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La Gibecière à Mots
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Alexandre Dumas (1802-1870) Un jeune cadet de Gascogne, pauvre mais rempli d'espoir et d'orgueil, monte à Paris pour devenir mousquetaire et servir le roi... Il fait la connaissance de trois mousquetaires : Athos, Porthos et Aramis... Alexandre Dumas publie en feuilleton, dans le journal "Le siècle", ce joyau du style "cape et épée", inspiré du célèbre Charles de Batz de Castelmore d'Artagnan. Voici le tome premier (d'après l'édition de 1910).
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Alexandre Dumas (1802-1870) "Le 24 février 1815, la vigie de Notre-Dame de la Garde signala le trois-mâts le Pharaon, venant de Smyrne, Trieste et Naples. Comme d'habitude, un pilote côtier partit aussitôt du port, rasa le château d'If, et alla aborder le navire entre le cap de Morgion et l'île de Rion. Aussitôt, comme d'habitude encore, la plate-forme du fort Saint-Jean s'était couverte de curieux ; car c'est toujours une grande affaire à Marseille que l'arrivée d'un bâtiment, surtout quand ce bâtiment, comme le Pharaon, a été construit, gréé, arrimé sur les chantiers de la vieille Phocée, et appartient à un armateur de la ville. Cependant ce bâtiment s'avançait ; il avait heureusement franchi le détroit que quelque secousse volcanique a creusé entre l'île de Calasareigne et l'île de Jaros ; il avait doublé Pomègue, et il s'avançait sous ses trois huniers, son grand foc et sa brigantine, mais si lentement et d'une allure si triste, que les curieux, avec cet instinct qui pressent un malheur, se demandaient quel accident pouvait être arrivé à bord." Le jeune Edmond Dantès a tout pour être heureux : un père aimant, un patron qui lui donne sa confiance et un mariage en vue avec Mercédès... Malheureusement il fait des jaloux autour de lui ; le jour de ses noces, il est arrêté... Tome I
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Alexandre Dumas (1802-1870) "Dans une chambre du palais Cardinal que nous connaissons déjà, près d'une table à coins de vermeil, chargée de papiers et de livres, un homme était assis la tête appuyée dans ses deux mains. Derrière lui était une vaste cheminée, rouge de feu, et dont les tisons enflammés s'écroulaient sur de larges chenets dorés. La lueur de ce foyer éclairait par-derrière le vêtement magnifique de ce rêveur, que la lumière d'un candélabre chargé de bougies éclairait par-devant. A voir cette simarre rouge et ces riches dentelles, à voir ce front pâle et courbé sous la méditation, à voir la solitude de ce cabinet, le silence des antichambres, le pas mesuré des gardes sur le palier, on eût pu croire que l'ombre du cardinal de Richelieu était encore dans sa chambre. Hélas ! c'était bien en effet seulement l'ombre du grand homme. La France affaiblie, l'autorité du roi méconnue, les grands redevenus forts et turbulents, l'ennemi rentré en deçà des frontières, tout témoignait que Richelieu n'était plus là." Vingt ans se sont écoulés depuis les aventures de d'Artagnan et de ses trois amis, Porthos, Athos et Aramis. La vie a fait qu'ils ont pris des routes différentes. Aujourd'hui, c'est la "Fronde" en France et la révolution en Angleterre. Nul doute : Les grands de ce monde ont une nouvelle fois besoin d'eux ! Mais se retrouveront-ils ? Parviendront-ils à faire ressurgir leur unité d'antan ? Arriveront-ils à effacer les fantômes du passé ?
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Alexandre Dumas (1802-1870) "Le lundi, dix-huitième jour du mois d'août 1572, il y avait grande fête au Louvre. Les fenêtres de la vieille demeure royale, ordinairement si sombres, étaient ardemment éclairées ; les places et les rues attenantes, habituellement si solitaires, dès que neuf heures sonnaient à Saint-Germain-l'Auxerrois, étaient, quoiqu'il fût minuit, encombrées de populaire. Tout ce concours menaçant, pressé, bruyant, ressemblait, dans l'obscurité, à une mer sombre et houleuse dont chaque flot faisait une vague grondante ; cette mer, épandue sur le quai, où elle se dégorgeait par la rue des Fossés-Saint-Germain et par la rue de l'Astruce, venait battre de son flux le pied des murs du Louvre et de son reflux la base de l'hôtel de Bourbon qui s'élevait en face. Il y avait, malgré la fête royale, et même peut-être à cause de la fête royale, quelque chose de menaçant dans ce peuple, car il ne se doutait pas que cette solennité, à laquelle il assistait comme spectateur, n'était que le prélude d'une autre remise à huitaine, et à laquelle il serait convié et s'ébattrait de tout son coeur. La cour célébrait les noces de madame Marguerite de Valois, fille du roi Henri II et soeur du roi Charles IX, avec Henri de Bourbon, roi de Navarre. En effet, le matin même, le cardinal de Bourbon avait uni les deux époux avec le cérémonial usité pour les noces des filles de France, sur un théâtre dressé à la porte de Notre-Dame." Paris, août 1572. La paix aura-t-elle enfin lieu entre les Catholiques et les Protestants, grâce au mariage d'Henri de Navarre et de Marguerite de Valois, soeur du roi de France Charles IX ? Voyage à travers les alcôves du palais du Louvre et de ses secrets... Complots, poisons et poignards garantis...
