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Seuil
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Une brève histoire de l'égalité
Thomas Piketty
- Seuil
- Sciences humaines (H.C.)
- 26 Août 2021
- 9782021485981
« Les questions économiques sont trop importantes pour être laissées à une petite classe de spécialistes et de dirigeants. La réappropriation citoyenne de ce savoir est une étape essentielle pour transformer les relations de pouvoir. »
T. P.
En présentant l’évolution en longue durée des inégalités entre classes sociales dans les sociétés humaines, Thomas Piketty propose une perspective nouvelle sur l’histoire de l’égalité. Il s’appuie sur une conviction forte forgée au fil de ses recherches : la marche vers l’égalité est un combat qui vient de loin, et qui ne demande qu’à se poursuivre au xxie siècle, pour peu que l’on s’y mette toutes et tous.
Thomas Piketty est directeur d'études à l'EHESS, professeur à l'Ecole d'économie de Paris et codirecteur du Laboratoire sur les inégalités mondiales (World Inequality Lab, WIL). Il est notamment l’auteur du Capital au xxie siècle (2013) et de Capital et Idéologie (2019). -
Le capitalisme de l'apocalypse : Ou le rêve dun monde sans démocratie
Quinn Slobodian
- Seuil
- La Couleur des idées
- 24 Janvier 2025
- 9782021451412
Quinn Slobodian est spécialiste de l’histoire du néo-libéralisme et professeur d'histoire économique et politique globale à l'Université de Boston. Il a notamment publié Les Globalistes. Une histoire intellectuelle du néolibéralisme (Seuil, 2022).
Si l’on jette un rapide coup d’œil à un planisphère, nous ne verrons qu’un patchwork d’États-nations, net et bien connu. Et si notre réalité était toute autre ? La mondialisation a bouleversé l’ordre du monde, entraînant un foisonnement de nouvelles entités : paradis fiscaux, ports francs, cités-États, enclaves fermées et zones économiques spéciales. Ces nouveaux espaces, libérés des formes ordinaires de réglementation, de taxation et d’obligations mutuelles, perforent la carte des pays. Là, les fanatiques de l’ultra-capitalisme échappent au pouvoir des gouvernements et au contrôle démocratique.
C’est ce monde, composé de trous, d’aspérités et de zones grises que Quinn Slobodian décrit, se lançant sur les traces des libertariens radicaux les plus notoires - de Milton Friedman à Peter Thiel et Elon Musk. Cette enquête magistrale nous mène du Hong Kong des années 1970 à l'Afrique du Sud à la fin de l'apartheid, du Sud des États-Unis à la ville de Londres, de Dubaï à la Somalie en guerre, et jusque dans le métavers, révélant de manière vertigineuse les progrès terrifiants du capitalisme sans la démocratie.
Le Capitalisme de l'apocalypse nousoffre une histoire inédite des dernières décennies et une vision alarmante de notre futur proche. -
Noir
Couleur de la mort et de l'enfer, le noir n'a pas toujours été une couleur négative. Au fil de son histoire, il a aussi été associé à la fertilité, à la tempérance, à la dignité. Et depuis quelques décennies, il incarne surtout l'élégance et la modernité.
Du noir des moines et des pirates au noir des peintres et des couturiers, Michel Pastoureau retrace la destinée européenne de cette couleur pas comme les autres. Il s'attache à cerner sa place dans les faits de langue, les pratiques sociales, la création artistique et le monde des symboles. Couleur à part entière jusqu'à ce que l'invention de l'imprimerie puis les découvertes de Newton lui donnent le statut particulier de non-couleur, le noir dévoile ici une histoire culturelle extrêmement riche, depuis les mythologies des origines jusqu'à son triomphe au XXe siècle.
Michel Pastoureau
Historien, spécialiste des couleurs, des images et des symboles, il est directeur d'études à l'École pratique des hautes études. Il a notamment publié L'Étoffe du diable, Bleu, Une histoire symbolique du Moyen Âge occidental et L'Ours.
