En investissant l'espace public africain, le débat sur l'homosexualité ne manque pas de susciter des réactions passionnelles. Celles-ci oscillent entre l'homophobie effrénée et l'homophilie réactionnaire. Face à ces réactions irréductibles, ce livre se propose de rendre intelligibles, sous le rapport des valeurs du devenir et du devenir des valeurs, les grands enjeux de l'homosexualité en Afrique. Les contributeurs y questionnent au sujet du mariage pour tous, de la crise communicationnelle inhérente à l'homosexualité, des identités hétérosexuelles hégémoniques, de l'ambiguïté des droits de l'homme, des rapports des religions à l'homosexualité, de la différence culpabilisée, de l'évaluation genrée et/ou sexospécifique de l'homosexualité... Cet ouvrage collectif rassemble les contributions des spécialistes des sciences humaines et sociales : Marcel Silvère Blé Kouaho, Marie Sylvana Brou-Messou, Adolphe Oulaye, Brou Dieudonné Koffi, N'guetta Aristide Molou, Guy Serge Blé, Kouadio Bernard Yao, Amenan Madeleine Kouassi, Bawala Léopold Badalo et N'dri Marcel Kouassi.
Avec la médicalisation de la mort, les soins aux défunts doivent-ils désormais être « l'affaire » de spécialistes ? La toilette mortuaire, pratiquée par les soignants, a-t-elle encore une raison d'être ? L'acte de laver le corps après la mort, fil conducteur de cet ouvrage, explore les confins de deux essences contradictoires. A la sacralité ancestrale du mort s'oppose la technicité et les changements sociétaux induits. Qu'a-t-on à apprendre des pratiques soignantes dans ces derniers soins à la personne ? Démêlant les fils du propre et du sale, de la purification symbolique et religieuse, la toilette funéraire est au coeur du rite de séparation, rite de passage, où s'entremêlent les dimensions morales, laïques et religieuses. Mais la sacralisation-désacralisation, la thanatopraxie, les évolutions sociétales soulèvent l'inéluctable question: toucher le mort, est-ce toucher la mort ? Nul ne peut échapper aux réflexions métaphysiques que les soins aux morts interrogent. Le prendre soin des morts, enjeu éthique pour les soignants et la société ?
Les mathématiques ont beau être qualifiées d'universelles, les élèves issus de l'immigration rencontrent souvent plus de difficultés dans cette discipline que leurs camarades nés en France. Plusieurs facteurs peuvent être avancés pour expliquer ce phénomène. Parmi eux figure la mauvaise maîtrise de la langue française. Mais quelles sont les répercussions exactes des difficultés langagières des élèves sur leurs apprentissages en mathématiques ? La connaissance de la langue usuelle ou la fréquentation des cours de mathématiques ordinaires permettent-elles de surmonter cet obstacle ? À ce propos, il nous paraît intéressant d'observer de plus près comment se déroulent les leçons dans les classes accueillant des élèves allophones. Ces derniers profitent-ils des enseignements au même titre que leurs camarades ? Les difficultés langagières ne perturbent-elles pas l'activité des élèves et de leur enseignant ? Les enseignements proposés par les professeurs qui les accueillent sont-ils adaptés aux spécificités de leur public ? Considérant qu'il convient d'examiner l'ensemble du système didactique pour appréhender correctement cette problématique, nous regarderons en effet aussi bien l'enseignant que ses élèves ainsi que leurs interactions. Pour éclairer ces questions, nous nous appuierons sur des recherches issues principalement de la didactique des mathématiques et du français langue seconde. Nos propres expérimentations auprès de classes accueillant des élèves allophones ainsi que nos analyses des pratiques professionnelles des enseignants nous permettront de compléter cette étude. Ces réflexions nous conduiront à envisager des adaptations ou des dispositifs susceptibles de pallier les obstacles relevés et de faciliter ainsi l'enseignement des mathématiques aux élèves allophones.