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Alexandre Dumas (1802-1870) "Vers le milieu du mois de mai de l'année 1660, à neuf heures du matin, lorsque le soleil déjà chaud séchait la rosée sur les ravenelles du château de Blois, une petite cavalcade, composée de trois hommes et de deux pages, rentra par le pont de la ville sans produire d'autre effet sur les promeneurs du quai qu'un premier mouvement de la main à la tête pour saluer, et un second mouvement de la langue pour exprimer cette idée dans le plus pur français qui se parle en France : - Voici Monsieur qui revient de la chasse. Et ce fut tout. Cependant, tandis que les chevaux gravissaient la pente raide qui de la rivière conduit au château, plusieurs courtauds de boutique s'approchèrent du dernier cheval, qui portait, pendus à l'arçon de la selle, divers oiseaux attachés par le bec. À cette vue, les curieux manifestèrent avec une franchise toute rustique leur dédain pour une aussi maigre capture, et, après une dissertation qu'ils firent entre eux sur le désavantage de la chasse au vol, ils revinrent à leurs occupations. Seulement un des curieux, gros garçon joufflu et de joyeuse humeur, ayant demandé pourquoi Monsieur, qui pouvait tant s'amuser, grâce à ses gros revenus, se contentait d'un si piteux divertissement : - Ne sais-tu pas, lui fut-il répondu, que le principal divertissement de Monsieur est de s'ennuyer ? Le joyeux garçon haussa les épaules avec un geste qui signifiait clair comme le jour : "En ce cas, j'aime mieux être Gros-Jean que d'être prince. " Suite et fin des aventures des "Trois mousquetaires" et de "Vingt ans après". Volume I
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Alexandre Dumas (1802-1870) "Vers la fin de l'année 1834, nous étions réunis un samedi soir dans un petit salon attenant à la salle d'armes de Grisier, écoutant, le fleuret à la main et le cigare à la bouche, les savantes théories de notre professeur, interrompues de temps en temps par des anecdotes à l'appui, lorsque la porte s'ouvrit et qu'Alfred de Nerval entra. Ceux qui ont lu mon Voyage en Suisse se rappelleront peut-être ce jeune homme qui servait de cavalier à une femme mystérieuse et voilée qui m'était apparue pour la première fois à Fluélen, lorsque je courais avec Francesco pour rejoindre la barque qui devait nous conduire à la pierre de Guillaume Tell : ils n'auront point oublié alors que, loin de m'attendre, Alfred de Nerval, que j'espérais avoir pour compagnon de voyage, avait hâté le départ des bateliers, et, quittant la rive au moment où j'en étais encore éloigné de trois cents pas, m'avait fait de la main un signe, à la fois d'adieu et d'amitié, que je traduisis par ces mots : « Pardon, cher ami, j'aurais grand plaisir à te revoir, mais je ne suis pas seul, et... » À ceci j'avais répondu par un autre signe qui voulait dire : « Je comprends parfaitement. » Et je m'étais arrêté et incliné en marque d'obéissance à cette décision, si sévère qu'elle me parût ; de sorte que, faute de barque et de bateliers, ce ne fut que le lendemain que je pus partir ; de retour à l'hôtel, j'avais alors demandé si l'on connaissait cette femme, et l'on m'avait répondu que tout ce qu'on savait d'elle, c'est qu'elle paraissait fort souffrante et qu'elle s'appelait Pauline." Alfred de Nerval raconte au narrateur la sombre histoire de Pauline de Meulien dont il a toujours été amoureux même si celle-ci se marie au mystérieux Horace de Beuzeval. A son retour d'Angleterre, pour se protéger d'un orage, Alfred de Nerval se réfugie dans une abbaye en ruine...
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Alexandre Dumas (1802-1870) "Le 26 octobre de l'an 1585, les barrières de la porte Saint-Antoine se trouvaient encore, contre toutes les habitudes, fermées à dix heures et demie du matin. À dix heures trois quarts, une garde de vingt Suisses, qu'on reconnaissait à leur uniforme pour être des Suisses des petits cantons, c'est-à-dire des meilleurs amis du roi Henri III, alors régnant, déboucha de la rue de la Mortellerie et s'avança vers la rue Saint-Antoine qui s'ouvrit devant eux et se referma derrière eux ; une fois hors de cette porte, ils allèrent se ranger le long des haies qui, à l'extérieur de la barrière, bordaient les enclos épars de chaque côté de la route, et, par sa seule apparition, refoula bon nombre de paysans et de petits bourgeois venant de Montreuil, de Vincennes ou de Saint-Maur pour entrer en ville avant midi, entrée qu'ils n'avaient pu opérer, la porte se trouvant fermée, comme nous l'avons dit. S'il est vrai que la foule amène naturellement le désordre avec elle, on eût pu croire que, par l'envoi de cette garde, M. le prévôt voulait prévenir le désordre qui pouvait avoir lieu à la porte Saint-Antoine. En effet, la foule était grande ; il arrivait par les trois routes convergentes, et cela à chaque instant, des moines des couvents de la banlieue, des femmes assises de côté sur les bâts de leurs ânes, des paysans dans des charrettes, lesquelles venaient s'agglomérer à cette masse déjà considérable que la fermeture inaccoutumée des portes arrêtait à la barrière, et tous, par leurs questions plus ou moins pressantes, formaient une espèce de rumeur faisant basse continue, tandis que parfois quelques voix, sortant du diapason général, montaient jusqu'à l'octave de la menace ou de la plainte." Troisième volet de la "Trilogie des Valois". Tome I. Quarante-cinq gentilhommes gascons sont engagés par le duc d'Epernon, le favori du roi Henri III. Quelle sera leur mission ? Eux-mêmes l'ignorent à leur arrivée à Paris...
