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Tristan Bernard
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Tristan Bernard (1866-1947) "La chambre où j'écris est au troisième étage d'un hôtel du Havre. Elle donne sur un des bassins. Mais à quoi bon décrire ce que je vois ? Ce n'est pas pour cela que j'ai pris la plume. J'écris pour moi tout seul. J'écris parce que je n'ai personne à qui parler. Et comme je ne veux pas que ces pages traînent, je les enverrai sous des initiales dans un bureau de poste de Paris, toujours le même pour ne pas me tromper. Je me regarde dans la glace, je ne suis ni beau ni laid, ni grand ni petit. J'ai trente-quatre ans. Il y a des personnes qui me donneront moins, d'autres plus. Mais quand je dirai mon âge, elles n'insisteront pas, car cette évaluation ne leur tient pas à coeur. Mon nez paraît un peu pointu depuis que je ne porte plus que la moustache. J'ai des cheveux châtain clair pas très dociles. Quand je me coiffe avec une raie, ça ne tient pas. J'ai un peu d'instruction, j'ai passé mon bachot. Au lycée, je n'ai pas fait sensation. Il y avait des professeurs qui me jugeaient intéressant, mais la plupart ne faisaient pas attention à moi. Je me suis marié de bonne heure, à vingt-quatre ans, et j'ai divorcé il y a trois ans. Ma femme me trompait. C'est moi qui ai pris les torts à mon compte. Ce n'était pas une mauvaise créature. Elle réfléchissait peu, voilà tout. Elle écoutait facilement les gens quand ils lui plaisaient. Moi, elle ne m'a pas écouté longtemps. Elle vit avec son amant, qui n'est pas non plus un mauvais type. Je sais qu'ils ne sont pas très heureux au point de vue matériel. Jusqu'à présent, je lui ai servi régulièrement sa pension. Maintenant, ça commence à être dur. J'ai eu beaucoup d'ennuis d'argent..." Paul Duméry, un ancien assureur, assassine l'un de ses créanciers et le vole. Il doit fuir car la police va très vite le soupçonner. Pendant sa cavale, il rédige son journal... Roman à découvrir ou redécouvrir.
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Le 1er janvier, Tristan Bernard (1866-1947) entre dans le domaine public et, avec quatre titres, dans la catalogue numérique de la Bibliothèque malgache (collection « Bibliothèque littéraire »).
Plus connu peut-être pour ses traits d'esprit que pour ses oeuvres, il a lui-même contribué à faire oublier que celles-ci sont pleines de ceux-là.
Voici l'occasion de le vérifier, et de s'en réjouir.
Mémoires d'un jeune homme rangé, premier roman en solitaire d'un écrivain qui ne s'y était risqué, auparavant, qu'en compagnie, préférant écrire des pièces de théâtre pour mettre en valeur ses qualités de dialoguiste. Daniel Henry y cherche son personnage, comme un comédien qui ne saurait quel habit endosser. Ses vêtements causent d'ailleurs quelques soucis à un jeune homme toujours en train de se demander comment le voient les autres. Et les réponses qu'il apporte lui-même ne le satisfont guère, jusqu'au moment où Berthe Voraud semble s'intéresser à lui. Mais le chemin vers leur union est tortueux.
Supplément
Une étude de caractère, sans faire l'économie de l'aspect physique (« Il est gras ; il n'est pas rose. »). Parue dans La Presse en 1900, elle est signée Francis de Croisset : « Il a l'observation minutieuse et analytique. Il scrute le coeur humain à coups d'épingles. Il le fouille de ses ongles courts, avec le plaisir aigu et chatouilleur qu'on ressent à gratter un bouton. » -
Le Marquis des stades est un hommage aux champions autant qu'aux sportifs amateurs. Cyclistes, boxeurs, footballeurs, Tristan Bernard témoigne ici, avec humour parfois, de l'admiration qu'il avait pour les athlètes de tout poil !
