Fayard
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Le destin de l'Occident ; Athènes, Jérusalem
Jacques Attali, Pierre-Henry Salfati
- Fayard
- Divers Histoire
- 31 Août 2016
- 9782213675572
« Il peut paraître étrange, à un moment où seul l'avenir devrait nous concerner, de s'intéresser aux relations entre deux modes de pensée nés quelque part au Moyen-Orient il y a plus de trois mille ans. Et pourtant, rien n'est plus actuel, plus nécessaire, plus urgent, pour comprendre ce qu'est réellement notre monde, que de dévoiler les fondements de la civilisation occidentale, aujourd'hui pratiquement planétaire, si admirée et si détestée à la fois. Et ces fondements sont essentiellement juifs et grecs. Judéo-grecs.
Le dialogue entre la pensée juive et la pensée grecque a construit un système de valeurs, une utopie sociale glorifiant l'individu, la liberté d'être et de penser, la raison, la découverte, l'accumulation de connaissances, l'amélioration du monde matériel. C'est de lui que surgit le refus de la fatalité, du destin, et que découle la liberté des hommes s'imposant contre celle des dieux. C'est avec lui que commence le règne de la raison, inséparable de celui de la liberté. Si les Juifs prônent l'infini et l'espérance, si les Grecs prônent le fini et la raison tragique, ils convergent autour d'une idée qui fonde l'Occident : l'Unité. De Dieu. De l'Homme. Des causes.
Pourtant, cette double origine judéo-grecque si fondatrice est totalement méconnue : si la civilisation occidentale admet sa filiation grecque, elle néglige en général ce qu'elle doit au judaïsme, préférant se référer au christianisme.
C'est donc une sorte de psychanalyse de la civilisation occidentale, pour dévoiler et assumer ses secrets de famille, que nous proposons dans ce livre. Car là réside la condition de sa survie. »
J.A. et P.-H.S.
Jacques Attali est écrivain, économiste, auteur de plus de 50 ouvrages, ancien conseiller de François Mitterrand. Il fut le créateur et premier président de la banque BERD. Il dirige actuellement Positive Planet (anciennement PlaNet Finance), la plus importante institution mondiale de soutien à la microfinance.
Pierre-Henry Salfati, réalisateur et scénariste, enseigne la philosophie juive. Il a publié Talmud. Enquête dans un monde très secret (Albin Michel/Arte Éditions, 2009). -
L'Etat importé ; l'occidentalisation de l'ordre politique
Bertrand Badie
- Fayard
- Espace du politique
- 12 Novembre 1992
- 9782213652320
Depuis les Lumières, la domination politique exercée par l'Occident sur les " pays du Sud " s'accompagne _ quand elle ne la précède ou ne la prépare pas _ d'une domination culturelle plus forte encore. La décolonisation, loin d'avoir fourni aux sociétés du tiers monde le moyen de trouver une organisation qui corresponde à leurs traditions, a même fortement accentué ce phénomène.
Derrière une rhétorique de rupture, les leaders du Sud se font les importateurs de notre droit, de notre modèle de développement, de notre forme de démocratie représentative (même s'ils l'accommodent à leur façon). Ces Princes, leurs entourages et leurs intellectuels pensent, agissent, construisent largement en fonction de nos catégories.
Mais, hormis peut-être au Japon, cette occidentalisation imposée échoue parce que la greffe est impossible. Cet échec rend largement compte de l'évolution du monde contemporain depuis 1945. Il éclaire l'histoire de l'Inde comme celle du monde arabe et de l'Afrique noire, ou encore de l'Amérique latine et de la Chine, voire les incertitudes propres au Japon d'aujourd'hui. En dépit des espoirs que les élites ont mis en elle, l'occidentalisation, manquée, est cause de multiples traumatismes sociaux et facteur de désordre dans les relations internationales.
La cacophonie d'un monde qui ne parvient ni à unifier ses règles du jeu ni à faire leur place aux différences constitue sans nul doute la plus lourde des menaces qui pèsent sur l'humanité.