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Alexandre Dumas (1802-1870) "Vers les premiers jours du mois d'avril 1784, à trois heures un quart à peu près de l'après-midi, le vieux maréchal de Richelieu, notre ancienne connaissance, après s'être imprégné lui-même les sourcils d'une teinture parfumée, repoussa de la main le miroir que lui tenait son valet de chambre, successeur mais non remplaçant du fidèle Rafté ; et, secouant la tête de cet air qui n'appartenait qu'à lui : - Allons, dit-il, me voilà bien ainsi. Et il se leva de son fauteuil, chiquenaudant du doigt, avec un geste tout juvénile, les atomes de poudre blanche qui avaient volé de sa perruque sur sa culotte de velours bleu de ciel. Puis, après avoir fait deux ou trois tours dans son cabinet de toilette, allongeant le cou-de-pied et tendant le jarret : - Mon maître d'hôtel ! dit-il. Cinq minutes après, le maître d'hôtel se présenta en costume de cérémonie. Le maréchal prit un air grave et tel que le comportait la situation. - Monsieur, dit-il, je suppose que vous m'avez fait un bon dîner ? - Mais oui, monseigneur. - Je vous ai fait remettre la liste de mes convives, n'est-ce pas ? - Et j'en ai fidèlement retenu le nombre, monseigneur. Neuf couverts, n'est-ce point cela ? - Il y a couvert et couvert, monsieur !" Tome I. Nous retrouvons bon nombre des personnages du roman "Joseph Balsamo" embarqués, de près ou de loin, dans la célèbre affaire du collier de la reine : une histoire de vol et d'escroquerie qui entacha plusieurs réputations dont celle de la reine de France, Marie Antoinette...
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Alexandre Dumas (1802-1870) "Le dimanche gras de l'année 1578, après la fête du populaire, et tandis que s'éteignaient dans les rues les rumeurs de la joyeuse journée, commençait une fête splendide dans le magnifique hôtel que venait de se faire bâtir, de l'autre côté de l'eau et presque en face du Louvre, cette illustre famille de Montmorency qui, alliée à la royauté de France, marchait l'égale des familles princières. Cette fête particulière, qui succédait à la fête publique, avait pour but de célébrer les noces de François d'Épinay de Saint-Luc, grand ami du roi Henri III et l'un de ses favoris les plus intimes, avec Jeanne de Cossé-Brissac, fille du maréchal de France de ce nom. Le repas avait eu lieu au Louvre, et le roi, qui avait consenti à grand-peine au mariage, avait paru au festin avec un visage sévère qui n'avait rien d'approprié à la circonstance. Son costume, en outre, paraissait en harmonie avec son visage ; c'était ce costume marron foncé sous lequel Clouet nous l'a montré assistant aux noces de Joyeuse, et cette espèce de spectre royal, sérieux jusqu'à la majesté, avait glacé d'effroi tout le monde, et surtout la jeune mariée, qu'il regardait fort de travers toutes les fois qu'il la regardait. Cependant cette attitude sombre du roi, au milieu de la joie de cette fête, ne semblait étrange à personne ; car la cause en était un de ces secrets de cour que tout le monde côtoie avec précaution, comme ces écueils à fleur d'eau auxquels on est sûr de se briser en les touchant. À peine le repas terminé, le roi s'était levé brusquement, et force avait été aussitôt à tout le monde, même à ceux qui avouaient tout bas leur désir de rester à table, de suivre l'exemple du roi." Tome I 1578. Henri III règne sur la France. L'un de ses favoris, Saint-Luc se marie, ce qui provoque sa jalousie. Saint-Luc est retenu au Louvre. Pendant ce temps, Bussy, un proche du duc d'Anjou frère d'Henri III, tombe dans une embuscade tendue par les mignons du roi.. Entre intrigues amoureuses et politiques !