Tristan Bernard (1866-1947), fut de toutes les aventures intellectuelles de son époque. Auteur des Pieds nickelés, proche de Léon Blum, Marcel Pagnol ou Jules Renard, il est de la première rédaction de L'Humanité (1904) avant de contribuer aux débuts du Canard enchaîné en 1917. -
Bernard Tristan - Mémoires d'un jeune homme rangé : Dans les années 1900, Daniel Henry, un jeune homme de 20 ans fils d'un petit industriel drapier-tailleur, décide après mûres réflexions de tomber amoureux de Berthe Voraud, fille d'un autre industriel bourgeois. Heureusement, elle cède à ses avances timides et l'affaire va aller jusqu'au mariage, grâce peut-être aux deux pères plus entreprenants et très intéressés par l'argent de l'autre parti.
Daniel est vieux avant l'âge : Un jeune homme rangé, ce n'est qu'un euphémisme, c'est un jeune homme étriqué dans ses habits et ses idées, conformiste à outrance, qui cherche toujours à savoir ce que les autres pensent de lui ; il ne fait que ce qui se fait ou ce qu'il croit qu'il doit faire. Paru en 1899, c'est le premier roman de Tristan Bernard, habitué plutôt à écrire des pièces de théâtre, des pamphlets, des mots d'esprit. Il dresse ici une critique humoristique et subversive de la vie des bourgeois de son temps.
Proche de Léon Blum, Jules Renard, Lucien Guitry, Paul Gordeaux, Marcel Pagnol, et de bien d'autres, célèbre pour ses jeux de mots, ses mots croisés et son théâtre de boulevard, écrivain-chroniqueur-sportsman-gastronome, Tristan Bernard fut aussi un écrivain romanesque à succès. Il contribua au genre policier par son recueil Amants et Voleurs (1905) et plusieurs autres romans. Arrêté comme juif en 1943 et interné à Drancy, il échappe de peu à la déportation. Parue dans La Presse en 1900, cette phrase de Francis de Croisset résume fort bien notre auteur: « Il a l'observation minutieuse et analytique. Il scrute le coeur humain à coups d'épingles. Il le fouille de ses ongles courts, avec le plaisir aigu et chatouilleur qu'on ressent à gratter un bouton. » -
Contes de Pantruche et d'ailleurs
Tristan Bernard
- Bibliothèque malgache
- 1 Janvier 2018
- 9782373630695
Le 1er janvier, Tristan Bernard (1866-1947) entre dans le domaine public et, avec quatre titres, dans la catalogue numérique de la Bibliothèque malgache (collection « Bibliothèque littéraire »).
Plus connu peut-être pour ses traits d'esprit que pour ses oeuvres, il a lui-même contribué à faire oublier que celles-ci sont pleines de ceux-là.
Voici l'occasion de le vérifier, et de s'en réjouir.
Contes de Pantruche et d'ailleurs est une collection de vingt-sept histoires fantaisistes et plaisantes. Des explorateurs européens en quête de cannibales africains n'en trouvent pas mais sont amenés à déguster leurs porteurs. L'Académie donne des prix à des ouvrages publiés d'abord sous d'autres titres, sans se soucier de cohérence. Le roi Dagobert entend le peuple murmurer et retourne, outre sa culotte, sa veste, son bonnet royal et ses pantoufles. Pierre Arabin meurt et renaît, pour la grande joie de ses amis tandis que les dames trouvent ses souvenirs un peu tristes. Etc.
Supplément
En guise de préface, les extraits du Journal de Jules Renard où celui-ci fournit quelques fragments pour faire, sans le vouloir, le portrait d'un homme qu'il fréquentait beaucoup : « une petite tête d'enfant chaude comme une pomme de terre en robe de chambre. » -
Le 1er janvier, Tristan Bernard (1866-1947) entre dans le domaine public et, avec quatre titres, dans la catalogue numérique de la Bibliothèque malgache (collection « Bibliothèque littéraire »).
Plus connu peut-être pour ses traits d'esprit que pour ses oeuvres, il a lui-même contribué à faire oublier que celles-ci sont pleines de ceux-là.
Voici l'occasion de le vérifier, et de s'en réjouir.
Dans Les veillées du chauffeur, on croisait Sherlock Holmes. En suivant l'idée, Tristan Bernard place dans Mathilde et ses mitaines une enquête entre les mains d'une femme qui seconde avec zèle son mari, un vrai policier celui-là. Pour une intrigue assez tirée par les cheveux grâce à une jeune femme recueillie une nuit, en bas de chez lui, par Firmin Remongel, instantanément tombé amoureux de cette brève apparition. Les apaches font du bruit dans les rues de Belleville, le quartier n'est pas très sûr mais il s'y passe des choses encore plus étranges que ne le laissent penser les premiers indices. Pour compléter l'information, il faudra d'ailleurs aller jusqu'au Havre et à Bruxelles.