« Et voilà, en plus, des souris et de gros rats courant de tous les côtés. Je les entends sous ma tête mordiller la paille, les musettes et faire remuer les gamelles. À chaque instant, il me faut donner des coups sur ma toile de tente que j'ai étendue sous moi et que je ramène sur ma figure car il en passe des quantités. » Avec la Grande Guerre dont le qualificatif n'est justifié que par la durée du conflit et l'ampleur du massacre collectif, les anonymes entrent dans l'Histoire, mêlant leur expérience pétrie de boue et de sang à l'anti-épopée du monde moderne, à l'aube du siècle nouveau. Parmi les oeuvres de fiction souvent marquées par les souvenirs personnels d'écrivains célèbres (Barbusse, Céline, Giono, Genevoix, Dorgelès, Proust...) surgissent des textes d'inconnus, à la frontière du littéraire et du vécu, fragments de vies brisées et témoignages des survivants ou des disparus dont il ne reste que des lettres, des journaux, des mémoires. Ces deux carnets de guerre retrouvés dans une malle font partie de ce patrimoine de l'ombre. Plus que des souvenirs exhumés c'est une résurrection intégrale du passé, n'évoquant pas la gloire des Anciens mais la vie quotidienne humble et prosaïque de tous ces hommes de bonne volonté embarqués dans une aventure qui les dépasse. Au jour le jour, nous les suivons dans leurs pérégrinations, de village en village sur une carte qui n'a rien de tendre et qui indique les étapes d'un long calvaire collectif au seuil de la barbarie moderne. Auguste et Robert sont les témoins et les héros d'un autre temps qui n'est déjà plus le nôtre.
La photographie a engendré une esthétique très novatrice - mais équivoque - du « détail », qui rompt de façon radicale avec l'esthétique classique de la peinture. Un détail photographique demeure irréductible à une partie ou à un élément inséparable de la totalité unifiée d'une image, car la photographie, en raison de la « techno-logique » qui la sous-tend, produit une autonomisation absolue du détail. Mais, à cause des processus technologiques qu'elle utilise, des formes imprévisibles et innombrables d'émergence du détail sont apparues. La capture et le traitement logiciel des images digitales ont même considérablement renforcé l'arbitrarité du détail, y compris - et en particulier - quand la photographie s'empare des « détails » propres à la peinture.
Le nazisme est-il circonstanciel et en cela secondaire dans la démarche de "la" "pensée"? Une "grosse bêtise"? Les Cahiers noirs, incitent à relire tout le corpus connu pour se rendre à l'évidence : non seulement Heidegger n'a eu de cesse de chercher à mieux penser le nazisme qu'il ne s'est pensé lui-même, mais il semble même avoir élaboré un antisémitisme alternatif, "historial", justifiant à sa façon le recours génocidaire au concept de "race". Peut-on admettre qu'il promeuve le "rang" germanique ou propose des interprétations révisionnistes de l'extermination des Juifs d'Europe sous prétexte d'une "pensée" fort spéculative de l'histoire de l'Occident ? Qu'est-ce cela a encore à voir avec de la "philosophie"? Comment comprendre qu'en France et ailleurs, une apologétique plus ou moins discrète perdure ? Il faudrait pourtant envisager d'autres hypothèses de lecture ; plus que celle de l'être, n'est-ce pas en effet la question du mal qui serait au centre du discours heideggerien ? Sa coloration fort manichéenne et comminatoire ne vise-t-elle pas in fine à incriminer quelque "enjuivement" intime et inapparent de la modernité ? Ce, sachant que le nazisme lui-même en serait paradoxalement le point d'orgue. Pourquoi, dans les années 30, Heidegger lui reproche ses demi-mesures ? Le chemin vers un Quatrième Reich s'avérera fort tortueux, surtout lorsque celui qui l'indique voue un culte au secret. Pour enfin exhiber toutes les variétés de mystifications, nous proposons ici de reprendre les oeuvres de Heidegger à partir d'un fil conducteur inédit : la notion d'insurrection.
