Un quinquagénaire sous un tilleul, trois adolescents, des oiseaux, une épouse, quatre femmes, un chef tapissier, des oiseaux, un père, une mère, une enfant dans un jardin, des oiseaux, un bébé, un autre bébé, encore un bébé, des oiseaux. Inventaire, éléments d'un puzzle, pièces d'un jeu de patience que le narrateur agence impatiemment, pour tenter de reconstituer sa personnalité et sa vie bouleversées par les battements d'ailes et les criaillements des oiseaux.
Attention sourire ! Nous sommes agressés par un nouveau mot d'ordre. Le panonceau du code du savoir-vivre en société, que l'on trouve désormais à chaque coin de page des journaux.
Ici, souriez ! Tout va bien. Les nouvelles sont bonnes. Il y a du soleil sur la France. C'est l'inflation galopante du bonheur. La méthode Coué de la majorité silencieuse, des inconditionnels de la satisfaction... ou de l'autosatisfaction.
En face du clan de la majorité, les empêcheurs de rire en rond. Quatre d'entre eux ont mis spontanément leur plume au service de leur indignation. Voici l'envers du masque. Leur tiercé du sourire est quelque peu grinçant. Tous membres fondateurs de la Société protectrice de l'humour. Le pamphlet graphique de ces dessinateurs est préfacé par un membre d'honneur de la S.P.H., Hervé Bazin, qui fut aussi lauréat du prix de l'Humour noir, et qui a joint son humeur au joyeux massacre du bonheur des imposteurs.
Adopter un enfant, c'est s'embarquer dans une grande aventure. La route est longue pour offrir à un enfant une nouvelle famille. Dans ce guide pratique, extrêmement documenté et fondé sur de nombreux témoignages, Camille Olivier trace, aux futurs parents, un chemin au travers de l'imbroglio juridique, des démarches innombrables, des attentes interminables, des espoirs déçus... qui peuvent finalement mener au sourire d'un enfant.
Depuis quelques années, l'adoption a changé de visage. La législation s'est considérablement modifiée ; les mentalités aussi. Les candidats à l'adoption acceptent, aujourd'hui, d'accueillir comme les leurs des enfants déjà grands, des frères et soeurs, des enfants de couleur venus de pays en voie de développement, de jeunes handicapés physiques ou mentaux.
Au quotidien, derrière les murs anonymes des cinq mille collèges de France, comment vit-on ? Les cours de récréation résonnent-elles comme naguère ? En est-on encore à l'ère de la dictée, de la "retenue" et des blagues contre le prof ? Quel regard les élèves portent-ils sur "l'échec" dont la presse se fait tant l'écho ?
En partant des questions, que se posent les parents inquiets et mal informés, ce livre propose une visite guidée du collège de la fin des années quatre-vingt.
État des lieux méthodique, il donne à voir ce qui s'y fait : discipline, programme, soutien des élèves, sélection, orientation, projets éducatifs... Il prend la mesure des changements qui s'opèrent : nulle réforme tapageuse, mais des tentatives partout, pour balayer une mauvaise image de marque. Les grands choix qui s'imposent aujourd'hui pour en faire le collège de l'an 2000, apparaissent d'eux-mêmes.
Guide, « Collège, mode d'emploi » livre les clés pour se repérer dans ce qui est, trop souvent, encore la grande forteresse de l'enseignement secondaire. Car, rien n'est possible sans les parents d'élèves.
Cet ouvrage est une réédition numérique d'un livre paru au XXe siècle, désormais indisponible dans son format d'origine.
"Écrire un livre vérité sur les mensonges du cyclisme, passer à rebrousse-poil trente ans de silence, témoigner de l'envers d'un décor auquel j'ai longtemps appartenu, non, croyez-moi, ça n'a pas été facile. Et puis, j'entends déjà les sarcasmes : briseur de rêve, cracheur dans la soupe, fossoyeur d'un sport populaire. Oui, c'est ainsi qu'on peut le prendre si l'on ne veut rien savoir, pourvu que la roue tourne. Mais à quel prix... Non, il n'est pas facile de révéler ces pratiques. Non, il n'est pas facile de se mettre à nu et d'affronter le regard de l'opinion publique. Souvent, je me suis interrogé. As-tu le droit de faire ce que personne n'avait fait avant toi ? Peux-tu prendre la lourde responsabilité de briser la loi du silence ? Aurais-tu rédigé ce livre si, le 8 juillet 1998, tu n'avais pas été appréhendé par les douaniers ? J'ai réfléchi, j'ai hésité. Car, je le reconnais, sans ma garde à vue, sans mes seize jours de prison, jamais je n'aurais compris. La force de l'habitude, la routine, le confort. Puis j'ai réalisé qu'il le fallait. Quitte à briser des légendes. Quitte à faire mal." W.V.