Supplément
Dans la revue de presse, André du Fresnois, peu amateur de romans policiers, s'étonne sur un air guilleret. Et Paul Souday se fait moralisateur. -
Le Classcompilé n° 143 contient 21 oeuvres de Tristan Bernard.
Tristan Bernard, nom de plume de Paul Bernard né à Besançon le 7 septembre 1866 et mort à Paris le 7 décembre 1947 , est un romancier et auteur dramatique français. Il est célèbre pour ses mots d'esprit. (Wikip)
Version 2.0 : Mémoires d'un jeune homme rangé, Un mari pacifique, Secret d'état, Nicolas Bergère, Contes de Pantruche et d'ailleurs, Voyageons
CONTENU
THÉÂTRE
LE FARDEAU DE LA LIBERTÉ 1897
SILVÉRIE, OU LES FONDS HOLLANDAIS (ILLUSTRÉ) 1898
LE SEUL BANDIT DU VILLAGE (ILLUSTRÉ) 1898
CONGÉ AMIABLE 1903
LES COTEAUX DU MÉDOC 1905
MONSIEUR CODOMAT 1907
LE DANSEUR INCONNU 1909
LES DEUX CANARDS 1913
LE CORDON BLEU 1923
JULES, JULIETTE ET JULIEN OU L'ÉCOLE DES SENTIMENTS 1929
ROMANS
MÉMOIRES D'UN JEUNE HOMME RANGÉ (ILLUSTRÉ) 1899
UN MARI PACIFIQUE 1901
SECRETS D'ÉTAT 1908
NICOLAS BERGÈRE 1911
MATHILDE ET SES MITAINES 1912
LE TAXI FANTÔME 1919
AUX ABOIS 1933
RÉCITS ET CHRONIQUES
CONTES DE PANTRUCHE ET D'AILLEURS (ILLUSTRÉ) 1897
AMANTS ET VOLEURS 1905
CITOYENS, ANIMAUX, PHÉNOMÈNES 1905
VOYAGEONS 193 -
« Mon cher Coolus, je te dédie ce livre que tu connais bien. Il devait d'abord s'appeler : Héros misérables et Bandits à la manque, mais c'était un peu long et j'ai fini par lui donner ce titre d'Amants et Voleurs, qui ne s'applique pas à toutes les nouvelles du volume, et qui s'applique mal à quelques-unes. Ces amants débiles ne sont pas du modèle généralement adopté ; je crois cependant qu'il en existe sur la terre un certain nombre de cette faible trempe. Quant à ces voleurs, la plupart manquent évidemment d'énergie ; ils se comportent à peu près comme se fût comporté l'auteur, si les circonstances de sa vie l'eussent dirigé vers la carrière du crime. C'est le plus souvent le hasard, qui incline ces jeunes hommes au courage ou à la lâcheté, qui les pousse vers l'héroïsme ou vers l'infamie. Tu m'as dit que tu aimais certains d'entre eux. J'espère que d'autres lecteurs, bien que moins indulgents que toi regarderont pourtant avec un peu de sympathie ces timides canailles et ces héros sans vaillance. » -Tristan Bernard Ces quinze nouvelles dressent le portrait d'amants professionnels, d'assassins, de voleurs et de tricheurs dans un Paris d'avant guerre aux quartiers mal famés. Ces hommes aux moeurs bien sombres sont décrits ici avec une touche d'humanité et une certaine désinvolture laissant au lecteur une vague impression d'angoisse...
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Le 1er janvier, Tristan Bernard (1866-1947) entre dans le domaine public et, avec quatre titres, dans la catalogue numérique de la Bibliothèque malgache (collection « Bibliothèque littéraire »).
Plus connu peut-être pour ses traits d'esprit que pour ses oeuvres, il a lui-même contribué à faire oublier que celles-ci sont pleines de ceux-là.
Voici l'occasion de le vérifier, et de s'en réjouir.
