Depuis quelques années, tant au niveau national que transnational, la biométrie s'impose comme une technologie privilégiée d'identification des personnes. En effet, elle fait l'objet d'un essor considérable dans la sphère domestique, dans les établissements scolaires, dans les entreprises, dans le champ de la sécurité, etc. Ce phénomène soulève une profusion de nouveaux enjeux. De quelle manière appréhender la biométrie au regard de l'histoire longue des procédures visant à déterminer et fixer la singularité de chacun ? Comment les dispositifs biométriques fonctionnent-ils ? Quelles populations prennent-ils prioritairement pour cible ? Comment la biométrie affecte-t-elle la notion d'identité individuelle et le statut conféré au corps humain ? Constitue-t-elle une menace pour la vie privée et les droits fondamentaux ? À quels enjeux économiques renvoie-t-elle ? Dans quelle mesure son utilisation transforme-t-elle les logiques à l'oeuvre dans l'univers policier ? Pourquoi certains l'acceptent-ils sans rechigner tandis que d'autres s'y opposent avec virulence en pointant les graves dangers dont elle serait porteuse ? Ce sont quelques-unes des questions passionnantes auxquelles s'intéressent les nombreuses contributions ici rassemblées. Croisant les regards de chercheurs issus de pays et de disciplines différentes (histoire, droit, science politique, anthropologie, philosophie, etc.) et ceux d'acteurs en prise directe avec certains aspects de la biométrie du fait des fonctions qu'ils exercent, cet ouvrage collectif s'impose comme incontournable pour tous ceux qui sont désireux de mieux comprendre la complexité d'un sujet au coeur de l'actualité n'ayant pourtant jusqu'alors été que très peu étudié.
Au-delà de l'identification des essences utilisées par l'homme l'anthracologie peut restituer l'histoire des forêts, sur la base des charbons de bois provenant du combustible domestique. La crédibilité de la discipline repose entièrement sur la définition d'une méthode rigoureuse, de la fouille jusqu'à l'interprétation paléoécologique, objet de la première partie de cet ouvrage. Dans la seconde partie, treize sites languedociens, de la fin de la Préhistoire à l'Antiquité, sont étudiés selon cette méthode En Languedoc, des équilibres anciens entre la chênaie méditerranéenne et toutes les sphères d'activité humaine nécessitent une révision de l'histoire des déforestations. Ce n'est qu'à l'âge du Fer que s'étendent des espaces déboisés durables en plaine, maintenus à la période romaine, inaugurant peut-être les premiers champspermanents. Les résultats de cette étude, s'ajoutant à la documentation existante, constituent une première synthèse des transformations des territoires.
Les fichiers ADN et les techniques d'analyse génétique au service de la police et de la justice ont connu un développement spectaculaire depuis les années 1990, notamment en France. Au-delà de ce qu'en montrent les médias et les séries télévisées à succès, quelles sont les pratiques quotidiennes des professionnels confrontés à ces nouvelles techniques ? Comment sont-elles encadrées et au sein de quelles politiques s'inscrivent-elles ? Quels sont les débats et les défis qu'elles soulèvent ? Pour répondre à ces questions, une douzaine de sociologues et de juristes présentent leurs travaux, notamment à partir d'une enquête collective s'étendant sur plus de quatre années. Cet ouvrage est l'un des premiers livres de sciences sociales en français consacrés à ce thème. Il montre que ces évolutions se situent au coeur d'enjeux très actuels : d'une part la place de la science dans la production et l'administration de la preuve ; d'autre part les arbitrages concernant l'équilibre entre le respect des droits individuels et la sécurité des populations ; enfin les techniques récentes et les nouveaux cadres normatifs. En somme, il met en lumière le rôle parfois controversé, mais globalement peu débattu, de l'ADN dans l'établissement des vérités judiciaires, comme miroir et ferment des évolutions contemporaines en matière de sécurité.