Dans l'Algérie exsangue de l'immédiat après-guerre, une vieille originale, Prudence Deschaussayes, confie à Lancelot - le narrateur - le manuscrit d'une tragédie, Trois Enfants perdus, « autobiographique », précise-t-elle. Fasciné par la démesure de la pièce, Lancelot se met en devoir de la faire représenter au théâtre municipal d'Oran. Le soir de la première, la vieille fille disparaît, emmenée par des inconnus qui sont peut-être les héros mêmes de l'histoire. Tel est le point de départ du roman, autrement dit de cette « enquête » que va dès lors entreprendre Lancelot, aidé par son ami Salah Eddine, pour retrouver l'auteur et ses personnages, les véritables modèles de ces « enfants perdus ». Étrange enquête, coupée de rappels, de confessions, et de réminiscences, dont les rebondissements imprévus, les multiples épisodes entraînent le lecteur au coeur du drame algérien, de la conquête à l'indépendance. Une étonnante remontée dans le Temps et la Mémoire de deux communautés unies malgré elles, déchirées par une guerre fratricide dont nous revivons les péripéties à travers le destin maudit d'une famille. Jamais sans doute Jean-Pierre Millecam ne nous avait fait sentir avec une telle intensité la nature mystérieuse d'un conflit où l'honneur de chacun se dévoile, unique et double à la fois, partagé entre l'amour et la haine, le sang et les larmes, la terreur et la pitié.
Cet ouvrage est une réédition numérique d'un livre paru au XXe siècle, désormais indisponible dans son format d'origine.
Silencieuse en France depuis la fin du conflit algérien, l'extrême droite a pris, en 1981, la voix d'un homme que l'on croyait rentré dans l'ombre. Le Pen existe : les électeurs l'ont prouvé à plusieurs reprises. Phénomène de société ou bien épiphénomène politique, l'ascension du champion des slogans nationalistes au palmarès des scores électoraux, n'est toutefois pas une course en solitaire. L'extrême droite présente plusieurs autres visages, qu'il est nécessaire de découvrir pour mieux comprendre la France des années 80. À la lumière d'une connaissance rigoureuse des faits, des idées et des hommes, Alain Rollat brosse le portrait du Front national, et de sa figure centrale, Jean-Marie Le Pen, ainsi que celui de ses frères ennemis, le Parti des forces nouvelles, le Mouvement nationaliste révolutionnaire, l'OEuvre française, le groupe Militant, les néo-nazis français et leurs correspondants européens. Il décrit les scissions et les rivalités multiples, analyse les programmes. Il éclaire le rôle précurseur mais distinct de la nouvelle droite et du Club de l'horloge, montre l'implantation de l'extrême droite dans des partis comme le C.N.I.P., mais aussi dans les milieux catholiques, ainsi que la tendance à une certaine hégémonie de ses idées dans le domaine culturel. Ce nouveau panorama n'aura été rendu possible que par l'arrivée de la gauche au pouvoir. Aussi bien s'interroge-t-on : l'extrême droite a-t-elle un avenir ? Bouleversera-t-elle l'échiquier électoral lors des prochaines consultations nationales ? Sera-t-elle l'enjeu de nouvelles alliances ? Livre d'actualité et de référence, l'ouvrage pertinent et impertinent d'Alain Rollat fournit des réponses à une interrogation qui, à juste titre, préoccupe les Français.