L'automobile n'a pas changé seulement le voyage, elle a aussi modifié le voyageur et les lieux mêmes dans lesquels il se déplace. Les anecdotes vécues ou imaginées rassemblent, sous forme humoristique, les avantages et les inconvénients de la nouveauté. Avec une belle collection d'attitudes diverses devant la machine devenue le point de repère absolu en fonction duquel s'organise désormais la vie sociale. Les veillées du chauffeur, plus de cinquante variations sur le même thème, avec l'apparition, de temps à autre, d'une bicyclette ou d'un cheval.
Suppléments
Gloire à l'auto, un texte de Tristan Bernard écrit pour Le Matin au moment où son livre était publié. Et une courte revue de presse. -
Théâtre de Tristan Bernard (2)
Tristan Bernard
- Calmann-Lévy (réédition numérique FeniXX)
- 2 Avril 2019
- 9782706233661
Cet ouvrage est une réédition numérique d'un livre paru au XXe siècle, désormais indisponible dans son format d'origine.
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Théâtre de Tristan Bernard (1)
Tristan Bernard
- FeniXX rédition numérique (Calmann-Lévy)
- 30 Mai 2019
- 9782706234071
Cet ouvrage est une réédition numérique d'un livre paru au XXe siècle, désormais indisponible dans son format d'origine.
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Tristan Bernard (1866-1947) "Les événements singuliers que je me propose de relater ici sont à la vérité trop graves et trop récents pour que je puisse donner des noms réels aux personnages de cette histoire, et au pays où elle s'est passée. Je dirai seulement que l'État dont il sera question ici - et que nous appellerons la principauté de Bergensland - se trouve dans l'Europe centrale ; sa capitale - nommons-la Schoenburg - est une ville très importante, dont la population dépasse de beaucoup le chiffre de deux cent mille habitants. Je donne ici un nombre très au-dessous du nombre réel, afin de ne pas fournir de trop claires indications. Il est assez curieux que j'aie été amené à occuper dans cette ville une situation élevée, moi qui avais végété au quartier Latin en donnant des leçons de français à un seul élève, un jeune homme borné et paresseux, qu'une riche famille de snobs lançait de force dans le journalisme mondain. Chaque mois, mon élève me remettait dix louis sur les trois cents francs que sa mère lui allouait pour ses leçons. Je lui libellais un reçu de trois cents francs qu'il montrait à sa famille. J'avais commencé, par un scrupule de conscience un peu hypocrite, par exiger qu'il vînt chez moi trois ou quatre fois par semaine. Les premiers jours, j'avais essayé consciencieusement de lui donner une leçon, mais, devant son air rébarbatif, je pris le parti de lui lire à haute voix de bons auteurs, de façon à perfectionner son style. Je feignais de ne pas voir qu'il dormait, et je lisais pour moi, ce qui était assez agréable. Ainsi, je touchais une faible somme qui m'aidait à vivre, je me perfectionnais dans l'étude de nos classiques, et mon élève, tout en augmentant sa pension de cent francs, se reposait de ses nuits de fatigues. Jamais trois cents francs ne furent mieux employés. Cependant j'aurais bien voulu trouver un autre emploi pour m'assurer une existence moins étroite." Humbert, jeune professeur de français assez paresseux, est engagé par l'ambassade du Bergensland, petite principauté germanique. En poste dans la capitale, il est chargé de traduire et d'informer le premier ministre des nouvelles de France... Il devient vite au parfum des petits et grands secrets des hommes forts du gouvernement...