« Il fallait bien y passer », telle est la phrase qui conclut l'évocation douloureuse des opérations chirurgicales que subirent naguère des générations d'enfants. Vers le début du XXe siècle, en quelques années, les amygdales, les végétations, l'appendice sont devenus des organes non seulement inutiles mais dangereux pour la croissance. Leur ablation se donne pour fin de débrider le corps et l'esprit enfantins. Et sur ce point mères et médecins se sont, pendant un long demi-siècle, accordés. La raison médicale de ces ablations systématiques n'a pas résisté à la critique scientifique sans qu'elles disparaissent pour autant. Ce qui reste parfois le « gagne-pain » de certains chirurgiens ne peut donc s'appuyer que sur une raison culturelle capable de justifier ces interventions. Suivant cette piste en anthropologue, Véronique Moulinié découvre qu'une série constamment enrichie d'opérations marque, de nos jours, les césures de l'âge. On opère moins les enfants mais on arrache les dents de sagesse, on sectionne, parfois systématiquement, le périnée des accouchées et, surtout, les ablations de l'utérus et de la prostate sont communément attendues et interprétées comme marques d'entrée dans la vieillesse. Quels principes organisent cette séquence chirurgicale ? Quelle efficacité la justifie ? Pour répondre à ces questions, Véronique Moulinié s'est mise patiemment à l'écoute d'un discours sur les temps de la vie qui, de nos jours, prend souvent la forme d'un savoir partagé sur les âges critiques du corps. Dans le milieu paysan et ouvrier aquitain où s'est déroulée son enquête, la chirurgie des âges est venue s'inscrire dans le schéma des rythmes de la physiologie, elle a contribué à le maintenir tout en le renouvelant. Mais ce savoir complexe reste l'apanage des femmes. Il leur permet tout autant de produire la différence entre filles et garçons que de lire selon une périodicité féminine la physiologie de leurs époux muets quant aux secrets du corps.
Durant les deux derniers siècles, l'étude du cerveau de personnalités d'exception a constitué un élément peu apprécié mais bien établi de la recherche neurologique, Aujourd'hui aucun spécialiste du cerveau, digne de ce nom, n'irait prétendre sérieusement avoir identifié le lieu où se situe le génie. Cependant, le cerveau génial reste encore un objet de recherche pertinent et fascinant. À quoi tient cette fascination ? Quelle valeur à cette entreprise de recherche dans l'histoire de l'homo cerebralis, dans la construction cérébrale de l'homme moderne ? Peut-on tracer une ligne de continuité entre cette histoire et les développements actuels des sciences neurologiques et cognitives ? Pour répondre à ces questions, Michael Magner montre que, depuis le xixe siècle, le cerveau est devenu un objet chargé d'une signification â la fois psychologique et morale, culturelle et sociale, économique et politique. Son essai va donc bien au-delà d'une simple préhistoire des neurosciences actuelles : il nous apprend que l'éternelle discussion sur les cerveaux d'élite et sur la localisation de certains talents tient moins à l'anatomie d'un organe fascinant qu'au fonctionnement des sociétés modernes, celles qui ont choisi ces cerveaux pour en faire des objets à la fois scientifiques et culturels.
Norbert Aujoulat est responsable du département d'art pariétal au Centre National de la préhistoire à Périgueux (ministère de la Culture et de la Communication/ sous-direction de l'Archéologie). L'analyse descriptive d'une peinture ou d'une gravure préhistorique reposant en partie sur sa reproduction, le transfert de l'image implique donc une méthodologie spécifique et un matériel parfaitement adapté. Ce travail est à la fois une synthèse des travaux antérieurs relatifs aux techniques de relevé et le résultat de plusieurs années de recherches personnelles concernant en particulier l'enregistrement photographique des données et leur traitement en laboratoire par ordinateur. Conçu dans un esprit très didactique, il se présente comme un véritable manuel, indispensable à toute recherche dans le domaine de l'art pariétal.
Stéphanie Thiébault est chargée de Recherche au CNRS. Dans ce travail qui a fait l'objet d'une thèse de 3e cycle, elle aborde l'étude des relations entre l'Homme et son milieu végétal à l'Holocène, période de transformations culturelles profondes, selon un axe sud-nord, de la Méditerranée à la Savoie. Excellente introduction à l'anthracologie (méthode de détermination de l'espèce des bois carbonisés), il s'agit en outre de la première étude d'ensemble réalisée dans cette région sur cette période ; elle s'appuie sur l'identification de plus de 10 000 charbons de bois issus de six gisements des Préalpes sud-occidentales, à longues séquences stratigraphiques. Elle a pour but de vérifier la signification écologique de l'analyse anthracologique dans la reconstitution des paysages et des climats ainsi que ses implications palethnologiques. Première étape d'un travail de plus grande ampleur, elle jette les bases des discussions futures sur la paléobotanique des régions Concernées.