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Alexandre Dumas (1802-1870) "Le 9 octobre de l'année 1799, par une belle journée de cet automne méridional qui fait, aux deux extrémités de la Provence, mûrir les oranges d'Hyères et les raisins de Saint-Péray, une calèche attelée de trois chevaux de poste traversait à fond de train le pont jeté sur la Durance, entre Cavaillon et Château-Renard, se dirigeant sur Avignon, l'ancienne ville papale, qu'un décret du 25 mai 1791 avait, huit ans auparavant, réunie à la France, réunion confirmée par le traité signé, en 1797, à Tolentino, entre le général Bonaparte et le pape Pie VI. La voiture entra par la porte d'Aix, traversa dans toute sa longueur, et sans ralentir sa course, la ville aux rues étroites et tortueuses, bâtie tout à la fois contre le vent et contre le soleil, et alla s'arrêter à cinquante pas de la porte d'Oulle, à l'hôtel du Palais-Égalité, que l'on commençait tout doucement à réappeler l'hôtel du Palais-Royal, nom qu'il avait porté autrefois et qu'il porte encore aujourd'hui. Ces quelques mots, presque insignifiants, à propos du titre de l'hôtel devant lequel s'arrêtait la chaise de poste sur laquelle nous avons les yeux fixés, indiquent assez bien l'état où était la France sous ce gouvernement de réaction thermidorienne que l'on appelait le Directoire. Après la lutte révolutionnaire qui s'était accomplie du 14 juillet 1789 au 9 thermidor 1794 ; après les journées des 5 et 6 octobre, du 21 juin, du 10 août, des 2 et 3 septembre, du 21 mai, du 29 thermidor, et du 1er prairial ; après avoir vu tomber la tête du roi et de ses juges, de la reine et de son accusateur, des Girondins et des Cordeliers, des modérés et des Jacobins, la France avait éprouvé la plus effroyable et la plus nauséabonde de toutes les lassitudes, la lassitude du sang !" Roland de Montrevel, aide de camp du général Bonaparte qui prépare un coup d'Etat, est bien décidé à anéantir les compagnons de Jéhu, association secrète royaliste qui ne cesse d'attaquer les transports de fonds de la République. Les compagnons de Jéhu sont commandés par un certain Morgan, proche du chouan Cadoudal... Morgan est amoureux d'Amélie la soeur de Roland...
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Alexandre Dumas (1802-1870) "C'était pendant la soirée du 10 mars 1793. Dix heures venaient de tinter à Notre-Dame, et chaque heure, se dé
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Alexandre Dumas (1802-1870) "Vers le commencement du mois de mars de l'année 1841, je voyageais en Corse. Rien de plus pittoresque et de plus commode qu'un voyage en Corse : on s'embarque à Toulon ; en vingt heures, on est à Ajaccio, ou, en vingt-quatre heures, à Bastia. Là, on achète ou on loue un cheval : si on le loue, on en est quitte pour cinq francs par jour ; si on l'achète, pour cent cinquante francs une fois payés. Et qu'on ne rie pas de la modicité du prix ; ce cheval, loué ou acheté, fait, comme ce fameux cheval du Gascon qui sautait du pont Neuf dans la Seine, des choses que ne feraient ni Prospero ni Nautilus, ces héros des courses de Chantilly et du Champ de Mars. Il passe par des chemins où Balmat lui-même eût mis des crampons, et sur des ponts où Auriol demanderait un balancier. Quant au voyageur, il n'a qu'à fermer les yeux et à laisser faire l'animal : le danger ne le regarde pas. Ajoutons qu'avec ce cheval qui passe partout, on peut faire une quinzaine de lieues tous les jours, sans qu'il vous demande ni à boire ni à manger. De temps en temps, quand on s'arrête pour visiter un vieux château bâti par quelque seigneur, héros et chef d'une tradition féodale, pour dessiner une vieille tour élevée par les Génois, le cheval tond une touffe d'herbe, écorce un arbre ou lèche une roche couverte de mousse, et tout est dit." L'auteur, lors d'un voyage en Corse, est reçu chez Mme de Franchi, une veuve mères de jumeaux : Lucien, resté au pays, fier de ses traditions et Louis, monté Paris pour devenir avocat... La télépathie gémellaire existe-t-elle ? Court roman suivi de "Othon l'archer".
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Alexandre Dumas (1802-1870) "Ah ! pardieu ! voilà un miracle, me dit Grisier en me voyant paraître à la porte de la salle d'armes où il était resté le dernier et tout seul. En effet, je n'avais pas remis le pied au faubourg Montmartre, n° 4, depuis le soir où Alfred de Nerval nous avait raconté l'histoire de Pauline. - J'espère, continua notre digne professeur avec sa sollicitude toute paternelle pour ses anciens écoliers, que ce n'est pas quelque mauvaise affaire qui vous amène ? - Non, mon cher maître, et si je viens vous demander un service, lui répondis-je, il n'est pas du genre de ceux que vous m'avez parfois rendus en pareil cas. - Vous savez que, pour quelque chose que ce soit, je suis tout à vous. Ainsi, parlez. - Eh bien ! mon cher, il faut que vous me tiriez d'embarras. - Si la chose est possible, elle est faite. - Aussi je n'ai pas douté de vous. - J'attends. - Imaginez-vous que je viens de passer un traité avec mon libraire, et que je n'ai rien à lui donner. - Diable ! - Alors je viens à vous pour que vous me prêtiez quelque chose. - À moi ? - Sans doute ; vous m'avez raconté cinquante fois votre voyage en Russie. - Tiens, au fait ! - Vers quelle époque y étiez-vous ? - Pendant 1824, 1825, 1826. - Justement pendant les années les plus intéressantes : la fin du règne de l'empereur Alexandre et l'avènement au trône de l'empereur Nicolas." Après les guerres napoléoniennes, un maître d'armes français ruiné part en Russie pour s'enrichir, comme tant d'autres Européens...
