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Gallimard
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Qu'est-ce que le nazisme ? problèmes et perspectives d'interprétation
Ian Kershaw
- Gallimard
- Folio histoire
- 1 Mars 2017
- 9782072490804
Dès sa publication en France en 1992, l'ouvrage de Ian Kershaw s'est imposé comme une indispensable référence. En effet, le retard pris par l'école historique française dans l'étude du national-socialisme est inquiétant, alors qu'à l'étranger les travaux sur le nazisme ne se comptent plus. Au point que même le spécialiste a du mal à en faire le tour. Quant au phénomène lui-même, il soulève de façon aiguë un certain nombre de problèmes théoriques d'interprétation d'une redoutable complexité. Aussi n'est-il pas surprenant que les étudiants aient quelque difficulté à s'orienter dans le dédale des analyses et contre-analyses dont l'histoire de l'Allemagne moderne continue de faire l'objet.
On comprend dès lors l'impact qu'a eu et continue d'avoir Qu'est-ce que le nazisme ? Ian Kershaw dégage les problèmes clefs d'interprétation de la dictature nazie, explique de manière concise les zones d'ombre ou les débats qui demeurent, montre comment les historiens d'horizons différents les ont traités et, enfin, tente d'évaluer les positions en présence. -
Les avant-gardes artistiques (1918-1945) ; une histoire transnationale
Béatrice Joyeux-Prunel
- Gallimard
- Folio histoire
- 17 Mai 2017
- 9782072722844
Pour qui entreprend une histoire transnationale des avant-gardes picturales au XXe siècle, la période que couvre ce deuxième tome, de 1918 à 1945, est la plus périlleuse. Car l'auteur doit se colleter avec le grand récit dicté par les avant-gardes elles-mêmes.
Tout commence-t-il avec Dada ? Dès 1910 s'observait la remise en cause symbolique de Paris par les nouvelles générations dans de nouveaux centres : Berlin, Munich, Londres, Bruxelles, Cologne, Moscou, New York. Dada, certes né dans les charniers de la guerre, fut plus encore issu de l'histoire de la modernité artistique et littéraire depuis les années 1850.
Les avant-gardes furent-elles idéologiquement progressistes ? Les acteurs ne cessèrent de négocier entre les logiques révolutionnaires, leurs ambitions nationales et celle de continuer tant bien que mal à se faire connaître sur la scène internationale.
Loin que Paris fût la capitale unique, d'une ville à l'autre, et en particulier à Berlin, Prague, Budapest, Vienne, Moscou, mais aussi à Amsterdam, Bucarest, Zagreb, Barcelone et jusqu'à São Paulo, Mexico et au Japon, apparurent régulièrement de nouveaux groupes décidés à se faire une place dans le courant du modernisme.
En revanche, l'entre-deux-guerres fut une période de marchandisation aboutie de l'innovation artistique. Dans les pratiques et les débats des avant-gardes, une problématique était récurrente : quelle place faire au marché, surtout en cas de succès ? -
Naissance de Dieu ; la Bible et l'historien
Jean Bottéro
- Gallimard
- Folio histoire
- 26 Juin 2017
- 9782072496974
La Bible n'est pas seulement le réceptacle de la Parole de Dieu adressée à des multitudes de croyants : elle est aussi, elle est d'abord, un opulent recueil de documents écrits et compilés par des hommes du deuxième et surtout du premier millénaire avant notre ère, dont elle convoie jusqu'à nous la vieille aventure. Longue histoire au cours de laquelle se sont formées, pour une large part, notre propre vision des choses, notre hiérarchie des valeurs, nos règles de comportement, notre mentalité, notre conscience.
Comme tous les vestiges du passé, la Bible relève donc de l'Histoire. Jeter sur elle un regard d'historien, tel est, dans ce livre, le propos de Jean Bottéro, spécialiste des religions sémitiques anciennes.