Ce volume constitue la publication de la foui Ile d'une mine d'argent exploitée dans la 2e moitié du XVIe s., le filon St-Louis, localisé dans le district de Ste-Marie-aux-Mines (Haut-Rhin). L'étude de ce site pilote de l'archéologie minière a été abordée de façon pluridisciplinaire et apparaît comme un modèle de collaboration entre archéologues, spéléologues et géologues. Le dépouillement des documents d'archives, l'inventaire des vestiges de surface et souterrains, la mise en évidence de l'architecture des ouvrages miniers et des techniques de creusement ainsi qu'une étude minéralogique, structurale et climatologique ont permis d'aboutir à la reconstitution de l'évolution de cette exploitation qui appartient à l'un des sites miniers les plus intéressants d'Europe.
L'application de différentes méthodes d'analyse (sédimentologiques, malacologiques, palynologiques. Anthracologiques, micromorphologiques, archéozoologiques, radiocarbones et thermoluminescence) à un programme de recherche sur les modes d'implantation et d'organisation des installations magdaléniennes dans le centre du Bassin parisien a permis de rassembler un important faisceau d'informations. La réalisation de cette synthèse, qui coordonne en une interaction dynamique toutes ces données, permet au lecteur de découvrir et d'apprécier la multiplicité des rapports entre les communautés préhistoriques observées et leur environnement d'une part, et entre les préhistoriens et leur objet d'étude d'autre part.
Ce volume présente les premiers résultats des travaux archéologiques réalisés lors de la construction des autoroutes A5-A160, Melun-Troyes. Trois nécropoles protohistoriques situées entre Montereau et Sens font ici l'objet d'une publication selon divers éclairages : outre une analyse comparée des structures et du mobilier, on trouvera de précieux renseignements sur les rites funéraires et les modes d'inhumation, résultats croisés d'approches complémentaires, archéologique, anthropologique et palynologique. La présentation de ces sites est suivie enfin d'une étude sur le peuplement de la Bourgogne du Bronze final aux âges du Fer.
Connu dès le XIXe s., le site de Canneville dans l'Oise a fait l'objet en 1974-75 d'une fouille de sauvetage dont le matériel est ici publié par D. Hamard. La céramique, rare et très abîmée, a cependant permis de placer Canneville à la charnière des phases II et III du Chassé en septentrional. Le matériel lithique par contre, abondant et homogène, a autorisé des études statistiques ; une méthode de description propre à ce type d'industrie a été élaborée à cette occasion et a mis en évidence le système de gestion de la matière première. Cet ouvrage s'inscrit dans le contexte d'une recherche en pleine évolution, l'affinement de la chronologie du Chasséen septentrional, et débouche sur une définition du matériel lithique de cette culture.
L'ouvrage de Philippe Hameau constitue depuis les travaux de l'abbé Glory publiés en 1948 la première synthèse sur un aspect méconnu de l'art préhistorique : les peintures schématiques postglaciaires. Il se compose d'un inventaire des sites à peintures de Provence, établi à la suite d'une recherche systématique sur le terrain et de relevés précis qui ont per- mis à l'auteur de corriger des erreurs de localisation et d'interprétation, et de replacer autant que possible les sites dans leur contexte archéologique. Sont ensuite abordés les délicats problèmes de datation, de typologie et d'interprétation. Corpus documentaire et étude critique sans équivalent, l'ouvrage apparaît en outre comme une véritable oeuvre de sauvetage de ces témoins de l'art néolithique, dégradés au cours des dernières décennies par les agents naturels et par les actes de vandalisme.
La confrontation des données recueillies à partir de sources documentaires aussi différentes que des archives comptables et les vestiges archéologiques d'un système minier, constitue la clef de voûte de cet ouvrage consacré aux Documents d'Archéologie Française mines d'argent du duc de Lorraine dans le Val de Lièpvre entre 1512 et 1628 (Haut-Rhin). Cette démarche originale nous conduit, à travers le dédale d'un réseau complexe de galeries et de puits, vers la découverte non seulement d'une organisation spatiale rationnelle accompagnée de techniques de construction et d'exploitation spécifiques, mais également des conditions économiques et politiques ayant favorisé son développement. Alliant ainsi histoire et archéologie, cette recherche représente pour la connaissance des mines et de ses techniques, un document d'une grande richesse d'informations à l'usage aussi bien des spécialistes que des néophytes.