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Alexandre Dumas (1802-1870) "C'était pendant une de ces longues et charmantes soirées que nous passions, durant l'hiver de 1841, chez la princesse Galitzin, à Florence. Il avait été convenu que, dans cette soirée, chacun raconterait son histoire. Cette histoire ne pouvait être qu'une histoire fantastique, et chacun avait déjà raconté la sienne, à l'exception du comte Élim. Le comte Élim était un beau grand jeune homme blond, mince, pâle, et d'un aspect mélancolique, que faisaient parfois d'autant mieux ressortir des accès de folle gaieté qui lui prenaient comme une fièvre, et qui se passaient de même. Plusieurs fois déjà la conversation était tombée, devant lui, sur des sujets pareils ; et toutes les fois qu'il avait été question d'apparitions, et que nous lui avions demandé son avis, il nous avait répondu avec cet accent de vérité qui n'admet pas de doute : - J'y crois. Pourquoi y croyait-il ? Personne ne le lui avait jamais demandé ; d'ailleurs, en pareille matière, on croit ou l'on ne croit pas, et l'on serait fort embarrassé de donner une raison quelconque de sa croyance ou de son incrédulité. Certes, Hoffmann croyait à la réalité de tous ses personnages : il avait vu maître Floh et avait connu Coppelius. Tant il y a que, lorsque le comte Élim, à propos des histoires les plus étranges de spectres, d'apparitions et de revenants, nous avait répondu : « J'y crois », personne n'avait douté qu'effectivement il n'y crût. Lorsque le tour du comte Élim fut venu de raconter son histoire, chacun se tourna donc avec une grande curiosité vers lui..." Le comte Elim se perd dans la forêt, lors d'une chasse, et parvient à un étrange château : il est hanté... Toute comtesse d'Eppstein mourant le jour de Noël n'est qu'à moitié morte. C'est le cas de la comtesse Albine dont le fantôme continue de protéger son fils Everard, rejeté et abandonné par son père, le comte Maximilien...
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Alexandre Dumas (1802-1870) "C'était un rude veneur que le seigneur Jean, baron de Vez. Quand vous suivrez la belle vallée qui va du Berval il Longpré, vous verrez à votre gauche une vieille tour qui vous paraîtra d'autant plus haute et d'autant plus formidable qu'elle est isolée. C'est aujourd'hui la propriété d'un vieil ami de celui qui raconte cette histoire, et tout le monde est tellement habitué à son aspect, si terrible qu'il soit, que le premier paysan venu va chercher, l'été, l'ombre de ses hautes murailles sans plus de crainte que les martinets aux grandes ailes noires et aux cris aigus, et les hirondelles aux doux gazouillements, qui, chaque année, viennent y suspendre leurs nids. Mais, à l'époque dont nous parlons, c'est-à-dire vers l'an 1780, la demeure seigneuriale de Vez ne présentait pas le même aspect et n'offrait pas, il faut le dire, la même sécurité. C'était une bâtisse du douzième ou du treizième siècle, sombre et sévère, à laquelle, extérieurement du moins, la succession des années n'avait rien ôté de sa formidable physionomie. Il est vrai que la sentinelle, au pas mesuré et au casque resplendissant, ne se promenait plus sur ses remparts ; il est vrai que l'archer au cor aigu ne veillait plus dans sa tour ; il est vrai que deux hommes d'armes ne se tenaient plus à la poterne, prêts, au moindre signal d'alarme, à baisser la herse et à lever le pont. Mais la solitude même de l'édifice, au centre duquel la vie semblait s'être retirée, donnait au sombre géant de granit, la nuit surtout, la terrifiante majesté des choses muettes et immobiles." Thibaut est sabotier et vit dans la forêt. De temps en temps, il braconne. Lors d'une malheureuse rencontre avec le baron de Vez, lieutenant de louveterie, il est humilié et bastonné devant la jeune Agnelette qui intercède en sa faveur. Thibaut rentre chez lui et est surpris de trouver dans son étable, au lieu de sa chèvre, le daim pourchassé par le baron de Vez, ainsi qu'un loup noir...
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Alexandre Dumas (1802-1870) Octobre 1779... Mais quelle est donc cette frégate ancrée au large de Port-Louis, en Bretagne ? Qui est cet étrange capitaine Paul ? Quel secret traîne-t-il avec lui ? Mènera-t-il à bien ses multiples quêtes ? C'est en 1838 que parut le roman-feuilleton, après avoir été un drame joué avec succès au théâtre : "Paul Jones". Ce fut l'un des premiers romans d'Alexandre Dumas. Alexandre Dumas, "frustré" du devenir du héros de Fenimore Cooper dans "Le pilote", s'inspira de certains faits de la vie de l'officier de marine écossais John Paul Jones pour en vêtir "son" héros. Honneur, aventure, drame familial, adultère, amour contrarié, fidélité... tout y est !