Qu'est-ce que l'amour ? Et le désir, la passion, les sentiments ? Qu'est-ce que signifie être conscient ? De telles questions sont au coeur de la réflexion sur la subjectivité. C'est parce que nous sommes d'abord des êtres sentants, vibrants, que ces interrogations nous paraissent fondamentales. Avant de prendre position dans les débats sur la valeur du plaisir, l'importance de la croyance, le rôle de l'imagination ou la portée du désir, il est besoin d'approfondir ces termes, d'en bien cerner les contours et de se doter d'une définition aussi exacte que possible. C'est à cette demande que souhaite répondre ce livre. En partant de l'expérience sensible, l'itinéraire proposé ici remonte des affects vers la conscience, à travers l'étude d'une quinzaine de notions clés. Il envisage d'abord les principales formes de vécus subjectifs (besoins, émotions, sentiments, désirs etc.), analyse les fonctions de la croyance et de l'imagination, pour atteindre enfin les régions supérieures de l'esprit, qui permettent à la conscience de se ressaisir par la raison et la volonté. L'orientation et les démarches de ce travail s'inspirent de l'ensemble de la tradition philosophique, mais tiennent compte aussi des connaissances actuelles, notamment des résultats de la psychologie cognitive. Sa recherche est sous-tendue par une enquête de fond sur la psychanalyse, dont il tente de se départir, pour proposer un sol psychologique rationnel plus fidèle au vécu sensible.
Inspiré par le pionnier de la mystagogie patristique, le père Jean Daniélou, et par le spécialiste des religions et liturgies orientales, le père Irénée Henri Dalmais, l'abbé Jean-Pierre présente dans ce volume, une double conception de la mystagogie : pédagogique et herméneutique. Comme pédagogie "active", la mystagogie fait d'abord vivre les rites liturgiques pour les expliquer ensuite aux néophytes. Par cette technique, elle s'avère une méthode efficace pour éduquer à la vie de foi en Jésus-Christ en temps de crise comme le nôtre. Comme herméneutique, elle dévoile le sens des rites, gestes, symboles et textes liturgiques pour permettre aux fidèles chrétiens de vivre de la liturgie et de se laisser transformer par elle ; elle ne poursuit pas une connaissance purement intellectuelle et rationnelle, mais bien une connaissance pratique et existentielle. L'application de cette méthode à l'étude du sacrement de la confirmation le prouve à suffisance. La recherche de l'Abbé Jean-Pierre dépasse la conception réductionniste de la mystagogie, entendue comme catéchèse sur les mystères ; elle étend la mystagogie à toute la liturgie chrétienne. Elle dépasse également le cadre restreint de la liturgie romaine et ouvre la voie à un oecuménisme liturgique, lequel doit prendre en compte le donné liturgique occidental et oriental.
Un regard pluridisciplinaire sur le monde global d'aujourd'hui, reposant sur les enseignements à travers la planète d'un professeur en géopolitique, au parcours atypique. Avec la priorité accordée à la dimension humaine, à l'origine des soubresauts de l'Histoire. Ce livre, à l'intersection de plusieurs genres, contient en conclusion un « abécédaire de l'épanouissement », à l'adresse de tous les habitants de la planète Terre, afin de donner du sens au XXIe siècle.
Melancholia, c'est d'abord l'histoire d'un mariage qui vire à l'échec puis celle de deux astres qui gravitent ensemble dans un ballet cosmique, qui s'attirent dangereusement et qui finissent par se rencontrer dans un fracas inouï. Face au chaos à venir, chacun choisit de vivre les derniers instants en accord avec ses valeurs. La faillite de la science mènera John à se suicider alors que la promesse du néant donnera à Justine la force de construire un tipi, ultime tentative d'habiter le monde au bord de l'abîme. Même si Melancholia met en scène la fin du monde, le film fonctionne avant tout comme un monde autonome capable de totaliser les grandes questions qui agitent l'humanité. Toutes les facettes de l'existence humaine sont passées en revue par Lars von Trier : depuis les questions esthétiques, jusqu'aux problématiques épistémologiques et métaphysiques. En ce sens, Melancholia est un trésor herméneutique inépuisable.