Les années 1978 et 1979 représentent, pour la France, une période essentielle. Quels que soient le ou les partis au pouvoir, le pays devra prendre un virage important et peut-être décisif, dans le domaine économique. L'économie française, en effet, vit ingénument sur sa lancée. La facilité à laquelle elle s'est trop laissée aller lui a permis de bénéficier de certains progrès, mais, faute d'avoir amorcé à temps les innovations nécessaires, le pays va affronter de graves troubles économiques et sociaux. Pour les éviter, s'impose une mutation profonde, dont la France a les moyens. À travers les jours difficiles qui l'attendent, elle peut se construire un avenir neuf. Cette grande mutation doit avoir deux pôles essentiels : la jeunesse et la lumière, c'est-à-dire la connaissance. Devant la persistance du chômage et de l'inflation, les incertitudes de l'écologie, la pénurie d'énergie, il faut, tout en adaptant les habitudes économiques à notre temps, prendre conscience du vieillissement de la population qui pèse sourdement, clandestinement, sur les institutions et y remédier. Enfin, et par-dessus tout, le peuple souverain doit pouvoir prendre connaissance de ses propres affaires, contrairement à l'obscurantisme et aux mirages actuels. La lumière n'est-elle pas la condition même de la démocratie ? Plus que jamais, Alfred Sauvy, grâce à une vue en profondeur des problèmes de l'économie, nous propose des solutions claires et novatrices.
Économiste de formation et fonctionnaire international de carrière, Pol Quentin-Radlé a, lors de ses nombreux voyages en Chine Populaire, posé sur ce pays fascinant le regard d'un observateur attentif et averti. Son livre est essentiel pour tous ceux, industriels, étudiants, ou simples curieux, qui souhaitent percer quelque peu le mystère de l'économie chinoise. Car, dans ce domaine, pourtant étroitement lié à l'organisation de la vie quotidienne, les dirigeants se montrent avares d'informations et de statistiques. L'auteur a pu réunir des éléments et des chiffres inédits en France, et provenant de différentes sources. Il propose une approche concrète, tant des questions monétaires, industrielles, scientifiques et commerciales, que de l'existence des 850 millions de citoyens auxquels le gouvernement a réussi à assurer une protection - contre l'inflation, aussi bien que la famine et les catastrophes naturelles. Cette réussite économique n'a rien de miraculeux. Elle se fonde sur des données techniques précises. Aujourd'hui, après onze ans de Révolution culturelle, la Chine change de cap. C'est la revanche des gestionnaires et des économistes sur les politiques, des managers sur les idéologues. Priorité est donnée à la modernisation, à la productivité. Le pays s'ouvre au monde extérieur. Mais la Chine de Hua ne va-t-elle pas se placer dans la même situation que les pays capitalistes ? La question reste posée. La Chine, demain, sera peut-être l'égale des plus grands, notamment dans le domaine de l'exportation pétrolière. Aucun industriel à la recherche de marchés nouveaux, aucun futur visiteur de la Chine ne peut l'ignorer. L'ouvrage de Pol Quentin-Radlé représente, pour eux, un guide précieux.
Inflation non maîtrisée, chômage incontrôlé, parité monétaire non tenue : autant de symptômes du même mal. Tour à tour sont interpellés, et mis en cause, le banquier, le fonctionnaire, le chef d'entreprise, le syndicaliste, qui sont en réalité davantage les victimes, que les véritables responsables d'une situation qui leur échappe. L'érosion de la monnaie, la désorganisation des échanges, et le désordre de la production sont-ils désormais inévitables ? Ce n'est pas ce que pense Jean Saint-Geours, ancien directeur du Crédit Lyonnais, qui démontre dans cet ouvrage que la crise actuelle n'est ni le fruit d'un hasard, ni le résultat d'une politique déterminée, mais la conséquence d'un abandon progressif de l'économie aux lois aveugles du laissez-faire. Le propos de l'auteur ne s'arrête pas cependant à ce constat. Il prolonge son diagnostic par un traitement. Au libéralisme myope des quinze dernières années, devrait succéder une économie du vouloir fondée sur une maîtrise des mécanismes économiques au moyen d'une planification décentralisée, d'un contrôle hiérarchisé des revenus, et d'une régulation modulée du crédit. Aussi éloignée des utopies révolutionnaires que des expédients conservateurs, la voie tracée par Jean Saint-Geours est celle d'un réalisme courageux et sans concession.