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Tristan Bernard (1866-1947) "La guerre et quatre ans avaient fait de ce jeune lycéen un lieutenant d'artillerie aux larges épaules, et transformé en une grande demoiselle blonde une petite fille de mil neuf cent quatorze, Marie-Louise Dacquin, la fille du banquier. L'artilleur, c'était Jacques Arnaud Lambelle, le fils de l'historien. Ils se rencontraient, ce soir-là, chez Mme Alban, dans une célèbre salle à manger littéraire où l'on invitait des académiciens souriants et féroces, pour les mettre en présence des candidats à l'Académie, qui arrivaient la gorge découverte, tels, jadis, les clients du Minotaure. La période électorale s'était ouverte par la disparition du philosophe Claudis, passé d'une immortalité provisoire à un trépas bien révolu. Pierre Lambelle, l'historien, et Pachol, l'ancien ministre, avaient posé chacun une main d'emprise sur le fauteuil de Claudis, où s'étaient assis pesamment, au cours de trois siècles, quelques écrivains célèbres et une douzaine de graves personnages oubliés. La maîtresse de la maison détestait Pachol depuis qu'un jour il avait laissé sans réponse une demande de cartes pour la Chambre. Aussi favorisait-elle la candidature de Lambelle, et l'avait-elle invité ce soir-là, en même temps que deux académiciens influents. Le fils Lambelle, à table, s'était trouvé placé à gauche de Mlle Dacquin, dont il s'occupa bientôt exclusivement, car son autre voisine était une vieille fille vorace qui ne cessait de mâcher de la nourriture, en remuant de fond en comble son visage bistre sous les deux moustaches de ses sourcils. Marie-Louise, à un moment, tourna légèrement la tête et il sembla à Jacques que la ligne de son cou était d'une grâce sans égale. Il décida - un bon vin de Bourgogne aidant - qu'il aimerait pour la vie cette personne. En conséquence de quoi, à part celui-là, il lui dit tous les secrets de son coeur." Juste après la première guerre mondiale, Jacques, jeune officier au discours anarchisant, est amoureux de Marie-Louise. La famille de cette dernière voit la chose d'un mauvais oeil. L'élection du père de Jacques à l'Académie pourrait changer la donne... mais Pierre Lambelle a un sérieux adversaire : l'ancien ministre Pachol. Pendant ce temps-là, des cambriolages ont lieu et toujours un mystérieux taxi est aperçu non loin ... Court roman suivi de 8 nouvelles.
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Tristan Bernard (1866-1947) "Quand Daniel rentra du bureau, après avoir attendu assez longtemps chez le coiffeur, Berthe était déjà en toilette de soirée. Avec une irritation que ne calmait point la présence sur son menton d'un petit bouton rouge, la jeune femme affirma qu'il était près de huit heures. « Et la carte des Capitan, ajouta-t-elle, porte sept heures trois quarts exactement. » Daniel essaya de prétendre qu'il n'était que sept heures et demie et que, lorsqu'on dit sept heures trois quarts, c'est huit heures... Vraiment, ce n'était pas gai de se mettre en retard avec des gens qui vous invitent pour la première fois. M. Capitan, un ancien commis de magasin, avait dû sa fortune et son élévation à son air distingué, toujours trop distingué, semblait-il, pour les positions où il se trouvait ; quand il fut parvenu à la grande opulence, on commença à s'apercevoir qu'il ressemblait à un prestidigitateur hongrois. Tel qu'il était, il impressionnait beaucoup le jeune ménage. Berthe et Daniel avaient été surpris et charmés de cette invitation à dîner. Ils s'attendaient tout au plus à une carte pour le bal. Daniel enleva précipitamment ses vêtements un peu crottés. La femme de chambre était sortie chercher des épingles neige pour le front de madame, et la cuisinière ne savait pas où était l'habit. Daniel se souvint tout à coup qu'il n'avait qu'un bouton de perle pour les deux boutonnières de son devant de chemise. L'autre bouton avait été perdu et Daniel portait pour toute sa vie le remords de n'avoir pas attaché toute la garniture avec un fil de soie ; ce qui est une précaution indispensable quand on porte des plastrons mous." Suite de "Mémoires d'un jeune homme rangé". Daniel et Berthe sont mariés. Un bébé arrive. Ils continuent de vivre bourgeoisement dans le moule du conformisme. Un jour Daniel retrouve un de ses anciens camarades d'école...
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Tristan Bernard (1866-1947) "Vers sept heures du matin, Émile, garçon de bureau, vêtu comme un simple mortel d'un pantalon et d'une chemise, promenait un balai électrique sur le tapis d'une vaste pièce. Ce cabinet spacieux était celui de M. Maurice Langrevin, éditeur. Il était meublé confortablement, mais sans recherche. Des armoires étaient venues y prendre place, au hasard des événements. C'est ainsi que la grande bibliothèque en bois noir venait de la maison Borbat, éditeur d'ouvrages de droit, dont M. Langrevin avait un jour racheté le fonds. Une autre armoire vitrée, en noyer ciré, avait été trouvée, un jour de pluie, à l'Hôtel des Ventes... Un buste de Cicéron venait également de chez Borbat. Un groupe de trois coureurs en bronze, sans prétention au symbole, avait été offert par ses employés à M. Langrevin, à l'occasion du quarantième anniversaire de la fondation de la maison. Des diplômes encadrés rappelaient les succès de M. Langrevin dans des expositions européennes, et même dans des manifestations de propagande de par delà l'Atlantique. Le balai mécanique ronflait autour d'un grand bureau, représentant isolé du style Empire. À l'autre bout de cette grande pièce, une table de faux Boulle faisait également bureau. C'était là que prenait place Marcel Langrevin, le fils du patron. Pour l'instant, la grande maison semblait vide. Le laboureur Émile suivait comme des sillons les lés du tapis. Il sifflotait, la conscience calme, comme un bon travailleur matinal." Roman court. Marcel Langrevin est le fils d'un éditeur aisé. Loin de ressembler à son père, il profite de la vie et adore jouer... Mais cette fois-ci, il a perdu beaucoup d'argent ; comment payer cette dette ?