Il découvre, avant tout, dans la Bible ainsi considérée, parmi d'archaïques réflexions, parfois naïves, souvent profondes, touchant les grands problèmes qui hantent toujours notre esprit - la raison d'être ultime des choses, le sens dernier de notre existence et le pourquoi du Mal universel -, le lent cheminement qui a mené les vieux Israélites à la conviction de l'unicité absolue et de la totale transcendance de Dieu - la seule idée vraiment neuve et puissante qu'ils aient laissée derrière eux. -
Histoire de la sexualité Tome 4 ; les aveux de la chair
Michel Foucault
- Gallimard
- Bibliothèque des Histoires
- 8 Février 2018
- 9782072700354
Les aveux de la chair, qui paraît aujourd'hui comme le quatrième et dernier volume de L'histoire de la sexualité, est en réalité le premier auquel Michel Foucault s'était consacré après La volonté de savoir (1976) qui constituait l'introduction générale de l'entreprise. Il s'attachait aux règles et doctrines du christianisme élaborées du IIe au IVe siècles par les Pères de l'Église.
Au cours de son travail, Michel Foucault s'était persuadé que l'essentiel de ces règles et doctrines était un héritage remanié des disciplines de soi élaborées par les philosophes grecs et latins de l'Antiquité classique et tardive. C'est à leur analyse qu'il s'est courageusement appliqué, pour aboutir en 1984 à la publication simultanée de L'usage des plaisirs et du Souci de soi.
L'ouvrage est donc un premier jet auquel Foucault comptait se remettre au moment de sa mort. La réunion des quatre volumes de Dits et Écrits (1954-1988) publiés en 1994, puis celle des treize volumes des Cours au Collège de France en ont retardé l'édition et la mise au point dont s'est chargé Frédéric Gros, l'éditeur des oeuvres de Michel Foucault dans la Bibliothèque de la Pléiade.
Tel quel, cet ouvrage constitue un état très élaboré de la pensée de l'auteur et peut-être le coeur même de l'entreprise, la partie à laquelle il attachait assez d'importance pour se lancer dans l'aventure. -
La reconstruction des nations ; Pologne, Ukraine, Lituanie, Biélorussie, 1569-1999
Timothy Snyder
- Gallimard
- Bibliothèque des Histoires
- 12 Octobre 2017
- 9782072591761
Dans ce livre devenu un classique, Timothy Snyder retrace, sur une durée de plus de quatre siècles, la construction et la reconstruction de l'idée de nation dans l'Europe du Nord-Est.
À l'orée de l'ère moderne, en 1569, la création de la République polono-lituanienne, dite aussi des Deux Nations, couvrant les territoires polonais, bélarusse, ukrainien et balte actuels, correspondait à une vision de la nation ouverte, fondée sur la citoyenneté et tolérante envers les langues et les religions. Elle acceptait en outre les diverses allégeances politiques en vigueur sur ces territoires.
Selon l'historien américain, cette formule s'est brisée avec la révolution polonaise de 1863 et l'émergence du nationalisme moderne, qui lui a substitué une conception de la nation ethnique, linguistique et religieuse. Cette dernière ne tardera pas à susciter d'innombrables atrocités, qui culmineront, pendant et après la Seconde Guerre mondiale, dans les provinces de Galicie et de Volhynie, avec les effroyables nettoyages ethniques réciproques entre Polonais et Lituaniens.
La synthèse de cette histoire de longue durée, Timothy Snyder la trouve dans le fait que, quelque amère qu'ait été la reconstruction de ces nations, une politique polonaise sage et ambitieuse a abouti, après la chute du communisme, à l'abandon des revendications territoriales entre voisins orientaux, au gel des frontières issues de la décomposition de l'Union soviétique et à la construction de l'avenir par une intégration à l'Ouest (OTAN et Union européenne).