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Vert. histoire d'une couleur
Michel Pastoureau
- Seuil
- Sciences humaines (H.C.)
- 29 Mai 2019
- 9782021436051
Vert
Aimez-vous le vert ? À cette question les réponses sont partagées. En Europe, une personne sur six environ a le vert pour couleur préférée ; mais il s'en trouve presque autant pour le détester. Couleur ambivalente, sinon ambiguë, il est symbole de vie, de sève, de chance et d'espérance d'un côté, associé au poison, au malheur, au Diable et à ses créatures de l'autre.
Chimiquement instable, le vert a été apparenté à tout ce qui était changeant : l'enfance, l'amour, la chance, le jeu, le hasard, l'argent. Ce n'est qu'à l'époque romantique qu'il est définitivement devenu la couleur de la nature, puis celle de la santé, de l'hygiène et enfin de l'écologie. Aujourd'hui, l'Occident lui confie l'impossible mission de sauver la planète.
Michel Pastoureau retrace avec un talent inégalable la longue histoire sociale, artistique et symbolique du vert dans les sociétés européennes, de la Grèce antique jusqu'à nos jours.
Michel Pastoureau
Historien, spécialiste des couleurs, des images, des emblèmes et du bestiaire, Michel Pastoureau est directeur d'études émérites à l'École pratique des hautes études. Il a notamment publié au Seuil L'Étoffe du diable, Bleu, Une histoire symbolique du Moyen Âge occidental et L'Ours, tous disponibles en " Points Histoire ".
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Histoire mondiale de la France
Patrick Boucheron, Collectif
- Seuil
- Histoire (H.C.)
- 12 Janvier 2017
- 9782021336306
" Ce ne serait pas trop de l'histoire du monde pour expliquer la France "
Jules Michelet, Introduction à l'histoire universelle (1831)
Voici une histoire de France, de toute la France, en très longue durée qui mène de la grotte Chauvet aux événements de 2015.
Une histoire qui ne s'embarrasse pas plus de la question des origines que de celle de l'identité, mais prend au large le destin d'un pays qui n'existe pas séparément du monde, même si parfois il prétend l'incarner tout entier. Une histoire qui n'abandonne pas pour autant la chronologie ni le plaisir du récit, puisque c'est par dates qu'elle s'organise et que chaque date est traitée comme une petite intrigue.
Réconciliant démarche critique et narration entraînante, l'ouvrage réunit, sous la direction de Patrick Boucheron, un collectif d'historiennes et d'historiens, tous attachés à rendre accessible un discours engagé et savant. Son enjeu est clair : il s'agit de prendre la mesure d'une histoire mondiale de la France, c'est-à-dire de raconter la même histoire – nul contre-récit ici – qui revisite tous les lieux de mémoire du récit national, mais pour la déplacer, la dépayser et l'élargir. En un mot : la rendre simplement plus intéressante !
Ce livre est joyeusement polyphonique. Espérons qu'un peu de cette joie saura faire front aux passions tristes du moment.
Directeur d'ouvrage : Patrick Boucheron est professeur au Collège de France.
Coordination : Nicolas Delalande est professeur associé au Centre d'histoire de Sciences Po ; Florian Mazel est professeur à l'université Rennes 2 ; Yann Potin est chargé d'études documentaires aux Archives nationales ; Pierre Singaravélou est professeur à l'université Paris I Panthéon-Sorbonne.
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Les couleurs de nos souvenirs
Michel Pastoureau
- Seuil
- La Librairie du XXIe siècle
- 25 Décembre 2015
- 9782021032628
Que reste-t-il des couleurs de notre enfance ? Quels souvenirs gardons-nous d'un lapin bleu, d'une robe rouge, d'un vélo jaune ? Ont-ils vraiment revêtu ces couleurs ? Plus tard, lesquelles associons-nous à nos années d'études, à nos premières amours, à notre vie d'adulte ? Comment la couleur s'inscrit-elle dans le champ de la mémoire ? Comment est-elle capable de la stimuler ? de la transformer ? Ou bien, au contraire, comment est-elle victime de ses caprices ou de ses intermittences ?