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Alexandre Dumas (1802-1870) "J'étais vers le mois de mai 1835 à Toulon. J'y habitais une petite bastide qu'un de mes amis avait mise à ma disposition. Cette bastide était située à cinquante pas du fort Lamalgue, juste en face de la fameuse redoute qui vit, en 1793, surgir la fortune ailée de ce jeune officier d'artillerie qui fut d'abord le général Bonaparte, puis l'empereur Napoléon. Je m'étais retiré là dans l'intention louable de travailler. J'avais dans la tête un drame bien intime, bien sombre, bien terrible, que je voulais faire passer de ma tête sur l e papier. Ce drame si terrible, c'était le Capitaine Paul. Mais je remarquai une chose : c'est que, pour le travail profond et assidu, il faut les chambres étroites, les murailles rapprochées, et le jour éteint par des rideaux de couleur sombre. Les vastes horizons, la mer infinie, les montagnes gigantesques, surtout lorsque tout cela est baigné de l'air pur et doré du Midi, tout cela vous mène droit à la contemplation, et rien mieux que la contemplation ne vous éloigne du travail. Il en résulte qu'au lieu d'exécuter Paul Jones, je rêvais Don Juan de Marana. La réalité tournait au rêve, et le drame à la métaphysique. Je ne travaillais donc pas, du moins le jour." Gabriel Lambert est un jeune homme pauvre. Subitement il devient riche et disparaît. D'où lui vient son argent ? Il réapparait bientôt sous une nouvelle identité...
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Alexandre Dumas (1802-1870)
"Je passais, en 1831, devant la porte de Chevet, lorsque j'aperçus, dans la boutique, un Anglais qui tournait et retournait en tous sens une tortue qu'il marchandait avec l'intention d'en faire, aussitôt qu'elle serait devenue sa propriété, une turtle soup.
L'air de résignation profonde avec lequel le pauvre animal se laissait examiner, sans même essayer de se soustraire en rentrant dans son écaille, au regard cruellement gastronomique de son ennemi, me toucha. Il me prit une envie soudaine de l'arracher à la marmite, dans laquelle étaient déjà plongées ses pattes de derrière ; j'entrai dans le magasin, où j'étais fort connu à cette époque, et, faisant un signe de l'oeil à madame Beauvais, je lui demandai si elle m'avait conservé la tortue que j'avais retenue, la veille, en passant.
Madame Beauvais me comprit avec cette soudaineté d'intelligence qui distingue la classe marchande parisienne, et, faisant glisser poliment la bête des mains du marchandeur, elle la remit entre les miennes, en disant, avec un accent anglais très prononcé, à notre insulaire, qui la regardait la bouche béante :
- Pardon, milord, la petite tortue, il être vendue à monsieur depuis ce matin.
- Ah ! me dit en très bon français le milord improvisé, c'est à vous, monsieur, qu'appartient cette charmante bête ?"
Les aventures du capitaine Pamphile, commerçant et flibustier, sont racontées au fil des jours, par une bande d'artistes bohèmes. Les animaux font partie intégrante de cette communauté et certains d'entre eux sont arrivés en France par l'entremise du capitaine Pamphile : l'ours Tom et les deux singes Jacques Ier et Jacques II. Leur triste histoire est racontée en parallèle de celle du peu scrupuleux Pamphile.
Alexandre Dumas, avec un ton humoristique, aborde des thèmes graves tels que la traite des noirs ou la société de l'argent. -
Alexandre Dumas (1802-1870) "Le 20 août 1672, la ville de la Haye, si vivante, si blanche, si coquette que l'on dirait que tous les jours sont des dimanches, la ville de la Haye, avec son parc ombreux, avec ses grands arbres inclinés sur ses maisons gothiques, avec les larges miroirs de ses canaux dans lesquels se reflètent ses clochers aux coupoles presque orientales, la ville de la Haye, la capitale des sept Provinces-Unies, gonflait toutes ses artères d'un flot noir et rouge de citoyens pressés, haletants, inquiets, lesquels couraient, le couteau à la ceinture, le mousquet sur l'épaule ou le bâton à la main, vers le Buitenhof, formidable prison dont on montre encore aujourd'hui les fenêtres grillées et où, depuis l'accusation d'assassinat portée contre lui par le chirurgien Tyckelaer, languissait Corneille de Witt, frère de l'ex-grand pensionnaire de Hollande. Si l'histoire de ce temps, et surtout de cette année au milieu de laquelle nous commençons notre récit, n'était liée d'une façon indissoluble aux deux noms que nous venons de citer, les quelques lignes d'explication que nous allons donner pourraient paraître un hors-d'oeuvre ; mais nous prévenons tout d'abord le lecteur, ce vieil ami, à qui nous promettons toujours du plaisir à notre première page, et auquel nous tenons parole tant bien que mal dans les pages suivantes ; mais nous prévenons, disons-nous, notre lecteur que cette explication est aussi indispensable à la clarté de notre histoire qu'à l'intelligence du grand événement politique dans lequel cette histoire s'encadre. Corneille ou Cornélius de Witt, ruward de Pulten, c'est-à-dire inspecteur des digues de ce pays, ex-bourgmestre de Dordrecht, sa ville natale, et député aux États de Hollande, avait quarante-neuf ans, lorsque le peuple hollandais, fatigué de la république, telle que l'entendait Jean de Witt, grand pensionnaire de Hollande, s'éprit d'un amour violent pour le stathoudérat, que l'édit perpétuel imposé par Jean de Witt aux Provinces-Unies avait à tout jamais aboli en Hollande." Hollande, 1672. Le parti orangiste, désirant mettre au pouvoir Guillaume de Nassau, complote contre les frères de Witt, Corneille et Jean, et soulève le peuple contre eux. Pendant ce temps, Cornelius van Baerle, filleul de Corneille, ne vit que pour une chose : créer une tulipe noire pour laquelle la Société Horticole de Harlem a promis une récompense. Mais c'est sans compter sur son voisin, Isaac Boxtel, prêt à tout pour posséder la tulipe noire et surtout la récompense... Cornelius est arrêté pour haute trahison, jugé et condamné...