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Tristan Bernard (1866-1947) "Le train de 5 h. 35, qui partait de la gare Saint-Lazare pour Saint-Germain, emmenait chaque jour un grand nombre de commerçants en villégiature au Vésinet. Arthur Brunal, l'assureur maritime, qui habitait rue du Havre, et se trouvait le premier sur le quai, avait la mission quotidienne de retenir un compartiment pour huit personnes, toujours les mêmes. C'étaient Georges Blaque, le marchand de tissus, et son associé Louis Félix, Jules Zèbre, le remisier, les frères Rourème, cols et cravates, et enfin M. Aristide Nordement, fabricant de bouchons, et son fils Robert, qui arrivaient d'assez loin, de leur maison de la rue des Vinaigriers, près du canal Saint-Martin. Aristide Nordement était un petit vieillard à tête de géant. Son visage osseux était assez grossièrement taillé. Le poil de sa barbe grise était mal réparti ; celui des sourcils était abondant et dur, comme le poil des terriers écossais. Qu'il fût question de politique étrangère, des cours de la Bourse, ou du théâtre, il ne prenait part à la conversation que par des : hon, hon... un peu sourds, et dont personne ne sut jamais s'ils marquaient une protestation ou un acquiescement. Robert Nordement ne ressemblait pas à son père. C'était un jeune garçon imberbe, aux traits réguliers, au teint un peu gris perle, au visage éclairé par deux grands yeux noirs ardents, dont il tempérait la plupart du temps l'éclat intempestif sous les stores à demi abaissés de ses paupières."
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Bernard Tristan - Féerie bourgeoise : La famille de Georges de Berrin a des ancêtres qui remontent au Moyen-Âge. Mais lui végète avec une maigre rente héritée de son oncle. Comment faire quand on a une maîtresse - du grand monde, il va de soi - qui aime les présents coûteux et qu'il faut bien paraître dans le monde ? Heureusement, il y a, rue Réaumur, le bijoutier Bernard Lunéville, qui dépanne les fils de famille en difficulté. Il leur vend, fort cher, sa marchandise, qu'il fait racheter à bas prix en sous-main, contre des reconnaissances de dettes. Contrairement à Georges, Bernard mène, malgré sa richesse, une existence réglée, bien bourgeoise, avec une fille, Claire, jeune et jolie, une tante et toute une famille qui lui rend régulièrement visite. Mais Georges rencontre Claire... Bien sûr, rien n'est possible entre eux !
Proche de Léon Blum, Jules Renard, Lucien Guitry, Paul Gordeaux, Marcel Pagnol, et de bien d'autres, célèbre pour ses jeux de mots, ses mots croisés et son théâtre de boulevard, écrivain-chroniqueur-sportsman-gastronome, Tristan Bernard fut aussi un écrivain romanesque à succès. Il contribua au genre policier par son recueil Amants et Voleurs (1905) et plusieurs autres romans. Arrêté comme juif en 1943 et interné à Drancy, il échappe de peu à la déportation. Parue dans La Presse en 1900, cette phrase de Francis de Croisset résume fort bien notre auteur: « Il a l'observation minutieuse et analytique. Il scrute le coeur humain à coups d'épingles. Il le fouille de ses ongles courts, avec le plaisir aigu et chatouilleur qu'on ressent à gratter un bouton. » -
Bernard Tristan - Secrets d'État : Un jeune professeur de français est engagé par l'ambassade d'un petit pays germanique pour traduire et informer le gouvernement des nouvelles de son pays. Peu à peu, il rencontre le chancelier, le roi et tous les personnages importants de ce petit état. Ses sympathies et les événements vont le mettre au courant de bien des secrets. Les dessous de complots et des attentats lui révèlent une sordide lutte de pouvoir. Mais il en sait trop : comment pourra-t-il échapper au sort funeste qui lui est promis et rétablir l'ordre dans l'appareil d'état ? Non qu'il le souhaite... Un excellent roman, un peu policier et un peu d'espionnage, par un des précurseurs du genre...