Le projet de construction de la ligne TGV Nord a permis la réalisation de la fouille de sauvetage de Riencourt-lès-Bapaume. Pour la première fois, il a été possible d'étudier un gisement de plein air du Paléolithique moyen sur une superficie de 10 000 m2. Les contributions préliminaires rassemblées dans ce volume sont des études réalisées sur des échantillonnages de l'abondant matériel lithique (environ 86 000 pièces). Les niveaux archéologiques dispersés dans toute la séquence loessique de la première partie du Dernier Glaciaire ont livré du matériel lithique attribuable à plusieurs industries qui illustrent la complexité du Paléolithique moyen. L'assemblage du niveau CA montre la présence de deux chaînes opératoires, l'une de production d'éclats Levallois et l'autre de fabrication de lames. L'analyse fonctionnelle a mis en évidence une coïncidence entre les modes de production des supports (éclats, lames) et les groupes fonctionnels.
Les champs cultivés, les prairies, les bocages, les bords de routes, les friches industrielles, les sentiers, les rivières... sont de plus en plus l'objet d'actions d'intérêt biologique. Cette nature ordinaire est hybride : c'est un mélange de nature sauvage et de nature domestique, de nature sacrée, protégée ou réservée et non protégée, proche. C'est une nature imbriquée dans de nombreuses activités agricoles et forestières, mais aussi touristiques, culturelles, artistiques ou tout simplement domestiques. Aujourd'hui, des actions modifient, par petites touches, les conventions et les catégories préétablies ; elles recomposent la trame des territoires et des relations nature-société. Cependant, elles nécessitent une expertise soucieuse de savoirs et de préoccupations diverses. Elles supposent, aussi, une politique publique qui s'engage dans la durée. Pour soutenir cette démonstration, Catherine Mougenot s'appuie sur l'exemple des Plans Communaux de Développement de la Nature en Wallonie (Belgique). En adoptant une posture de sociologie modeste elle écoute les partenaires de ces Plans, elle raconte leurs projets, leurs histoires, elle inventorie les ressources mobilisées et surtout elle remet en cause les distinctions établies entre expertise et connaissance scientifique, entre actions des citoyens et interventions publiques, entre nature remarquable et ordinaire.
« Comme toutes les sciences, les sciences cognitives sont confrontées à la variabilité des phénomènes qu'elles étudient, et cherchent à dégager de cette variabilité un ensemble de régularités, d'invariants, sur lesquels ancrer les connaissances. Cette quête d'invariance implique des choix quant aux formes de variabilité à prendre en considération. Certaines, jugées pertinentes pour l'objet d'étude, sont utilisées ou manipulées pour en extraire des invariants, tandis que d'autres, jugées sans importance, sont négligées ou neutralisées. Concernant ces choix, les opinions et les pratiques sont changeantes selon les époques, l'état d'avancement des disciplines ou les courants théoriques au sein d'une même discipline. Des formes de variabilité ignorées à une époque peuvent devenir intéressantes un peu plus tard. Il semble précisément que nous soyons à une époque où le regard porté sur la variabilité évolue, notamment dans les sciences cognitives. La recherche d'universaux a souvent conduit à centrer l'analyse sur les tendances moyennes et à attribuer la variabilité observée autour de ces tendances aux erreurs de mesure ou à des bruits parasites sans grande importance. Or, dans beaucoup de disciplines concernées par la cognition, le rôle reconnu à la variabilité dans les mécanismes adaptatifs et, plus particulièrement, dans les processus d'auto-organisation, conduit à reconsidérer son statut. Cette évolution des idées suscite un regain d'intérêt pour l'étude des différentes formes de variabilité - intra-individuelle, interindividuelle, intergroupes, inter-langues, interculturelles, etc. - et conduit souvent à questionner, repenser, les invariants dans le domaine de la cognition. La recherche de nouvelles formes d'articulation entre les variabilités et les invariants apparaît donc comme un des thèmes émergents autour desquels peuvent se nouer - entre les sciences cognitives - des échanges fructueux aux plans épistémologique, théorique et méthodologique. »
L' « internet des objets » est une dimension majeure de l'internet du futur. Mais tout le monde ne s'accorde pas encore sur sa définition, ni sur la mesure de son importance économique ou des risques qu'il induit. L'étude de nombreux rapports prospectifs et l'observation des innovations d'ores et déjà engagées a permis de mettre en relief les incertitudes techniques, économiques et socio-politiques qui pèsent sur cette véritable mutation programmée de l'internet et de proposer une approche européenne qui articule une recherche appliquée d'excellence et de fermes principes de politique publique.