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Alexandre Dumas (1802-1870) "Le 4 décembre 1846, mon bâtiment étant à l'ancre depuis la veille dans la baie de Tunis, je me réveillai vers cinq heures du matin avec une de ces impressions de profonde mélancolie qui font, pour tout un jour, l'oeil humide et la poitrine gonflée. Cette impression venait d'un rêve. Je sautai en bas de mon cadre, je passai un pantalon à pieds, je montai sur le pont, et je regardai en face et autour de moi. J'espérais que le merveilleux passage qui se déroulait sous mes yeux allait distraire mon esprit de cette préoccupation, d'autant plus obstinée qu'elle avait une cause moins réelle. J'avais devant moi, à une portée de fusil, la jetée qui s'étendait du fort de la Goulette au fort de l'Arsenal, laissant un étroit passage aux bâtiments qui veulent pénétrer du golfe dans le lac. Ce lac, aux eaux bleues comme l'azur du ciel qu'elles réfléchissaient, était tout agité, dans certains endroits, par les battements d'ailes d'une troupe de cygnes, tandis que, sur des pieux plantés de distance en distance pour indiquer des bas-fonds, se tenait immobile, pareil à ces oiseaux qu'on sculpte sur les sépulcres, un cormoran qui, tout à coup, se laissait tomber à la surface de l'eau avec un poisson au travers du bec, avalait ce poisson, remontait sur son pieu, et reprenait sa taciturne immobilité jusqu'à ce qu'un nouveau poisson, passant à sa portée, sollicitât son appétit, et, l'emportant sur sa paresse, le fit disparaître de nouveau pour reparaître encore." 1793 : A Mannheim (Allemagne), Théodore Hoffmann est amoureux d'Antonia, la fille du chef d'orchestre Gotlieb Murr. Théodore décide de visiter Paris qui est selon lui le symbole de la liberté. Il promet à sa fiancée de lui être fidèle et ne plus jouer d'argent... Mais à Paris, c'est la Terreur...
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Alexandre Dumas (1802-1870) "Le 17 juillet 1785, la Creuse, après une matinée d'orage, roulait profonde et troublée entre deux rangs de maisons fort peu symétriquement alignées sur ses rives, et qui baignaient dans l'eau leur pied de bois. Toutes vieilles et toutes délabrées qu'elles étaient, elles n'en souriaient pas moins au soleil, qui, en sortant du double nuage d'où venait de s'échapper l'éclair, jetait un ardent rayon sur la terre encore trempée de pluie. Ce tas de maisons boiteuses, borgnes et édentées avait la prétention d'être une ville, et cette ville se nommait Argenton. Inutile de dire qu'elle était située dans le Berri. Aujourd'hui que la civilisation a effacé le caractère des races, des provinces et des cités, c'est encore un spectacle à faire bondir de joie le coeur de l'artiste, qu'Argenton vu des hauteurs qui dominent ses toits chargés de mousse et de giroflées en fleur. Montez, par un beau jour, le long de ces rochers où se tordent des racines pareilles à des couleuvres, frayez vous-même votre chemin, à travers ces blocs que recouvre une fauve et sèche végétation de lichens jaunis, de fougères ensoleillées et de ronces rougies, accrochez vos ongles à ces ruines qui se confondent avec le roc par la couleur et la solidité de leurs masses, si vastes et si obstinées, qu'il a fallu les terribles guerre de la Ligue et les puissantes épaules de Richelieu pour renverser ces ouvrages de l'art qui, soudés à l'oeuvre de la nature, semblaient aussi impérissables que leurs bases granitiques ; et encore ces guerres d'extermination n'ont-elles pu déraciner ces indestructibles fondements qui restent là foudroyés par le canon, déchirés par la scie, ébréchés par le vent, broyés par le sabot des boeufs, écaillés par le fer des chevaux, foulés par le pied du pâtre, mais immobiles." En 1786, à Argenton (Berry), le docteur Jacques Merey, médecin des pauvres qui s'adonne aux recherches scientifiques et ésotériques, découvre une fillette dont s'occupent un braconnier et sa mère : l'enfant est amorphe et ne parle pas. Il décide de s'en occuper, de la soigner et de l'éveiller ; ce sera son défi... Mais la révolution arrive à grands pas... A suivre : "La fille du marquis".