Proche de Léon Blum, Jules Renard, Lucien Guitry, Paul Gordeaux, Marcel Pagnol, et de bien d'autres, célèbre pour ses jeux de mots, ses mots croisés et son théâtre de boulevard, écrivain-chroniqueur-sportsman-gastronome, Tristan Bernard fut aussi un écrivain romanesque à succès. Il contribua au genre policier par son recueil Amants et Voleurs (1905) et plusieurs autres romans. Arrêté comme juif en 1943 et interné à Drancy, il échappe de peu à la déportation. Parue dans La Presse en 1900, cette phrase de Francis de Croisset résume fort bien notre auteur: « Il a l'observation minutieuse et analytique. Il scrute le coeur humain à coups d'épingles. Il le fouille de ses ongles courts, avec le plaisir aigu et chatouilleur qu'on ressent à gratter un bouton. » -
Tristan Bernard (1866-1947) "- Pourquoi ? - Hé bien, mon vieux, parce que je suis obligé de me lever demain matin à six heures. Si nous commençons un poker, je me connais, et je vous connais : je ne me coucherai pas et, demain matin, je serai claqué pour prendre mon train. - Hé bien, quoi ! tu dormiras dans le train. - Non, non, mon vieux ! Et puis, j'ai pris toutes mes dispositions pour être tranquille cet été au point de vue galette. Suppose que ce soir je perde la grosse somme, il me faudra déplacer des fonds, écrire à un fermier : c'est huit ou quinze jours de tracas. - Va-t-en au diable ! Albert et les deux Harvey seront ici tout à l'heure. Nous jouerons à quatre, voilà tout. Julien, ainsi congédié, s'en alla et rentra chez lui, un peu triste. Il avait fait parler, tant qu'il avait pu, la Raison, mais il n'eût pas été fâché qu'elle trouvât chez le Vice une plus forte résistance, quitte à succomber avec honneur. Il n'avait pas sommeil. Ses malles étaient faites. Son petit appartement camphré et tout gris de housses avait pris pour l'été une figure étrangère et sèche. On avait entouré de mousseline les lampes électriques et il dut s'éclairer avec une bougie trop grande, qui ressemblait à un cierge funéraire. Il fut content d'entendre du bruit dans une pièce du fond. Mme Duble, sa gouvernante, n'était pas encore couchée." Julien, la trentaine passée et aisé, compte sur la Providence pour désennuyer sa vie. L'arrivée d'un visiteur inconnu de lui, le marquis de Drouhin, va peut-être changer la donne...
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Ce que les psychanalystes apportent à la pédopsychiatrie
Bernard Bensidoun, Tristan Garcia-fons, Collectif
- Eres
- Actualité de la psychanalyse
- 9 Octobre 2024
- 9782749281162
Dès le début de son histoire, la pédopsychiatrie a partie liée avec la psychanalyse qui apporte sa contribution à la compréhension des symptômes, rapprochant nosographie et soin. En effet, les psychanalystes ont été des pionniers, des acteurs et des créateurs de dispositifs de soin et d'accompagnement pour enfants et adolescents, qu'ils considèrent comme des sujets avec une histoire, une famille et une parole singulières.
À l'heure du DSM et du paradigme neurodéveloppemental, que devient le fait psychique ? Des psychanalystes de toutes obédiences témoignent de leur engagement dans le champ de la psychiatrie auprès des enfants et des adolescents et montrent qu'ils sont toujours présents pour les soigner, quelles que soient leurs pathologies, quel que soit leur âge, des bébés aux jeunes adultes, pour prendre en compte leur souffrance psychique et celle de leurs familles, dans le cadre d'équipes pluridisciplinaires, au sein des diverses structures de la pédopsychiatrie.