La crise mondiale qui frappe la majorité des économies, depuis les années 1970, ne concerne pas seulement la production et les échanges, mais traduit également une inadaptation des représentations traditionnelles. La contribution principale de J.-M. Oury à cette critique, prend pour point de départ un diagnostic sans complaisance des infirmités essentielles des théories économiques dominantes qui se révèlent, selon lui, incapables d'expliquer comment les activités d'un commerçant, d'un voyageur ou d'un courtier, deviennent source de richesse dans nos systèmes sociaux complexes. Cette enquête le conduit à placer la notion de vigilance au coeur de l'analyse des processus économiques. Il en résulte une révision de nos repères familiers. Ainsi, l'économie politique de la vigilance substitue-t-elle le concept de décision à celui de bien, en développant un cadre d'analyse dynamique rigoureusement relativiste, dont les deux idées maîtresses sont celles de plus-value locale et de crise locale. L'auteur montre, par cette approche, que la logique qui guide la conduite d'un fabricant, a peu de chance de coïncider avec celle du vendeur du même produit. Si, cependant, l'entreprise survit à leur affrontement, ce n'est pas par l'opération miraculeuse d'une logique englobante qui les concilierait, mais plutôt par le travail efficace de leur vigilance réciproque. L'économie politique de la vigilance, ne constitue pas une théorie au sens strict du terme, mais elle fournit les éléments d'une problématique originale, qui ne manquera pas de stimuler l'imagination de tout lecteur attentif aux réalités économiques contemporaines.
Fléau de l'État ou soupape de sécurité économique, le travail noir, qualificatif imagé des activités clandestines, est à la une de l'actualité. C'est pourtant loin dans les siècles passés qu'il faut chercher ses racines, ainsi que le fait Alfred Sauvy en un historique coloré. En vérité, le travail noir est né avec la première loi sur le travail. Clandestin par nature, le travail noir se prête mal à évaluation. Or, ces activités souterraines se sont étendues dans tous les types de société, sous les formes les plus diverses, voire les plus déconcertantes. De la France, dont Alfred Sauvy analyse longuement la situation, à l'Italie, patrie du travail noir, en passant par la Suède, championne des vertus sociales, il n'est guère de pays qui échappe aux troubles de cette économie parallèle. Pas plus les États-Unis et leur libéralisme, que l'Union soviétique et sa planification, ou les pays en développement. Qu'il soit interdit, toléré, ou même encouragé, le travail noir a d'importantes conséquences économiques, sociales, politiques sur la vie d'un pays. Les avantages (pour l'économie) contrebalancent-ils les inconvénients (pour les finances de l'État) ? Comment l'opinion publique réagit-elle, surtout en période de crise ? Et le gouvernement ? Les migrations clandestines ne sont-elles pas, de toutes ces activités, celles qui, illustrant la marche amorcée du Sud vers le Nord, risquent de perturber le plus la planète ? À ces questions, Alfred Sauvy répond avec sa clarté et sa sagesse habituelles. D'un sujet qui nous concerne tous, mais que chacun a tendance à examiner sans recul, il montre les implications mondiales, sans jamais sacrifier l'anecdote et le pittoresque. Un ouvrage essentiel et passionnant.
Hier mythe à la mode, le tiers mondisme est aujourd'hui contrebattu et dénoncé. Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, les mouvements de libération nationaux (Viêt Minh, F.L.N. algérien, etc.) profitent de l'affaiblissement de l'Europe et de l'esprit du temps, ils imposent l'indépendance du monde asiatique et africain. L'européocentrisme, naguère triomphant, est contesté et rejeté. C'est l'émergence de peuples conquis, dominés, qui furent longtemps cantonnés dans ce que le grand écrivain mexicain Octavio Paz a nommé les faubourgs de l'histoire : qu'il s'agisse de l'Égypte, de l'Inde, du Maghreb, de l'Angola, du Mozambique, et autres. Leur réapparition violente, en tant que sujets de l'histoire active, est une réalité majeure de notre temps. Il n'est pas possible de sous-estimer l'importance de la fin de la période coloniale, de la prise de conscience des rapports Nord-Sud et de la situation particulière des pays d'Asie, d'Afrique, du Moyen-Orient et d'Amérique latine (Chili, Bolivie, Brésil, etc.). Désormais, le reflux de l'idéologie tiers-mondiste est à peu près total. Ce phénomène est dû à une conjonction de facteurs : fin de l'illusion lyrique (Algérie, Cuba, Palestiniens, etc.) ; émergence d'États dont la nature est tyrannique ou totalitaire (Ouganda, Guinée, Cambodge de Pol Pot, Iran de Khomeny) ; oppression de minorités (Kurdes, comme hier Arméniens, etc.) ; développement économique médiocre, et réalités politiques aux antipodes le plus souvent des déclarations de principe. Ce reflux est aussi dû à une meilleure appréciation du totalitarisme soviétique, et de l'échec de l'utopie chinoise. Il est dû, enfin, aux conséquences multiples de la crise économique, et du renforcement de la puissance militaire de l'U.R.S.S. et de l'opposition qu'elle suscite (Afghanistan, Pologne, etc.). Le présent ouvrage évalue, pour la première fois, ces thèmes sans manichéisme et regroupe (dans une seconde partie) une série de textes, de 1965 à nos jours, qui retracent un itinéraire et une époque à travers le tiers monde.
