Pour pouvoir parler de déclinaisons, il faut qu'il y ait une racine commune à partir de laquelle les flexions puissent pousser. Cette racine partagée qui marque la nature profonde de la nostalgie est la condition d'excentricité, c'est-à-dire le sentiment d'un manque de coïncidence entre l'individu et son centre, son idée de centre, que ce centre soit symboliquement résumé dans un lieu, un temps, une personne ou autre. La nostalgie, à sa racine, est la mesure affective de la distance qui sépare le moi du chez-soi, c'est la (dé)mesure de la désunion : « [...] si l'on me retient loin de ce que j'aime, je me sens excentrique à la vraie vie », l'écrivait Merleau-Ponty. L'histoire de la nostalgie s'esquisse comme une histoire de déclinaisons qui s'accordent à une époque, à un milieu (géographique, politique, culturel) et aux expériences personnelles des individus, dévoilant des tensions symptomatiques d'un contexte et, en même temps, des tensions spécifiques individuelles. Dans cette perspective, la nostalgie chez les quatre poètes ici analysés et le rôle que ce sentiment joue dans leurs oeuvres montrent autant des sonorités spécifiques pour chacun d'entre eux que des « harmoniques » qui se répandent de l'un à l'autre.
L'étude des rapports entre traduction et culture littéraire et théâtrale constitue un objet pertinent pour une histoire des traductions qui prenne en compte aussi bien l'histoire des mentalités que la nature des stratégies et des procédés mis à l'oeuvre. Quels textes furent traduits et par quels traducteurs ? Quels effets ont-ils produit sur les systèmes littéraires et culturels portugais et espagnols ? Quels rapports de force s'instaurent entre des mouvements d'affirmation de la culture nationale et des vagues d'imitation de la culture littéraire et théâtrale françaises ? Les études qui intègrent ce volume contribuent à une meilleure connaissance des rapports qui se sont entretenus entre la France et la Péninsule ibérique, par la traduction, entre le XVIIIe et le XXIe siècles.
Ce travail a été financé par des fonds nationaux, à travers la FCT - Fundação para a Ciência e a Tecnologia, I.P., dans le cadre du projet UID/ELT/0509/2013.
Les contributions réunies dans ce volume explorent la question du toucher au croisement de la littérature, des arts et de la médecine, l'interrogeant d'un point de vue historique, symbolique et social, dans ses dimensions physique (le kinesthésique) et communicable à autrui (le kinésique). Si l'haptologie a de tous temps interpellé les formes et les pratiques, il s'avère intéressant de voir de quelles manières elle répond à une démarche pluridisciplinaire et prospective, à une époque où les notions de rapport, de contact, de sensation et d'expérience se redéfinissent sans cesse. Précieux dans la compréhension d'un faire artistique qui confère au geste et au corps un rôle primordial, le toucher est également associé à la maîtrise d'une technique médicale, clinique et relationnelle, qu'il convient de mettre en perspective.
Des aventures des pionniers, en passant par les premières compagnies aériennes, jusqu'à l'âge du jet et, de nos jours, les opérateurs à bas prix, l'aviation a connu d'importantes avances qui ont profondément modifié notre rapport au temps et à l'espace. Dans cet ouvrage, historiens, politologues, géographes, littéraires, spécialistes en urbanisme et en sciences de la communication offrent des approches variées sur ce phénomène aux conséquences multiples.
Camus est l'auteur francais qui a interpelle et seduit le plus de lecteurs dans le monde entier. Sa perception lucide de la condition humaine, de ses joies et de ses miseres, donne a son oeuvre une veritable universalite. Il s'adresse a notre conscience individuelle et collective, il nous invite a reflechir au simple fait d'exister et a nous interroger sur notre place dans l'univers.
Aujourd'hui, cent ans apres sa naissance, quelle place occupe Camus dans la litterature francaise et etrangere ? Quel est le bilan litteraire de son oeuvre ? Quelle est la pertinence et l'actualite de sa pensee ?
Questions qui ont fait l'objet du Congres International - Centenaire Albert Camus - Lectures interdisciplinaires, en novembre 2013, a l'Universite d'Evora (Portugal). Ce congres est a l'origine de ce volume.