Sans jeu de mots, cette thèse est une merveilleuse invitation au voyage. Défini par l'auteur comme le «?moyen privilégié d'entrer en contact, en interaction et en dialogue ave l'autre?», «?il constitue un procédé de confrontation du Moi avec un univers inhabituel?». Partir pour mieux se retrouver, faire coïncider ses rêves aves la réalité parce que si ailleurs, tout n'est pas mieux, tout EST différent et le miroir ne nous renvoie plus la même image de notre apparence parce que notre moi profond se confronte avec ce qui se dévoile pendant «?l'errance?». Initiation au voyage, talentueusement servie par référence à des auteurs prodigieux, cette thèse est un passeport incontournable pour découvrir ces ailleurs...
Bien que l'homosexualité fasse, progressivement, l'objet de débats publics en Afrique, son étude par les sciences humaines et sociales demeure marginale au sein des universités africaines. L'enjeu de cet ouvrage collectif est, alors, d'amorcer une intellection libre et critique de ce phénomène, en le mettant en rapport avec les systèmes de valeurs qui fécondent les cultures africaines. Quels sont les arguments qui justifient l'homophobie populaire ? Pourquoi l'homophilie est-elle perçue comme une provocation en Afrique ? Comment faire coévoluer le respect de la dignité humaine, des droits de l'homme et les valeurs socioéthiques que défendent les admirateurs de l'éducation sexuelle séculaire, foncièrement, hétérosexuelle ? "L'homosexualité en Afrique, des valeurs du devenir au devenir des valeurs" ouvre des pistes de réflexions inédites pour des intellections responsables et critiques de l'homosexualité en contextes socioculturels africains. Avec les contributions de N'dri Marcel Kouassi, Komi Kouvon, Beugré Armand, Charles Sidibé, Donissongui Soro, Konan David Koffi, Jean-Claude Oulai, Kassi Magloire Gnamien, Jean-Baptiste Koffi, Konan Kouamé Jean-Judicaël, Brou Thomas Ehoussou.
Dans le second tome de sa trilogie consacrée à l'apport de la philosophie en rééducation, l'auteur développe la quête que les deux univers ont en commun d'une « vie bonne » et d'une rééducation permettant à la personne, au patient, de continuer son chemin dans le monde qui l'entoure avec et malgré un handicap. Dans une première partie, elle évoque les liens conceptuels entre éducation, rééducation fonctionnelle et philosophie. Puis elle illustre cet abord théorique par des exemples très concrets de sa pratique rééducative. Autour du thème de la norme et du handicap, elle propose des pistes de rééducation inhabituelles et nouvelles, comme par exemple la recherche et la prise en compte systématiques de ce qu'elle appelle la plasticité normative de chacun, capacité individuelle intrinsèque à tout homme de créer ses propres normes. Ce souci de l'autre dans sa singularité absolue participe d'une démarche philosophique de tout mettre en oeuvre pour qu'un « Je pense donc je suis » se déploie en un « Je peux donc je suis ».De ce fait, ce livre nous concerne tous.
L'inconscient pour Nietzsche ne serait ni une hypothèse ni le champ de la pathologie humaine, c'est plutôt la matrice, la force et la puissance innocente de l'être. Il s'agirait pour nous de repenser l'inconscient à travers une perspective généalogique qui dévoile les stratégies de forces actives inconscientes qui habitent toute nature humaine où l'homme comme l'être se dévoilent comme une force d'exister et une puissance de dominer. Le déploiement des stratégies de forces actives dévoile un instinct politique primitif de conquête et de domination dont l'amour n'est ni une exception ni une contradiction. La thérapie pour l'homme serait de reconquérir cette force inconsciente d'exister par-delà les justifications morales, religieuses et rationnelles et qui n'est que l'amour de la force de la vie.
L'auteur, journaliste hongrois, rédacteur de politique étrangère de "Budapest Soir" il y a soixante ans, vous fait revivre les douze jours magiques de la révolution antisoviétique dans un style personnel et direct. Vous lirez ici comment l'énorme monument de Staline fut scié aux genoux, puis traîné, pour être coupé en mille morceaux de souvenir.