Pour tenter de répondre à ces questions – et à beaucoup d'autres – Michel Pastoureau nous propose un journal chromatique s'étendant sur plus d'un demi-siècle (1950-2010). Souvenirs personnels, notations prises sur le vif, propos débridés, digressions savantes ou remarques propres à l'historien, ce livre retrace l'histoire des couleurs en France et en Europe depuis le milieu du XXe siècle. De nombreux champs d'observation sont parcourus ou évoqués : le vocabulaire et les faits de langue, la mode et le vêtement, les objets et les pratiques de la vie quotidienne, les emblèmes et les drapeaux, le sport, la littérature, la peinture, les musées et l'histoire de l'art.
Ce journal chromatique, tour à tour ludique, poétique ou nostalgique, est à la fois celui de l'auteur et celui de nos contemporains. Nous vivons dans un monde de plus en plus coloré mais où la couleur reste un lieu de mémoire, une source de plaisirs et plus encore une invitation au rêve.
Spécialiste des couleurs, des images et des symboles, Michel Pastoureau est historien et directeur d'études à l'École pratique des hautes études. Il a publié au Seuil : Bleu. Histoire d'une couleur (2000), Figures romanes (2002), Noir. Histoire d'une couleur (2008), L'Art héraldique au Moyen Âge (2009) ; et dans cette même collection : L'Étoffe du Diable. Une histoire des rayures et des tissus rayés (1991), Une histoire symbolique du Moyen Âge occidental (2004), L'Ours. Histoire d'un roi déchu (2007).
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Marianne est aussi noire : Luttes occultées pour l'égalité
Collectif
- Seuil
- La Couleur des idées
- 25 Octobre 2024
- 9782021500677
À l'heure où le pouvoir social des femmes dans le monde suscite l'attention, où l'histoire des féminismes fait l'objet d'un renouvellement sans précédent, ce livre s'intéresse à des protagonistes jusqu'alors négligées : les femmes noires de l'Hexagone et des (post)colonies françaises des Amériques, d'Afrique et de l'océan Indien.
Réunissant vingt chercheur·e·s issu·e·s de ces territoires, ce livre vient corriger une distorsion des regards historique et sociologique en rendant visibles les contributions des femmes afrodescendantes à l'histoire des femmes et des luttes d'émancipation en France du XXe siècle à nos jours. Il montre comment les femmes noires de France, des Antilles et de Guyane françaises, de Mayotte et de La Réunion, mais aussi du Cameroun et des Quatre Communes du Sénégal, affrontent les facettes multiples du racisme et du patriarcat, et répondent au colonialisme en leurs termes propres. On découvre leurs ressources et leur inventivité dans la vie sociale et familiale, la politique, les mobilisations féministes, la littérature ou les arts du spectacle, pour s'ériger en sujets d'histoire. Loin des représentations réductrices, des femmes telles que Suzanne Lacascade, Gerty Archimède ou Émilie Aliker sont ici actrices du changement socioculturel et politique de leur société.Sous la direction de Silyane Larcher et Félix GermainChargée de recherche au CNRS, Silyane Larcher est maîtresse de conférences en études de genre et des sexualités, ainsi qu'en études diasporiques, à l'université Northwestern. Félix Germain est maître de conférences en études africaines et diasporiques et directeur du département d'Africana Studies de l'université de Pittsburgh. -
La mort du roi - louis xvi devant ses juges et face a l'histoire
Betourne Olivier
- Seuil
- 13 Septembre 2024
- 9782021564631
Plus de deux siècles après l’exécution de Louis XVI, nombreux sont les Français qui demeurent dans le doute. Qu’auraient-ils fait s’ils avaient dû personnellement se prononcer sur le cas de Louis XVI ? Jugeable ? Pas jugeable ? Et la mort, l’auraient-ils votée ?
