", d'"indicateurs", de "référentiels", de "classements"...
Ce livre s'attache à comprendre l'émergence des fabriques contemporaines de l'évaluation, leurs déclinaisons dans différents pays et institutions ainsi que les changements qu'elles engendrent dans l'espace académique. Il s'appuie sur des enquêtes empiriques conduites dans sept pays (Allemagne, Belgique, Chine, France, Italie, Pays-Bas, Royaume-Uni) et portant sur des politiques publiques, des agences, des établissements d'enseignement supérieur, des "clusters" et des médias. En examinant les coulisses de l'évaluation académique contemporaine dans différents cadres nationaux et institutionnels, ce livre de sciences sociales permet de mieux comprendre les mécanismes sociaux et techniques de sa production, de sa circulation, de son appropriation ainsi que ses conséquences.
Depuis l'implantation des premiers vergers d'argousiers au Québec vers la fin des années 1990, cet arbuste pique notre curiosité en raison de ses fruits et de son port ornemental. Cet ouvrage arrive à point pour faire connaître cette culture et en présenter les différents éléments, depuis le choix du site et des cultivars jusqu'à la récolte et la mise en marché, en passant par la préparation du sol, la plantation, l'entretien et la protection contre les maladies et les insectes.
Historiquement, la ponctuation sépare tout d'abord les mots. Elle permet aux copistes d'être fidèles aux textes et aux lecteurs à voix haute de pouvoir respirer. Puis l'imprimerie lui confère une fonction de régulation du langage, régulation que les écrivains rebelles remettent parfois en question selon les modes du moment. Cet automne, XYZ, la revue de la nouvelle, fait de la ponctuation son thème central. « Si la nouvelle tend vers la brièveté, sans toujours l'atteindre, la ponctuation, elle, émane du point sans pouvoir s'y limiter » : écrit Jean-Sébastien Lemieux dans sa présentation du numéro. Les nouvelles qui le composent n'expérimentent pas forcément avec la ponctuation en tant que telle, mais elles en tirent toutefois un certain principe : celui de l'autoréflexion sur la littérature elle-même, la fiction venant remettre en question les pouvoirs du langage. La revue propose onze textes courts signés Sophie Prévost, Thomas Mainguy ou Julius Nicoladec, ainsi que le lauréat du concours de nouvelles XYZ, L'Épouvantail de David Bélanger, et trois comptes-rendus d'ouvrages théoriques ou de recueils divers.
L'édition printanière de la revue Cap-aux-Diamants propose un dossier dirigé par Julie Francoeur sur l'activisme et les mobilisations féministes au Québec. Dominique Deslandres s'intéresse au féminisme en Nouvelle-France, alors que Sophie Doucet et Karine Hébert mettent en lumière des figures phares moins souvent retenues du mouvement féministe au tournant du XXe siècle. Andrée Rivard discute de revendications liées à l'accouchement au XXe siècle et Marie-Laurence Raby d'avortements illégaux dans les années 1970. Adèle Clapperton-Richard se penche ensuite sur les enjeux de représentation des femmes dans les manuels scolaires et Julie Francoeur sur ceux liés plus largement aux commémorations des féminismes. Finalement, Diane Lamoureux étudie la longue tradition antiféministe au Québec. Le numéro comprend également les rubriques habituelles où il est cette fois question des Béliveau (Ancêtres), de l'Hôpital du Saint-Sacrement à l'heure de la Révolution tranquille (Patrimoine) ou encore de l'acquisition de la Floride par les États-Unis (Je me souviens).
Le numéro d'hiver de la revue Cap-aux-Diamants présente des articles issus du Sixième Concours de textes en histoire de la revue, organisé en collaboration avec les éditions du Septentrion. Cette année, le premier prix a été décerné à Lucie Arbour qui signe un article sur la crise du saumon de Restigouche de 1981 alliant études environnementales, histoire autochtone et histoire politique. Le second prix revient à Sonia Blouin pour son analyse sociologique et géographique des métiers du métal à Montréal au XVIIe siècle et le troisième a été remis à Pierre-Gabriel Gosselin pour avoir su marier histoire régionale et familiale en se penchant sur l'implantation de la famille Hall dans le canton d'Irlande au XIXe siècle. Trois autres textes mettent quant à eux de l'avant un pan de l'histoire militaire de la Nouvelle-France, traitent de la frontière canado-américaine, des normes prescrites aux adolescentes en matière de sexualité dans les années 1980 et des persistances seigneuriales à Beauport. (source : Cap-aux-Diamants)
Dans un monde en perte de repères, il est tentant de s'en remettre à un appareil pouvant indiquer exactement le chemin à prendre. Boussole des temps modernes, le GPS vous suit à la trace, guide vos pas et mesure avec une précision mathématique l'itinéraire le plus court pour vous rendre du point A au point B. Si tous les chemins mènent à Rome, la voie la plus rapide n'est toutefois pas toujours la meilleure à emprunter, et la machine qui établit le trajet peut, à tout moment, se détraquer.
Les passagers et les conducteurs d'«Uberland» de Gaëtan Brulotte et d'«Un monde bidon» de Michel Lord se perdent en conjonctures. Dans «Great Plains Stallion» d'Olivier Bouchard, le système de navigation - un cheval lecteur de cartes - s'avère plus rustique, mais sa sensibilité s'en trouve accrue. La perception spatiale est aussi décuplée dans «Dessine-moi une ville» de Serge Labrosse, alors que l'errance inquiète devient la seule voie possible dans «Faire demi-tour» de Maude Deschênes-Pradet. Étienne Allaix fait état du tourment d'un homme recevant les coordonnées géographiques de lieux inconnus tandis que l'angoisse, dans la nouvelle «Sur une forme blanche, immobile» de Julie Bouchard, affecte à la fois celle qui guide, et celle qui est guidée. Cinq nouvelles hors thème accompagnent le dossier. Dans «L'oeuvre improbable» de Frédéric Hardel, une jeune femme s'abîme dans la contemplation d'une oeuvre d'art. Jean-Louis Trudel raconte la tentative d'un fils de raviver les souvenirs de sa mère dans «Chanter l'amour même quand on l'oublie». Justin Gagnon relate la journée horrifique d'un correcteur atteint d'eczéma dans «Congédiement» et Rémi-Julien Savard imagine, dans «Souffler un peu», une connivence insoupçonnée entre un chauffeur de souffleuse et un psychologue bègue. Finalement, André-Ann Lavoie vous guide dans une ville dévastée.
Les sciences de l'information et de la communication semblent avoir à dire quelque chose de la sexualité, de la lutte des sexes, de l'apologie des genres, bref, de tout ce qui s'approche du thème "sexe et communication". Dans l'ensemble, les textes présentés ici marquent un net resserrement de la problématique sur les médias institutionnels, au sens large : édition de presse ou littéraire, télévision, Internet etc.