Professeur à l'Institut d'études politiques de Paris, Bertrand Badie est l'auteur de nombreux ouvrages, en particulier de Les deux Etats. Pouvoir et société en Occident et en terre d'islam (Fayard, 1987). -
La notion de génie a été l'un des grands mythes de la modernité. Depuis la fin du XVIIIe siècle, elle justifie l'existence d'individus exceptionnels, pourvus de facultés créatrices ou intellectuelles qui les distinguent des autres hommes.Artistes (Beethoven, Picasso), scientifiques (Einstein), mais aussi génies militaires (Napoléon) et même génies du mal (Hitler), ils fascinent le commun des mortels et suscitent, parfois, un véritable culte.
Le génie, nous révèle Darrin M. McMahon, possède une plus longue histoire, qui plonge ses racines dans l'Antiquité grecque et dans la sainteté médiévale. Dans une fresque magistrale, savante et alerte, il retrace l'évolution de cette « fureur divine » qui inspirait les poètes de la Renaissance. La conception romantique du génie apparaît alors comme une conséquence paradoxale du désenchantement du monde et de l'égalité démocratique : l'homme de génie est devenu à son tour créateur.
Si les tentatives d'explication scientifique du phénomène se sont, en vain, multipliées, ce livre montre tout ce que le génie moderne, apparemment sécularisé, doit à l'héritage religieux. Car croire en l'existence d'êtres géniaux, n'est-ce pas affirmer la présence du merveilleux et le pouvoir surnaturel de certains hommes ?
Darrin M. McMahon, professeur d'histoire européenne au Dartmouth College (États-Unis), est un des principaux acteurs du renouveau actuel de l'histoire intellectuelle. Il mène un travail ambitieux de généalogie, sur la longue durée, des grandes notions de la culture occidentale. Ses précédents livres, notamment Happiness, A History (Grove Press, 2006), ont été traduits dans de nombreuses langues. -
Ils ont écrit ton nom, liberté ; des héros, des drames, des combats : une histoire engagée
François de Closets
- Fayard
- Documents
- 18 Mai 2016
- 9782213703336
Depuis deux mille cinq cents ans, il s'est toujours trouvé des hommes pour braver les interdits, penser ce qui ne se pensait pas, dire ce qui ne se disait pas. Certains ont laissé leur nom dans l'histoire : Socrate, François d'Assise, Érasme, Montaigne, Luther ; la plupart - Pierre Valdo, Sébastien Castellion, Michel Servet, Étienne Dolet, les hérétiques, et tant d'autres - ont disparu de notre mémoire. La révolte de ces hommes hors du commun fut impuissante face à l'ordre établi.
François de Closets fait revivre cette histoire méconnue de la liberté qui se révèle tout aussi haletante, tragique, exaltante que celle des batailles, des vainqueurs et des sacres. Elle s'ouvre et se ferme sur le procès de deux philosophes qui préférèrent mourir plutôt que de renier leur pensée : Socrate a bu la ciguë en 399 avant notre ère ; Giordano Bruno est mort sur le bûcher en 1600. Le premier est célèbre, le second oublié. Il prend dans cette fresque toute sa place. Au terme d'un procès de huit années devant l'Inquisition, ce penseur impénitent doit renier ses écrits pour avoir la vie sauve. Il refuse et périt brûlé vif. De tels actes d'héroïsme ne sont pas rares dans cette saga de la liberté.
Cette histoire montre que notre individualisme est très éloigné de l'idéal pour lequel ces hommes et ces femmes se sont battus, que la liberté n'existe pas « en soi » mais « en situation », et que les peuples aspirent à la sécurité culturelle plus qu'à la liberté individuelle. Autant d'enseignements précieux pour réinventer notre art de vivre ensemble, pour réconcilier la liberté de chacun et la solidarité de tous.
François de Closets, journaliste et écrivain, est l'auteur d'une vingtaine d'ouvrages. Ses derniers livres, L'Échéance : Français, vous n'avez encore rien vu (coécrit avec Irène Inchauspé ; Fayard, 2011), Maintenant ou jamais (Fayard, 2013) et La France à quitte ou double (Fayard, 2015) ont rencontré un grand succès.