Olivier Bétourné place le lecteur d’aujourd’hui en situation de se déterminer. Mais en l’invitant à entendre les arguments les plus contradictoires, il le conduit aussi à se confronter à un terrible dilemme : comment assumer la répulsion que nous inspire la mise à mort du roi déchu sans renoncer à comprendre la logique qui le conduit à l’échafaud ?
Au plus près des acteurs du drame, le récit révèle la profondeur du conflit de légitimité qui hante la Convention et mine le souverain détrôné. Droit divin ou souveraineté du peuple ? Monarchie ou République ? À chaque instant de sa vie de reclus, le roi puise dans un environnement hostile des motifs d’espérer ou des raisons de renoncer. Il lutte, résiste, s’effondre, reprend espoir et finit par se ranger à l’avis des trois avocats qui l’entourent et ont entrepris de plaider l’innocence au nom des droits que lui confère la Constitution. Peine perdue. Pas plus qu’il ne saurait être jugé comme monarque absolu, Louis XVI ne saurait l’être comme roi constitutionnel puisque la monarchie n’est plus, et pas davantage comme citoyen ordinaire puisqu’il ne l’est pas.
Fondé sur des sources de première main, La Mort du Roi donne vie, dans un va-et-vient permanent entre la prison du Temple et la Convention, aux lignes de force qui conduisent à la mort et font de la France une nation à nulle autre pareille.
Olivier Bétourné est historien de la Révolution française et éditeur, cofondateur et président de l’Institut Histoire et Lumières de la pensée. Il est notamment l’auteur de L’Esprit de la Révolution française (Seuil, 2022). -
Histoire de la fatigue, du Moyen Age à nos jours
Georges Vigarello
- Seuil
- L'Univers historique
- 3 Septembre 2020
- 9782021291933
« Stress », « burn out » ou « charge mentale » : les xxe et xxie siècles ont vu une irrépressible extension du domaine de la fatigue. Les épuisements s'étendent du lieu de travail au foyer, du loisir aux conduites quotidiennes. Une hypothèse traverse ce livre : le gain d'autonomie, réelle ou postulée, acquis par l'individu des sociétés occidentales, la découverte d'un « moi » plus autonome, le rêve toujours accru d'affranchissement et de liberté ont rendu toujours plus difficile à vivre tout ce qui peut contraindre et entraver.
Que nous est-il arrivé ?
Ce livre novateur révèle une histoire encore peu étudiée, riche de métamorphoses et de surprises, depuis le Moyen Âge jusqu'à nos jours. Les formes « privilégiées » de fatigues, celles qui mobilisent les commentaires, celles qui s'imposent en priorité aux yeux de tous, évoluent avec le temps. Les symptômes de la fatigue se modifient, les mots s'ajustent (« langueur », « dépérissement », « pénibilité »...), des explications se déploient, des degrés se précisent, des revendications se font jour.
Un parcours passionnant qui croise histoire du corps et de sensibilités, des structures sociales et du travail, de la guerre et du sport, jusqu'à celle de notre intimité. Pour éclairer tout autrement notre présent. -
Histoire des grands-parents que je n'ai pas eus
Ivan Jablonka
- Seuil
- La Librairie du XXIe siècle
- 25 Avril 2014
- 9782021072730
Je suis parti, en historien, sur les traces des grands-parents que je n'ai pas eus. Leur vie s'achève longtemps avant que la mienne ne commence : Matès et Idesa Jablonka sont autant mes proches que de parfaits étrangers. Ils ne sont pas célèbres. Pourchassés comme communistes en Pologne, étrangers illégaux en France, juifs sous le régime de Vichy, ils ont vécu toute leur vie dans la clandestinité. Ils ont été emportés par les tragédies du XXe siècle : le stalinisme, la montée des périls, la Deuxième Guerre mondiale, la destruction du judaïsme européen.