Selon Timothy Snyder, le legs de la vieille République polono-lituanienne protomoderne reste ainsi visible à qui se donne la peine de regarder sous les cendres de la géopolitique moderne. -
Sports et loisirs ; une histoire des origines à nos jours
Laurent Turcot
- Gallimard
- Folio histoire
- 14 Novembre 2016
- 9782072684371
Les sociétés occidentalisées ont fait des loisirs et des sports des référents et des modèles qui imprègnent toutes les sphères de la vie. Ces pratiques sont au croisement des grandes tendances politiques, économiques, sociales et culturelles de chaque époque. En faire l'histoire, c'est approcher l'essence même de chaque grand moment de l'Occident. Comment comprendre, en effet, l'avènement de la gymnastique au XIXe siècle sans prendre en considération la montée des États-nations ? Comment évaluer les divertissements à la cour de Louis XIV sans parler des fondements de l'absolutisme royal ? Que dire des tournois médiévaux si on ne prend pas la peine de les reconduire à l'idéal du combattant que les chevaliers incarnent dans cette société d'ordre ? Ou encore, comment analyser les Jeux olympiques antiques sans les rattacher à la culture du corps, à la médecine et à la philosophie qui se développent dans l'Antiquité ? Vouloir détacher ces pratiques des sociétés qui les fondent et les organisent est - à proprement parler - impossible.
La société contemporaine invente les sports, mais sans aucune génération spontanée. Ainsi le sport doit-il beaucoup à cette vaste tranche chronologique qui va de la chute de l'Empire romain d'Occident à l'orée de la Révolution industrielle : on y relève des pratiques divertissantes et des formes d'exercices physiques auxquelles l'époque contemporaine a puisé.
Cet ouvrage original revient, pour chaque époque, sur les manières d'être, de vivre et de penser qui furent autant d'acceptions différentes de ce que l'on appelle aujourd'hui "loisir" et "sport".
Prix du Document sportif 2017 -
L'identité nationale, une énigme
Marcel Detienne
- Gallimard
- Folio histoire
- 16 Avril 2014
- 9782072413865
En 2007, une nation qui fait partie de l'Europe, comme tant d'autres, décide de créer un ministère de l'Identité nationale. Pour familières qu'elles paraissent, les notions d'identité et de nation se révèlent d'une complexité qui éveille la curiosité de l'histoire et de l'anthropologie. Aussi, conjuguant les deux disciplines, Marcel Detienne met en perspective quelques manières radicalement différentes de se représenter ce qui semble faire partie du sens commun, à savoir ce que nous sommes ensemble et ce que les autres ne sont pas. Ces manières sont autant de fictions du passé ou du présent : le pur Celte de Padanie, en Italie ; l'Hindou-hindouiste à racines védiques, dans l'Inde contemporaine ; le Japonais né de la terre des dieux sans autres prédécesseurs ; l'Athénien qui se veut pur rejet de la Terre autochtone ; l'Allemand historial d'hier, plus grec que les Grecs, du temps de Heidegger et de Hitler : le native, citoyen de souche américain sur un continent ouvert à l'immigration. Sans oublier le Français de souche, à nouveau raciné.
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Guerre sainte, martyre et terreur ; les formes chrétiennes de la violence religieuse en Occident
Philippe Buc
- Gallimard
- Bibliothèque des Histoires
- 23 Février 2017
- 9782072654039
Philippe Buc examine dans ce livre comment la théologie chrétienne a façonné des siècles de conflits, depuis la première guerre judéo-romaine (66) jusqu'à l'invasion de l'Irak (2003), en passant par la première croisade (1096) ou la Révolution française. Même dans les sociétés sécularisées ou explicitement non chrétiennes, comme l'Union soviétique stalinienne, les formes qu'ont prises de nombreux séismes politiques (guerres civiles, purges, déportations, terrorisme, etc.) sont selon lui en grande partie explicables par le christianisme et les très anciens concepts religieux qui influencent la façon dont la violence est perçue et perpétrée.
Ce que veut comprendre Philippe Buc c'est non seulement la logique par laquelle une personne saine d'esprit est amenée à tuer ou mourir pour un principe, mais aussi les raisonnements qui légitiment l'imposition de la liberté par la contrainte ou le pardon des atrocités de la guerre. Analysant l'idéologie américaine contemporaine de la guerre, qui place la violence sous l'empire d'idées abstraites, comme la liberté ou la paix mondiale, il met au jour son profond enracinement dans l'Écriture sainte.