Issu d'une rencontre réalisée à l'Université du Minho, ce volume offre un parcours à travers la production littéraire, artistique, culturelle, politique et intellectuelle qui façonne l'imaginaire de la « Belle Époque ». Comment s'inscrit-elle dans nos représentations de la modernité, de ceux qui la vécurent, ainsi que de ceux qui la revisitent depuis notre contemporanéité ? Sur quelles limites du réel bute le mythe d'une Époque dite Belle, qui l'a été autant ou plus après sa disparition ? Comment cerner ses impasses, ses apories, ses inerties ? Quels sont les mondes possibles qu'elle ouvre à une conscience attirée par sa dynamique créatrice et sa prégnance symbolique ? D'où vient, en effet, sa magie ? Peut-être de la joie de vivre, que Victor Prouvé a su magistralement peindre dans son tableau éponyme ; peut-être de la croyance au progrès, matérialisée dans la Tour Eiffel, qui a transformé la nuit en jour, et de l'exaltation de la beauté, qui a rendu féérique la capitale ; peut-être du dandysme, hérité de Charles Baudelaire, et de la flânerie, car, selon Victor Hugo, « Errer est humain, flâner est parisien » ; peut-être de son figement temporel et de son irréalité mythique, qui l'ont transformée en un monde perdu quand la guerre est venue. Autant de questions qui ont suscité l'intérêt des auteurs des contributions réunies dans ce volume.
Si le nom d'Albert Camus continue de s'imposer, aujourd'hui, comme une figure incontournable de la littérature et de la pensée françaises du XXe siècle, il n'en est pas moins demeuré une personnalité cosmopolite, sensible à ce que la culture ne s'accomplit véritablement qu'en l'absence de sectarisme, qu'en présence de l'autre _x001A_ avec ou envers lui, peu importe. C'est aussi tout le sens de la collection « Exotopies » de l'Association portugaise des études françaises (A.P.E.F.) qu'inaugure ce volume : présenter des travaux sur la langue et la culture françaises, mais d'un point de vue singulier, celui d'un autre pays. En lisant ce bouquet assez restreint, mais en même temps assez diversifié de travaux sur l'oeuvre d'Albert Camus, on relèvera donc qu'il ne s'agissait ni d'un hommage, ni d'une commémoration, si contraires au vif esprit de la littérature, mais de s'aviser de l'exceptionnelle variété et actualité de son oeuvre. En ce sens, il n'est de meilleure figure pour débuter cette collection à visée cosmopolite que celle d'Albert Camus, chez qui le geste d'écriture est totalement inscrit dans une vocation humaniste. Celle-ci ne s'entend pas dans un sens moraliste, mais dans un sens existentiel _x001A_ sinon existentialiste _x001A_, qui veut que chacun se définisse par le souci qu'il a de l'autre, et que l'humanité s'apparaisse comme le perpetuum mobile de l'histoire, en même temps que son point fixe, son sens dernier.
Admiré par Baudelaire et Mallarmé, Théophile Gautier n'est plus vu aujourd'hui comme le « génie limité » dont l'affubla Lanson au début du XXe siècle. L'effervescence des études critiques de ces dernières décennies a bien rendu justice à l'oeuvre d'un écrivain à la fois idolâtré et marginalisé par ses contemporains. La présence de Théophile Gautier au Portugal, du fait soit du nombre de traductions, soit de l'impact de son imaginaire sur les artistes lusophones justifie pleinement que l'on s'y attache et que l'on accorde à cet écrivain une place au sein de la collection Exotopies. Les études présentées ici portent aussi bien sur des écrits romanesques notamment les récits fantastiques et quelques récits de voyage, que sur d'autres facettes de l'oeuvre de Gautier moins retenues par la critique, tels que les rapports de la création gautierienne avec d'autres manifestations artistiques : avec la peinture, le théâtre ou la danse. Elles éclairent les contours de sa vision du monde et de ce qu'il appela la « transposition de l'art ». Oui ! Gautier assume son temps. Mais il l'assume en s'évadant.
"Nom majeur du patrimoine littéraire et philosophique du XXe siècle, Albert Camus a écrit que « la vraie générosité envers l'avenir consiste à tout donner au présent ». Son contemporain Vergílio Ferreira, lui aussi romancier et philosophe, semble partager avec Camus cette même urgence de l'action généreuse, « parce que la vie est la valeur maximale ».
Dans le sillage d'autres initiatives camusiennes au Portugal, à l'occasion du Centenaire de la naissance de l'auteur de l'Étranger et soixante-dix ans après la création de Manhã Submersa/Matin Perdu, le roman le plus connu de l'écrivain portugais, la collection « Exotopies » célèbre les lumières que l'oeuvre d'Albert Camus et celle de Vergílio Ferreira, toutes deux imprégnées d'engagement, de révolte et d'humanisme, continuent de propager aujourd'hui sur la pensée et la critique contemporaines. Au croisement entre la littérature et la philosophie, des passerelles se dessinent autour du dialogue interdisciplinaire instauré au sein de ce volume entre les deux écrivains. Ceci pourrait bien révéler le cheminement de la réflexion à la création, mettant au jour l'historicité de leur oeuvre ainsi que leur consécration dans le patrimoine culturel européen.