Pour écrire ce livre, j'ai exploré une vingtaine de dépôts d'archives et rencontré de nombreux témoins dans le monde entier. J'ai cherché non pas à être objectif, mais radicalement honnête. Cette quête de vérité a fait naître une littérature qui satisfait aux exigences de la méthode.
I. J.
Ivan Jablonka est historien et écrivain. Il a publié au Seuil, dans "La Librairie du XXIe siècle", L'histoire est une littérature contemporaine. Manifeste pour les sciences sociales (2014), Laëtitia ou la fin des hommes (2016, prix Médicis) et En camping-car (2018).
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Bien des chemins mènent à la chambre : le sommeil, l'amour, la méditation, Dieu, le sexe, la lecture, la réclusion, voulue ou subie. De l'accouchement à l'agonie, elle est le théâtre de l'existence, là où le corps dévêtu, nu, las, désirant, s'abandonne. On y passe près de la moitié de sa vie, la plus charnelle, celle de l'insomnie, des pensées vagabondes, du rêve, fenêtre sur l'inconscient, sinon sur l'au-delà.
La chambre est une boîte, réelle et imaginaire. Quatre murs, plafond, plancher, porte, fenêtre structurent sa matérialité. Ses dimensions, son décor varient selon les époques et les milieux sociaux. De l'Antiquité à nos jours, Michelle Perrot esquisse une généalogie de la chambre, creuset de la culture occidentale, et explore quelques-unes de ses formes, traversées par le temps : la chambre du Roi (Louis XIV à Versailles), la chambre d'hôtel, du garni au palace, la chambre conjugale, la chambre d'enfant, celle de la jeune fille, des domestiques, ou encore du malade et du mourant. Puis les diverses chambres solitaires : la cellule du religieux, celle de la prison ; la chambre de l'étudiant, de l'écrivain.
Nid et nœud, la chambre est un tissu de secrets. Dans ce livre, Michelle Perrot contribue à l'histoire des Chambres. Nuit et jour.
Michelle Perrot, historienne, professeure émérite des Universités, a codirigé, avec Georges Duby, les cinq volumes de l'Histoire des femmes en Occident, Plon, 1991-1992 (Perrin, coll. " Tempus ", 2002). Parmi ses nombreuses publications : Les Femmes ou les silences de l'Histoire, Flammarion, 1998 (" Champs ", 2001) et Mon histoire des femmes, Seuil/France-Culture, 2006 (" Points Histoire ", 2008).
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Histoire des émotions Tome 1 ; de l'Antiquité aux Lumières
Georges Vigarello, Collectif
- Seuil
- Livres de référence-L'Univers historique
- 3 Octobre 2016
- 9782021177343
Après le succè de l'Histoire du corps et de l'Histoire de la virilité, Alain Corbin, Jean-Jacques Courtine et Georges Vigarello dirigent cette très ambitieuse Histoire des émotions en trois volumes, héritière du programme des Annales, de l'histoire des mentalités et de celle des sensibilités, portée par les renouvellements historiographiques les plus récents. Elle réunit pour la première fois les meilleurs spécialistes français et étrangers de l'histoire des émotions, toutes générations confondues.
Ce premier volume, dirigé par Georges Vigarello, commence en Grèce avec les larmes d'Achille et le rire de Lysistrata et nous conduit jusqu'à la veille de la Révolution, avec l'invention du sourire dans la peinture. Il nous fait traverser la christianisation des émotions, voyager dans les monastères et les familles du Moyen Âge, nous initie aux colères des princes. On y retrouve la culture de cour et la mécanique des humeurs, les passions des mystiques, les douceurs et les douleurs de la mélancolie, les joies de l'amitié avec Montaigne, comme le code de l'honneur des chevaliers. Sans oublier bien sûr les grandes émotions populaires.
Directeur d'études à l'École des hautes études en sciences sociales, Georges Vigarello est l'un des pionniers de l'histoire du corps et de celle des apparences auxquelles il a consacré de nombreux ouvrages. Il a dirigé au Seuil : Histoire du corps et Histoire de la virilité (avec A. Corbin et J.-J. Courtine).