Fruit de quinze années de recherches d'une ampleur peu commune, Guerre sainte, martyre et terreur montre combien les pieux idéaux de sacrifice, de pureté et de rédemption n'ont cessé de donner sens à la violence, depuis les premiers siècles chrétiens jusqu'aux temps inquiets que nous vivons. -
L'Eglise dans l'Etat ; politique et religion dans la France des Lumières
Catherine Maire
- Gallimard
- Bibliothèque des Histoires
- 17 Octobre 2019
- 9782072858796
Catherine Maire avait consacré un livre qui a fait date, il y a vingt ans, au jansénisme au XVIIIe siècle, De la cause de Dieu à la cause de la Nation. Elle élargit ici son enquête à l'ensemble des affaires politico-religieuses qui ont scandé le siècle, de la bulle Unigenitus (1713) qui condamne le jansénisme et devient une loi du royaume en 1730 à la Constitution civile du clergé, en 1790, pendant la Révolution. Loin d'apaiser les tensions liées à la tradition gallicane, en effet, l'affirmation de l'indépendance de la monarchie par rapport au Saint-Siège à la fin du XVIIe siècle les a réactivées sur de nouvelles bases. D'où le titre de l'ouvrage L'Église dans l'État, qui souligne comment l'inclusion est devenue source de divisions.
L'auteur ne se contente pas de passer en revue les grandes controverses qui se sont succédé dans le sillage de l'affaire de la bulle Unigenitus, autour des biens ecclésiastiques, des refus de sacrements, de l'état civil des protestants ou de l'expulsion des jésuites. Elle met en évidence le fil rouge qui relie tous ces épisodes ; elle dégage les significations de ces querelles passionnées devenues pour nous inintelligibles ; elle fait ressortir les enjeux de cette recherche d'un impossible équilibre entre les libertés religieuses et les nécessités politiques.
Elle montre enfin comment ces disputes constituent le terreau où s'enracine la pensée des philosophes des Lumières. De l'abbé de Saint-Pierre à d'Holbach, en passant par Montesquieu, Voltaire et Rousseau, la philosophie prend une nouvelle vie en se liant à l'actualité dont elle naît et se nourrit. -
Les frontières de la tolérance
Denis Lacorne
- Gallimard
- L'esprit de la cité
- 3 Octobre 2016
- 9782072413674
Avant l'âge des Lumières, on tolérait mal la religion des autres, ou alors avec réticence, comme une anomalie qu'il fallait souffrir sans l'accepter. La "tolérance des Modernes", élaborée par de grands penseurs comme Locke et Voltaire, renversait la perspective : elle mettait en place un système harmonieux de coexistence paisible entre les groupes les plus divers, tout en prônant de nouveaux droits - la liberté de conscience et la liberté d'exercer sa religion dans l'espace public.
Cette nouvelle conception n'allait pas de soi. Elle donne à voir des éléments précurseurs en des lieux aussi divers que l'Empire ottoman et le ghetto de Venise. Après de nombreuses querelles politiques et théologiques, elle s'est enracinée en Hollande, en Angleterre, en France et dans les colonies d'Amérique. Denis Lacorne observe les manifestations les plus récentes de la tolérance dans le monde contemporain, il en analyse les usages et les limites, qu'il s'agisse des symboles religieux, de monuments, de manières de s'habiller, de ce qu'il est permis de dire et de proférer.
De l'Europe au Nouveau Monde, les territoires de la tolérance n'ont cessé de s'étendre, des déistes aux athées, des baptistes aux quakers, des sikhs aux musulmans. Aujourd'hui la tolérance demeure une vertu contestée : le retour du religieux, la montée des fanatismes menacent le projet émancipateur des philosophes. Faut-il imposer des bornes à la liberté d'expression ? Doit-on tolérer les ennemis de la tolérance ? Pour y répondre, il nous faut redécouvrir cette grande tradition afin de mieux la défendre.