Ce nouvel ouvrage de la collection « Psychologie et Vie Quotidienne » est consacré aux communications et débats qui ont eu lieu lors de la 2e journée des psychogérontologues de la Région Centre (30 mars 2017), ainsi qu'aux réflexions qui s'en sont suivies. Cette journée qui avait pour thème « Le corps et la personne âgée » a été organisée à l'initiative de l'équipe « Gérontologie et vie quotidienne » du laboratoire de Psychologie des Âges de la Vie (EA-2114) de l'université de Tours. Les six contributions que nous présentons convergent toutes vers un même souci : celui d'imaginer, proposer et réaliser des environnements de qualité pour un bien-être toujours meilleur des personnes âgées, que celles-ci soient en relative bonne santé physique et mentale ou qu'elles soient atteintes par la maladie d'Alzheimer et les troubles associés. Ces contributions se font invitations à pratiquer régulièrement des activités physiques, à profiter des bienfaits de promenades en forêts, parcs et jardins, à considérer notre corps vieillissant comme constitutif inaliénable de notre identité, à se laisser guider à l'apaisement par la sensorialité, à favoriser la sexualité en EHPAD lorsque celle-ci est souhaitée, à naviguer judicieusement entre vouvoiement et tutoiement dans la relation de soin.
Les architectures mortuaires invitent à la réflexion. Ces espaces, dans les établissements sanitaires publics, sont héritages de notre histoire et disposent de peu de moyens. On les contourne, on les évite. Pourtant, page après page, pierre après pierre, va se construire l'utopique « thanatopos ». Cet ouvrage vise à penser un lieu « éthique » où il serait possible d'installer le défunt avant les funérailles. A partir de la notion de lieu, le « topos », il s'agit d'avancer aux limites, de cheminer à travers le labyrinthe et pénétrer ces murs jusqu'à l'intime. Alors que la mort est violence faite à l'homme, le tabou est une réponse apportée par les hommes, le sacré est l'autre porte à ouvrir. Regards philosophiques et politiques se croisent pour qu'ici l'atmosphère ne soit plus épaisseur mais que l'ombre se dérobe à la nuit et qu'au fil de la plume se dégage une nouvelle clarté. Comme la flamme vacillante se pose sur ces yeux clos, la pensée peu à peu emplit ces lieux d'une nouvelle lueur. La chambre s'enveloppe d'un manteau de sommeil et apporte au visiteur un nouveau souffle. Le murmure des mots cherche écho dans le silence. Doucement, les murs s'imprègnent de sérénité et diffusent un sentiment de paix. Imperceptiblement, en ce « thanatopos » s'immisce la vie. Est-ce folie que de penser notre société capable d'une telle création? Est-ce là une utopie ?
« Il a rapidement émergé deux problématiques évidentes qui sont les liens entre la créativité et l'intelligence d'une part, les liens entre la créativité et la vie émotionnelle et intuitive d'autre part [...]. C'est surtout l'approche conative qui sera développée ici et la démarche restera une démarche essentiellement naturaliste - introspection des sujets en situation créative - puisqu'il me semblait indispensable de mettre en lumière toute l'importance de la problématique émotionnelle et du caractère individuel présents dans la créativité. Le travail auprès d'eux ayant su révéler d'une façon particulièrement intéressante ces deux aspects. En d'autres termes, l'étude auprès des artistes et scientifiques m'a fait saisir toute l'importance des sous-processus individuels s'impliquant et s'intriquant à un processus créatif ou encore moteur créatif se résumant incomplètement comme un ensemble de savoir-faire et d'intuition. » Quand on parle de créativité, l'on recourt fréquemment au champ lexical de la lumière... et pourtant, les mécanismes à l'oeuvre derrière ce processus demeurent opaques, ténébreux, comme inexprimables. Faisant la synthèse de ses recherches et réflexions sur le sujet, notamment en confrontant art et sciences, S. Huret lève un pan du voile sur ce génie proprement humain en convoquant idées et concepts qui clarifient notre compréhension des personnes dites créatives. Étayé encore par des témoignages précieux, soutenu aussi par toute la fascination de l'auteur pour ceux qui inventent et créent, ce texte nous entraîne, avec respect et curiosité, sur cette terra incognita où tout reste à défricher.