Avec les contributions de : Christian Biet, Damien Boquet, Gilles Cantagrel, Bruno Dumézil, Maurice Daumas, Hervé Drévillon, Martial Guédron, Yves Hersant, Sophie Houdard, Christian Jouhaud, Colin Jones, Lawrence Kritzman, Didier Lett, Alain Montandon, Piroska Nagy, Barbara Rosenwein, Maurice Sartre, Laurent Smagghe, Claude Thomasset, Anne Vial-Logeay, Georges Vigarello. -
Été 1914. L'Europe plonge dans une guerre dévastatrice qui va ébranler le système politique et les valeurs d'un continent entier. Une génération plus tard, alors que les survivants du premier conflit mondial sont encore choqués d'avoir vu sombrer dans la barbarie une civilisation qu'ils considéraient comme un modèle, l'Europe s'achemine vers une déflagration plus inhumaine encore : une guerre où le massacre de civils occuperait une place centrale et dont le point culminant serait le génocide des Juifs.
Le grand historien du nazisme Ian Kershaw livre une synthèse magistrale de ce premier xxe siècle européen ensanglanté par deux guerres mondiales et poursuit le récit de cette ère d'autodestruction jusqu'au moment où le continent émerge de ses ruines, recomposé en deux blocs, divisé par la guerre froide. Sa lecture restitue toute la cohérence de l'histoire européenne avec une maîtrise, une profondeur de vue et une vivacité inégalables, mettant notamment l'accent, pour rendre compte de cet enchaînement catastrophique, sur quatre facteurs : l'explosion du nationalisme ethnique, la virulence des révisionnismes territoriaux, l'acuité des conflits de classe et la crise prolongée du capitalisme.
Incisif, brillamment écrit, L'Europe en enfer est le livre de référence pour comprendre cette séquence fondatrice de notre présent.
Traduit de l'anglais par Aude de Saint-Loup et Pierre-Emmanuel Dauzat.
Ian Kershaw est l'auteur d'une monumentale biographie de Hitler (Flammarion, 2000 et 2001) et a publié au Seuil : Choix fatidiques. Dix décisions qui ont changé le monde (2009, " Points Histoire ", 2012) et La Fin, Allemagne 1944-1945 (2012, " Points Histoire ", 2014).
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Histoire des émotions Tome 2 ; des Lumières à la fin du XIXe siècle
Alain Corbin, Collectif
- Seuil
- Livres de référence-L'Univers historique
- 8 Novembre 2016
- 9782021177398
Après le succès de l'Histoire du corps et de l'Histoire de la virilité, Alain Corbin, Jean-Jacques Courtine et Georges Vigarello dirigent cette très ambitieuse Histoire des émotions en trois volumes, héritière du programme des Annales, de l'histoire des mentalités et de celle des sensibilités, portée par les renouvellements historiographiques les plus récents. Elle réunit pour la première fois les meilleurs spécialistes français et étrangers de l'histoire des émotions, toutes générations confondues.
Ouverte par les Lumières, la séquence qui fait l'objet de ce deuxième volume, dirigé par Alain Corbin, fournit un chapitre très riche de l'histoire des émotions. Dès le milieu du XVIIIe siècle se dessinent des attentes nouvelles. La notion d'" âme sensible " émerge peu à peu. C'est le temps du journal intime et celui de l'émerveillement face au paysage. Un " moi météorologique " se fait jour, sensible aux aléas des phénomènes naturels. Dans ce siècle de la Révolution et des révolutions, la colère, la terreur, l'indignation côtoient l'exaltation, la joie, la ferveur ou la mélancolie sur la scène politique. De nouveaux rituels les expriment et leur donnent corps. Des barricades aux champs de bataille, des grandes chasses aux catastrophes naturelles, du romantisme à l'impressionnisme, des émois de l'orgasme à la vénération de la Vierge Marie, de multiples gammes des émotions sont ici mises en lumière.