L'école maternelle, non obligatoire, connaît en France un large succès. À l'origine, la maternelle n'était qu'un mode de garde facile et économique ; son rôle éducatif est aujourd'hui reconnu. Pourtant, cette école incontestée et réputée, reste encore mystérieuse pour bien des parents. Quand mettre son enfant à la maternelle ? À quel rythme ? Comment le préparer à sa première rentrée afin qu'il s'adapte le mieux possible ? Quels sont les grands buts de la maternelle ?... Ce livre ouvre les portes de la maternelle, et fait découvrir à tous ce qui s'y passe chaque jour, comment les enfants y vivent, ce qu'ils y apprennent. Plus encore qu'une description au jour le jour des années-maternelle, ce guide, en s'appuyant sur les expériences les plus novatrices, incite les parents à réfléchir sur les rôles respectifs et complémentaires de la famille et de l'école, pour un développement harmonieux, heureux et cohérent des petits enfants de deux à six ans.
Tout enfant naît barbare. Il revient à chaque société de lui faire subir un modelage qui en fasse un civilisé, selon sa propre interprétation de la civilisation. Aussi, le système d'éducation est-il un lieu privilégié d'observation du plus intime d'une société. L'âge classique français brille par le génie de ses créateurs, l'éclat de ses oeuvres et le nombre de ses imitateurs européens. Grâce à Jean de Viguerie, nous connaîtrons dorénavant les fondements de cette réussite. Entre le XVIe et le XVIIIe siècle, la société française a mis en place, par l'intermédiaire de ses élites, un système complet d'éducation menant l'enfant du berceau à l'entrée dans la vie. L'école en est la pièce maîtresse. Une floraison extraordinaire d'initiatives pédagogiques, au niveau des principes, et encore plus au niveau des réalisations, tend à incorporer l'ensemble de la population à cette oeuvre d'éducation. L'Église, l'État, les communes, les provinces, tous les corps rivalisent entre eux, à qui accomplira le plus et le mieux. Par sa connaissance approfondie des sources, et son intelligence sympathique de ce monde révolu, Jean de Viguerie le fait revivre au long de ces pages. Il retrace, pas à pas, le chemin parcouru par des générations successives. En sa compagnie, nous devenons tour à tour écoliers dans une pauvre paroisse rurale, où nous apprenons notre abécédaire, collégiens des Jésuites et des Oratoriens, qui nous enseignent à imiter les anciens pour les dépasser, étudiants dans les universités ou les écoles militaires, qui nous préparent directement à notre futur métier Cet ouvrage, accessible à un large public, évoque une civilisation consciente de ses fins et ses moyens, qui contraste avec le tourbillon actuel d'interrogations et de réformes, où se perd notre système d'éducation.
La France devient un État de passe-droit. L'État, les élus, ne font pas leur travail quand la notion d'intérêt public est détournée au profit des intérêts particuliers ou quand les décisions des tribunaux arrivent trop tard pour protéger les citoyens contre les copains et les coquins, ou contre certains élus locaux qui se comportent comme des dictateurs. Dans de nombreux cas, l'État va trop loin dans la complicité. Ça suffit comme ça ! Nous allons organiser la désobéissance civile, en mettant au point des techniques de combat, pour placer le gouvernement et le Parlement au pied du mur.