Miroir de l'âme et de la société par excellence, le roman, l'un des genres majeurs de la littérature, demeure un pont de soupir au relent thérapeutique. En effet, l'oeuvre romanesque, de par sa polyphonie et sa porosité, est un espace de projection et un laboratoire d'expérimentation du vécu social. Ainsi, c'est naturellement que le Sénégalais Boubacar Boris Diop et le Sud-africain André Brink, soucieux de juguler les maux dont souffrent leur société à savoir la prévarication et l'apartheid, utilisent le roman pour dévoiler la logique des révoltes qui émergent et contestent les idéologies du pouvoir dominant. En fait, la révolte sourde dans l'âme et l'esprit de tout individu houspillé et bafoué. Elle requiert et exige vengeance et justice. Les protagonistes des oeuvres romanesques d'André Brink et de Boubacar Boris Diop s'illustrent par leur amour de l'humain et de la justice. Aussi s'organisent-ils pour contrer les processus de déshumanisation et de spoliation mis en branle par les autorités politiques.
« Pour vingt ans nous devons empêcher ce cerveau de fonctionner ». C'est par ces mots que le représentant du ministère public, Michele Isgrò commente la sentence qui, le 4 juin 1928, condamne Gramsci à une peine de 20 ans 4 mois et 5 jours de prison. Pourquoi un tel acharnement ? Parce que Mussolini savait combien pouvait être « dangereux », pour le pouvoir fasciste et pour les classes possédantes, un révolutionnaire, secrétaire général du jeune Parti Communiste d'Italie, qui savait allier de façon aussi magistrale profondeur théorique et volonté politique, vision stratégique et habileté tactique. En Gramsci, l'homme de culture et le dirigeant communiste ne font qu'un : en effet, ce n'est pas seulement pour se faire l'historien de la République jacobine ou du Risorgimento, par exemple, que Gramsci s'intéresse à ces grands moments de l'histoire européenne, mais c'est aussi, et surtout, pour examiner et comprendre comment, dans des conditions historiques déterminées, se sont construites ces volontés collectives qui sont les véritables actrices de l'histoire. Et construire une nouvelle volonté collective capable de renverser la domination planétaire du capitalisme libéral, n'est-ce pas le problème politique majeur de notre époque ? La pensée de Gramsci peut nous aider à le résoudre : c'est en cela que par beaucoup d'aspects elle est toujours vivante.
La sécurité civile des États de la Communauté Économique et Monétaire de l'Afrique Centrale, dont la mission première est de protéger les personnes, les biens et l'environnement fait face à la diversité des risques et des crises contemporains. La vulnérabilité et l'insouciance quasi généralisées dans cette partie de l'Afrique, aggravées par des contraintes chroniques dues à la pauvreté et la faiblesse des cadres institutionnels les exposent aux conséquences meurtrières et désastreuses des catastrophes. La situation est préoccupante ; mais la matière peine à rentrer dans les priorités des politiques publiques, tant en interne dans le cadre de chaque État de la C.E.M.A.C, que sur le plan sous régional. Les actions initiées çà et là au plan institutionnel, juridique et humain demeurent timides... Ce catastrophisme étale l'absence de développement de la sous-région et la faible diffusion des technologies et des savoirs. Face à cette situation inédite, outre la prévention des risques, l'on a préconisé de briser les sentiments d'impuissance, d'apprendre à affronter la catastrophe, à cesser de l'imaginer dans un futur improbable ; mais à la penser au présent, à expérimenter les capacités de résister et de résilience. Il devient dès lors essentiel de renouveler l'organisation générale de la sécurité civile des États de la C.E.M.A.C. À cet égard, l'émergence et /ou le renforcement d'un modèle communautaire de protection des personnes consoliderait le dispositif sous régional de sécurité civile. La recherche d'une gouvernance éclairée et participative peuvent aussi être des vecteurs minimaux, mais puissants de relance d'une garantie de la sécurité humaine et des droits fondamentaux en situation de crise.