À l'extrême fin du XIXe siècle, des savants commencent à mesurer l'expression des émotions. La psychologie, peu à peu, s'impose.
Professeur émérite à l'université Paris I-Panthéon-Sorbonne, pionnier de l'histoire des sensibilités dont il a inventé et exploré les nouveaux territoires, Alain Corbin est l'auteur de nombreux ouvrages. Il a dirigé au Seuil : Histoire du corps et Histoire de la virilité (avec G. Vigarello et J.-J. Courtine).
Avec les contributions de : Olivier Bara, Serge Briffaud, Anne Carol, Alain Corbin, Guillaume Cuchet, Michel Delon, Emmanuel Fureix, Corinne Legoy, Judith Lyon-Caen, Charles-François Mathis, Guillaume Mazeau, Hervé Mazurel, Anouchka Vasak, Sylvain Venayre, Agnès Walch.
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Histoire des émotions Tome 3 ; de la fin du XIXe siècle à nos jours
Collectif, Jean-jacques Courtine
- Seuil
- Livres de référence-L'Univers historique
- 12 Octobre 2017
- 9782021177428
Après les succès de l'Histoire du corps et l'Histoire de la virilité, Alain Corbin, Jean-Jacques Courtine et Georges Vigarello dirigent cette très ambitieuse Histoire des émotions en trois volumes richement illustrés, qui réunit pour la première fois les meilleurs spécialistes français et étrangers de l'histoire des émotions, toutes générations confondues.
Ce troisième volume, qui s'ouvre à la fin du XIXe siècle, révèle l'accroissement comme la complexification de l'espace intérieur dans la conscience occidentale, la saisie de troubles toujours plus variés, depuis l'émotion jusqu'au sentiment, à la passion, voire aux perversions ou à la folie. Au XXe siècle s'impose le constat d'un profond déplacement du régime émotif lui-même. Tout change lorsque l'accroissement de l'individualisme, le triomphe de l'univers privé, doublés du relatif effacement des " soutiens " collectifs habituels, de l'école à l'entreprise, transforment la relation à l'intériorité, diffusant paradoxalement une insécurité inédite, une compassion sélective, une irrépressible attente de protection. Une anxiété inédite a gagné les consciences. Elle se nourrit aussi de la confrontation aux violences extrêmes d'un siècle de fer et de sang.
Directeur de volume : professeur d'histoire européenne à l'université d'Auckland (Nouvelle Zélande), professeur émérite à Paris-III-Sorbonne Nouvelle et à l'université de Californie (Santa Barbara), Jean-Jacques Courtine a publié Déchiffrer le corps, penser avec Foucault (J. Millon, 2011), et, avec Alain Corbin et Georges Vigarello, Histoire du corps et Histoire de la virilité (Seuil, 2006 et 2011).
Les contributeurs : Bruno Nassim Aboudrar, Stéphane Audoin-Rouzeau, Antoine de Baecque, Ludivine Bantigny, Éric Baratay, Yaara Benger Alaluf, Christophe Bident, Christian Bromberger, Esteban Buch, Anne Carol, Jacqueline Carroy, Pierre-Henri Castel, Jean-Jacques Courtine, Stéphanie Dupouy, Ute Frevert, Sarah Gensburger, Claudine Haroche, Eva Illouz, Claire Langhamer, Nicolas Mariot, Charles-François Mathis, Olivier Mongin, Dominique Ottavi, Michel Peraldi, Jan Plamper, Richard Rechtman, Bertrand Taithe, Christophe Triau, Sylvain Venayre
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George Sand à Nohant ; une maison d'artiste
Michelle Perrot
- Seuil
- La Librairie du XXIe siècle
- 23 Août 2018
- 9782021402186
" Il est difficile de parler de Nohant sans dire quelque chose qui ait rapport à ma vie présente ou passée ", écrivait George Sand. C'est par Nohant, par sa maison, que je l'ai rencontrée. À vrai dire, elle ne fut pas un modèle de ma jeunesse. Pour " la bonne dame ", je n'éprouvais pas d'attirance. Ses romans, La Petite Fadette, etc., que la grand-mère de Marcel Proust tenait en si haute estime, me paraissaient bons pour les distributions de prix. Je participais à la dépréciation dont Sand a été victime après sa mort. Je la trouvais d'un âge qui n'avait plus grand-chose à dire aux filles de Simone de Beauvoir, dont je me revendiquais.