Le peintre est un regard, la peinture est son masque, et lui permet de scruter son univers intérieur aussi bien que l'espace visible. Le pouvoir créateur est la source de toute activité dirigée vers l'avenir. Dans un monde qui paraît plus que jamais changeant, l'artiste, qui n'a pas perdu le don d'enfance, s'avance dans l'inconnu. En utilisant des souvenirs de jeunesse, des rêves et des jeux, l'oeuvre d'autres artistes, aussi bien que son expérience personnelle, Françoise Gilot cherche à impliquer le lecteur dans la quête des motifs, conscients ou inconscients, qui conduisent à la production d'une oeuvre et la rendent signifiante, émouvante. Ainsi, le livre s'écrit et se construit en face du lecteur- la composition est une expérience, loin d'être un objet fini et prêt pour la consommation, c'est un projet qui demande, de la part du lecteur, une complicité et un certain degré de participation. Françoise Gilot croit profondément que l'art, bien loin d'être le plaisir raffiné d'une élite, est d'une importance essentielle dans chaque vie humaine, et permet l'épanouissement de toutes les facultés. Partant d'une expérience particulière de la création artistique, elle invite le lecteur à participer à une démarche enrichissante.
Prenez une épouse tranquille, mère de famille, équipez-la d'une bouteille de plongée, d'une paire de palmes et d'un attirail suprêmement encombrant, immergez-la dans les eaux glacées du lac de Genève, et vous obtiendrez une créature insolite : la femme-grenouille. L'héroïne de Claudine Mouly correspond à ce signalement. Signe particulier : a, au plus haut point, le sens de l'humour. Et quand sa boussole perd le nord, elle ne perd pas pour autant la tête. Autant dire qu'avec elle, l'apprentissage de ce sport passionnant n'a rien d'une morne croisière. Nous serons pourtant entraînés dans son sillage, jusque sous les flots azuréens des îles Maldives, exotique paradis laborieusement gagné à la sueur des palmes. Un ouvrage mi-guide, mi-récit, pour tous ceux qui prennent la plongée au sérieux, mais en mourant de rire.
Depuis le début du XIXe siècle, et parallèlement à l'essor de l'industrie, le sabotage s'est développé dans l'entreprise, avec un fléchissement dû à l'implantation du mouvement syndical, puis un regain dans la période contemporaine. Qui sont les saboteurs, et pourquoi ces actions destinées à réduire la production ? À ces questions, plus que jamais actuelles, Pierre Dubois répond en mariant avec bonheur l'histoire et la sociologie, l'enquête empirique et la réflexion. Il montre les formes multiples, et parfois inattendues, du sabotage. Il en décrit les différents enjeux : faire aboutir une revendication, amorcer un processus révolutionnaire, donner une issue à la souffrance exaspérée. Après avoir analysé et expliqué l'attitude des syndicats, longtemps hostiles au sabotage, il cherche les saboteurs et les trouve dans les couches ouvrières nouvelles, et les troupes sans chefs. Mais sa découverte la plus neuve montre que les cycles du sabotage sont liés à l'histoire propre de l'entreprise : le turn-over et les destructions de machines et de produits annoncent une grève explosive, que suivent d'autres formes de sabotage, comme l'absentéisme, le vol, le freinage, en attendant un autre cycle. De tous temps, le patronat a répliqué, d'une part par la répression, et de l'autre par une politique du personnel. Et, cependant, malgré ces ripostes et les réticences syndicales, le sabotage accompagne en permanence l'industrialisation. Est-ce à dire qu'il n'est qu'un avatar de la réplique - constante et universelle - des opprimés contre les oppresseurs ? Ou bien l'ouvrier sabote-t-il parce qu'il ne possède pas la maîtrise de l'outil de production ? Pierre Dubois ne cache pas qu'il penche pour la deuxième hypothèse. Son livre n'est pas seulement un constat : il est porté par une passion contenue au service des ouvriers contre leurs maîtres.