Cet ouvrage est tout à la fois un exercice de réflexion, un compagnon de voyage, une méditation et un témoignage sur une époque qui m'a fait rêver au changement et plus encore, le refus d'une résignation au monde tel qu'il m'a été fait, une aventure intellectuelle, l'exploration du « même », du « proche » et « du lointain », un départ à la rencontre de soi-même car « je » est un « autre » comme nous le disons et redisons encore avec Arthur Rimbaud. L' « utopie » est un lieu qui ne s'avoue pas. Quand la mémoire s'en retire c'est l'histoire qui s'installe. Villes neuves et nouvelles sont les symptômes des impossibles poliorcétiques. La typicité et la marginalité de certaines expériences poussent à en chercher la singularité dans un retour sur une position, celle d'un objet complexe l'urbain : son utopie mise en perspective à partir de son cadre, un lien social à l'origine d'un projet de renouveau volontaire - son moment - pose la question des représentations d'un ensemble de protagonistes et cerne une demande sociale, interroge sur les affaires des uns et des autres : militant, intellectuel, chercheur, « animateur de l'enfance » sur un terrain initial, « initiatique » où concept et mythe s'entrecroisent dans un mouvement de soi vers l'autre : le « moment » utopique donne à la fois le temps et l'élan d'un premier mouvement et une première parenthèse. Surgit l'habitant lointain d'un univers exposé à l'incertaine et aléatoire présence de l'enquêteur. Il s'agit de trouver quelque raison d'être à « être habitant », réhabiliter une ambulation de proximité. Dans les rêves d'intégration il s'agit de prendre le monde au mot. Le sociologue prudent saura tenir sa langue et échapper au choc des valeurs. La neutralité axiologique n'épouse pas nécessairement les incertitudes partisanes. Il faut raison garder et quitter les certitudes de la reproductibilité. Penser le social ni plein ni vide mais incertain et flou et, considérer les débords. Reposer le problème de la singularité dans la compréhension du social, de l'invention des moyens de l'échange, d'une labilité de l'être, de l'insaisissable haleine à la respiration profonde, en deçà des laxismes et des crispations épistémologiques, retrouver les coeurs des variations, rencontrer dans l'interposition les voix du social, un accès au monde et à une figure de l'humain qui en subvertit les déformations.
Instituées pour contrôler les maniements de fonds-clients des avocats, les CARPA, symboles de probité et de rigueur, gèrent également les deniers publics affectés à la rétribution des avocats accomplissant des missions au titre de l'AJ. Indissociables du paysage juridique et judiciaire français, elles restent cependant méconnues. L'auteur, qui analyse leur statut juridique en examinant les règles qui les régissent, en imagine l'évolution. Premier ouvrage consacré aux CARPA, cette thèse s'adresse notamment aux bâtonniers, dirigeants de CARPA, avocats et élèves avocats qui s'intéressent à leur objet et leur fonctionnement. Ils y trouveront en outre des informations pratiques indispensables.
Éric Fardet propose une redéfinition du terme « vocalese » au profit de l'acception « transcription pour voix en jazz ». Il s'appuie sur cette nouvelle définition pour rassembler les groupes Double Six, Swingle Singers et Quire au sein d'une école parisienne de jazz vocal, école vocale d'improvisation simulée (Hodeir, 1997) qui adopte la technique de transcription comme pratique commune aux trois groupes vocaux. Il replace aussi ces techniques musicales au sein des phénomènes onomatopéiques et resitue les pratiques polyphoniques au sein du jazz. Il étudie enfin différentes écritures du «vocalese» (Double Six, Swingle Singers) et compare le style des Double Six à celui du groupe Lambert, Hendricks & Ross.