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Philippe Collomb
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La Parure : et autres essais (2e édition)
Georg Simmel, Philippe Marty, Michel Collomb, Florence Vinas
- Éditions de la Maison des sciences de l'homme
- 4 Octobre 2021
- 9782735127665
Le choix de textes de Georg Simmel, réunis dans ce livre, procède de la même curiosité éclectique qui a présidé à la réception de son oeuvre en France, en mêlant des études de psychologie sociale, qui prolongent celles déjà traduites sur l'argent, la mode, le conflit ou la femme, et des essais portant sur des questions d'esthétique. Douze des treize études ici réunies ont en commun d'avoir été écrites entre 1906 et 1908, c'est-à-dire à une période où Simmel s'est déjà éloigné du néo-kantisme et développe, en dehors de toute visée systématique, les analyses sociologiques qui formeront, en 1908, la matière de son oeuvre maîtresse : Sociologie. Études sur les formes de la socialisation. Dans ces essais, Simmel s'intéresse à des objets concrets, à des réalités de la vie quotidienne, telles que la vie de couple, la décoration de la maison, le désir qu'a tout individu de briller et de se parer. Cependant l'originalité et la profondeur des idées qu'exposent ces courts textes les tiennent à mille lieues de la littérature de circonstance. Qu'elles abordent le jeu d'une grande comédienne, comme la Duse, la théâtralité mensongère des ruelles vénitiennes ou les efforts de la peinture pour suggérer la troisième dimension, les réflexions de Simmel font toujours écho à la théorie philosophique : les concepts du néo-kantisme s'y retrouvent, sous une forme diffuse et adaptée aux besoins d'une conversation avec un lecteur cultivé mais pas nécessairement spécialisé. Dans l'essai plus tardif sur "La caricature", le changement des références philosophiques est patent : ce sont désormais les reflets d'une philosophie de la vie bergsonienne qui colorent l'analyse.
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Les 35 heures : une approche critique
Paul Fabra, Paul Artus, Bernard Brunhes, Bertrand Collomb, Françoise Favennec, Philippe Lemoine
- FeniXX réédition numérique (Economica)
- 12 Août 2016
- 9782402122023
La moins urgente des réformes portées à bout de bras jusqu'à son terme par Martine Aubry pourrait bien bouleverser le paysage social et économique, voire renforcer le capitalisme de la bourse. Paradoxalement, c'est les petites entreprises (1,2 million d'établissements, 5,3 millions de salariés), auxquelles est accordé un délai de deux ans pour se conformer à la réduction de la durée légale du temps de travail, qui en souffriront le plus. Déjà passablement désorganisé en France, le marché de l'emploi aura de plus en plus de mal à fonctionner comme un marché. Les conditions de concurrence n'y seront pas égales entre les entreprises (en général plus importantes) subventionnées pour avoir passé un accord avec leur personnel, et les autres. La finalité est aujourd'hui de pousser les entreprises à négocier une diminution effective des horaires contre une plus grande flexibilité dans l'organisation du travail. Ainsi une réforme inspirée par le vieux mythe du partage du travail s'inscrit-elle dans le mouvement de la déréglementation qui a d'abord touché le capital. Le chantier appelait un profond remaniement du Code du travail qui est une fois de plus éludé. Une meilleure organisation interne du travail amènera-t-elle les entreprises à moins faire appel à l'intérim et à des embauches à temps partiel ? Si tel est le cas, la diminution du temps de travail aura aidé à obtenir une amélioration sur la seule durée qui importe réellement à la majorité des salariés : celle de leur contrat de travail. Mais la réponse n'est pas évidente. La compression de la masse salariale sera plus que jamais à l'ordre du jour. Progrès techniques et instabilité économique concourent à rendre plus difficile la maîtrise de son propre temps. La tentative de réhabilitation d'une norme collective s'appliquant à la durée du travail traduit à sa manière le malaise qui en découle. À terme, c'est la relation des Français au temps qui est remise en question.