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Alexandre Dumas (1802-1870) "« Voir Naples et mourir », dit le Napolitain. « Qui n'a pas vu Séville n'a rien vu », dit l'Andalou. « Rester à la porte d'Avignon, c'est rester à la porte du paradis », dit le Provençal. En effet, s'il faut en croire l'historien de la ville papale, Avignon est non seulement la première ville du Midi, mais encore de la France, mais encore du monde. Écoutez ce qu'il en dit : « Avignon est noble pour son antiquité, agréable pour son assiette, superbe pour ses murailles, riante pour la fertilité du solage, charmante pour la douceur de ses habitants, magnifique pour ses palais, belle pour ses grandes rues, merveilleuse pour la structure de son pont, riche par son commerce, et connue par toute la terre. » Voilà un bel éloge, j'espère ! Eh bien ! à cet éloge, quoique nous arrivions cent ans après celui qui l'a fait, nous n'enlèverons presque rien et nous ajouterons même quelque chose. En effet, pour le voyageur qui descend le fleuve auquel Tibulle donne l'épithète de celer, Ausone celle de praeceps, et Florus celle d'impiger ; pour celui qui commence, depuis Montélimar, à s'apercevoir qu'il est dans le Midi, au ton plus chaud des terrains, à l'air plus limpide, aux contours plus arrêtés des objets ; pour celui qui passe enfin en frissonnant sous les arches meurtrières du pont Saint-Esprit, dont chacune a son nom, afin que l'on sache à l'instant même où un bateau se brise contre une d'elles à quel endroit il faut porter secours ; pour qui laisse à droite Roquemaure, où Annibal traversa le Rhône avec ses quarante éléphants ; à gauche le château de Mornas, du haut duquel le baron des Adrets fit sauter toute une garnison catholique ; Avignon, à l'un des détours du fleuve, se présente tout à coup avec une magnificence vraiment royale." Bannière est novice chez les Jésuites. Il fait le mur de son couvent afin d'aller au théâtre. Il rencontre Champmeslé, l'un des comédiens, qui a honte de sa profession : ce soir il ne veut pas monter sur les planches... Une décision qui va chambouler l'avenir de Bannière... Volume 1/3.
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Alexandre Dumas (1802-1870) "Le 21 frimaire an II (11 décembre 1793), la diligence de Besançon à Strasbourg s'arrêtait à neuf heures du soir dans l'intérieur de la cour de l'Hôtel de la Poste, situé derrière la cathédrale. Cinq voyageurs en descendaient ; un seul, le plus jeune des cinq, doit fixer notre attention. C'était un enfant de treize à quatorze ans, mince et pâle, que l'on eût pu prendre pour une jeune fille habillée en garçon, tant était grande l'expression de douceur et de mélancolie répandue sur son visage ; ses cheveux qu'il portait coupés à la Titus, coiffure que les zélés républicains avaient adoptée, en imitation de Talma, étaient châtain foncé ; des sourcils de la même couleur ombrageaient des yeux d'un bleu clair, s'arrêtant comme deux points d'interrogation, avec une intelligence remarquable, sur les hommes et sur les choses. Il avait les lèvres minces, de belles dents, un charmant sourire, et était vêtu à la mode de l'époque, sinon élégamment, du moins si proprement, qu'il était facile de voir que la main soigneuse d'une femme avait passé par là. Le conducteur, qui paraissait avoir pour cet enfant des soins tout particuliers, lui remit un paquet, pareil à un sac de soldat, et, grâce à une paire de bretelles, se pouvant porter sur le dos. Puis, regardant tout autour de lui : - Holà ! cria-t-il, n'y a-t-il pas quelqu'un ici de l'hôtel de la Lanterne, attendant un jeune voyageur de Besançon ?" Entre le roman et le récit historique. L'histoire ou plutôt les histoires se déroulent entre fin 1793 (Terreur) et 1799 (Bonaparte en Egypte).
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Alexandre Dumas (1802-1870) "Vers le commencement de mai de l'année 1838, et comme dix heures du matin venaient de sonner, la porte cochère d'un petit hôtel de la rue des Mathurins s'ouvrit et donna passage à un jeune homme monté sur un beau cheval alezan, dont les jambes fines et dont le cou un peu allongé trahissaient l'origine anglaise ; derrière lui, et par la même porte du même hôtel, sortit, à une distance convenable, un domestique vêtu de noir, et monté comme lui sur un cheval de race, mais dans lequel cependant l'oeil d'un amateur devait reconnaître moins de sang que dans le premier. Ce cavalier, qui n'avait besoin que de se montrer pour être rangé tout d'abord dans cette classe d'individus auxquels, en imitation de nos voisins d'outre-mer, la langue du monde a donné le titre de lions, était un jeune homme de vingt-trois à vingt-quatre ans, d'une mise si simple et en même temps si recherchée, qu'elle dénonçait dans celui qui la portait ces habitudes aristocratiques qu'on tient de la naissance seule et qu'aucune éducation ne saurait créer là où elles n'existent pas naturellement. Il est juste de dire aussi que sa physionomie répondait admirablement à cette mise et à cette tournure, et qu'il eût été difficile de rêver quelque chose de plus élégant et de plus fin que ce visage encadré dans des cheveux et dans des favoris noirs, et auquel une pâleur mate et juvénile donnait un caractère tout particulier de distinction. Aussi, ce jeune homme, dernier rejeton d'une des plus anciennes familles de la monarchie, portait-il un de ces vieux noms qui vont s'éteignant tous les jours et qu'on ne trouvera bientôt plus que dans l'histoire : il s'appelait Amaury de Léoville." Amaury est amoureux de Madeleine, la fille de son tuteur M. Avrigny. Les deux jeunes gens espèrent pouvoir se marier. Mais M. Avrigny souhaiterait plutôt qu'Amaury s'intéresse à sa nièce Antoinette afin de garder Madeleine auprès de lui... M. Avrigny est jaloux...