Quelle politique de défense pour la France ? Cette question n'appartient plus au cercle fermé des seuls responsables civils et militaires. Elle est devenue l'objet d'un débat public, auquel participent non seulement les stratèges, mais aussi les hommes politiques et les journalistes de toutes tendances. L'installation des S.S. 20 à l'Est, et l'invasion par l'U.R.S.S. de l'Afghanistan, ont révélé brutalement les modifications intervenues récemment dans l'environnement technologique et diplomatique international. Il s'agit alors de savoir si le système de défense de la France, mis en oeuvre depuis une quinzaine d'années, et fondé sur le concept de dissuasion nucléaire national, demeure le mieux adapté pour répondre à cette nouvelle situation. Le général Valentin, qui tire son argumentation d'une longue expérience, acquise aux différents postes de responsabilités qu'il a occupés, tant sur le terrain que dans les états-majors, pense que le maintien des options fondamentales de notre politique de défense n'est pas incompatible avec certains aménagements. Rappelant la vision, essentiellement pragmatique, du général de Gaulle, il montre notamment que l'arme nucléaire tactique, dont il prône un développement raisonnable, trouve sa place naturelle à l'intérieur de notre doctrine de dissuasion nucléaire. Mais ses réflexions ne concernent pas seulement le volet nucléaire de nos forces. Elles couvrent également la défense opérationnelle du territoire, et l'intervention extérieure : autant de sujets importants sur lesquels l'auteur développe des idées réalistes. Ennemi du tout ou rien, le général Valentin offre dans cet ouvrage un panorama complet des missions contemporaines, qui incombent à la défense de la France, et discute, avec rigueur et précision, les différentes solutions proposées, avant de se prononcer pour des formules nuancées, qui n'excluent pas une ardente conviction.
Nous avons bien crié, bien revendiqué et beaucoup obtenu. Obtenu que les hommes parsèment de peaux de bananes nos routes professionnelles, qu'ils nous traitent non plus comme des objets de convoitise, mais comme des servantes du plaisir, et qu'ils nous quittent sans scrupules, puisque nous sommes de taille à nous défendre seules. Nous étions leurs maîtresses, nous voici leurs égales, la conclusion s'impose : à qui la libération de la femme profite-t-elle ? Et pourtant, nous ne reviendrons pas en arrière, nous ne rentrerons pas toutes à la maison. Quant à la vaisselle en commun, cela ne suffit pas pour faire bon ménage. Nous sommes égaux, certes, mais en guerre. Est-ce une façon d'être heureux ? Et si nous faisions la paix ? Au lieu de les abrutir de reproches, si nous osions avouer que nous avons encore besoin d'eux ? Si nous remettions à la mode... l'amour, ce clochard ? L'auteur de L'aventure au masculin et de L'amour au féminin se promène toujours avec autant d'humour dans les bureaux, les salons et les chambres à coucher. Huguette Maure refuse toutes les compromissions, elle se contente d'observer, avec une lucidité infernale. Un livre gai, tonique et dérangeant.
Anastasia, la plus jeune fille de Nicolas II, a-t-elle échappé au massacre de la famille impériale dans la nuit du 16 au 17 juillet 1918, à Iekaterinbourg ? A-t-elle reparu, deux ans plus tard, dans un hôpital de Berlin sous les traits d'Anna, reconnue par plusieurs familiers du tsar, ou bien s'agit-il d'une imposture ? Une des énigmes les plus déroutantes de l'Histoire, forme la trame de ce roman de Michel Crespy. Le narrateur est un écrivain, en mal d'inspiration (et de public) qui accepte d'entreprendre, pour le compte d'un éditeur, une étude sur le cas Anastasia. Nous suivons avec lui les progrès de l'enquête, que viennent recouper les aléas de sa vie personnelle. Sa femme Anita qui l'a quitté, l'enfant qu'il a longtemps désiré, ses amis Walter et Béatrice, autant d'intrusions qui troublent son travail, et donnent à ses recherches une orientation imprévue. Fasciné par le destin de la princesse (morte ou ressuscitée ?), il se laisse prendre au jeu du rêve et de la réalité. La passion qu'il met à dévoiler la véritable identité d'Anastasia, l'amènera à s'interroger sur le sens de sa propre existence. Utilisant les documents les plus récents, Michel Crespy a construit son livre comme une brillante variation, où se mêlent l'humour et la tendresse, et qui replace le lecteur au coeur même des mystères de l'Histoire.