Ma découverte fut en partie fortuite. La demeure de l'Indre, héritée de sa grand-mère, représente ses racines, mais aussi un refuge contre Paris, qui fit sa renommée et qu'elle n'aimait pas, une " oasis " propice au travail : elle y écrivit l'essentiel de son œuvre, comme Chopin y composa la majeure partie de la sienne. Nohant, elle en rêvait comme d'un phalanstère d'artistes, une communauté égalitaire, un endroit de création et d'échanges par la musique (Liszt, Chopin, Pauline Viardot), la peinture (Delacroix, Rousseau), l'écriture (Flaubert, Dumas, Fromentin, Renan, Tourgueniev...), le théâtre, la conversation.
Ce lieu, Sand l'a investi. L'art y établit la communion des cœurs et des esprits. C'est aussi une cellule politique, inspirée par le socialisme de Pierre Leroux, noyau républicain support de journaux et ferment subversif des manières de vivre et de penser. Nohant est le creuset d'une utopie, pénétrée par le désir de changer le monde.
Pas plus que personne, Sand n'a réalisé son rêve. Aujourd'hui, il nous reste ce lieu, de pierre et de papier, témoin d'une histoire d'amour aux accents infinis.
Michelle Perrot
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La contamination du monde ; une histoire des pollutions à l'âge industriel
François Jarrige, Thomas Le roux
- Seuil
- 5 Octobre 2017
- 9782021380286
Autrefois sources de nuisances locales circonscrites, les effets des activités humaines sur l'environnement se sont transformés en pollutions globales. Le climat se réchauffe, les mers s'acidifient, les espèces disparaissent, les corps s'altèrent : en rendre compte d'un point de vue historique permet de ne pas sombrer dans la sidération ni dans le découragement face à un processus qui semble devenu inéluctable. Car le grand mouvement de contamination du monde qui s'ouvre avec l'industrialisation est avant tout un fait social et politique, marqué par des cycles successifs, des rapports de force, des inerties, des transformations culturelles. En embrassant l'histoire des pollutions sur trois cents ans, à l'échelle mondiale, François Jarrige et Thomas Le Roux explorent les conflits et l'organisation des pouvoirs à l'âge industriel, mais aussi les dynamiques qui ont modelé la modernité capitaliste et ses imaginaires du progrès.
François Jarrige est maître de conférences à l'université de Bourgogne. Il a notamment publié Technocritiques. Du refus des machines à la contestation des technosciences (La Découverte, 2014).
Thomas Le Roux est chargé de recherches au CNRS (CRH-EHESS). Il est notamment l'auteur de Le Laboratoire des pollutions industrielles, Paris, 1770-1830 (Albin Michel, 2011).
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1968 ; de grands soirs en petits matins
Ludivine Bantigny
- Seuil
- L'Univers historique
- 4 Janvier 2018
- 9782021301595
À partir d'un travail dans les archives de toute la France, pour beaucoup inédites, Ludivine Bantigny restitue l'énergie des luttes, des débats, des émotions et des espoirs portés par les acteurs de 68 : toutes celles et tous ceux – ouvriers, étudiants, militants mais aussi danseurs, médecins, paysans, artisans, poètes d'un jour, et les femmes à parts égales avec les hommes – qui ont participé au mouvement. Elle s'intéresse aussi à " l'autre côté " : la police, le pouvoir et les oppositions à la contestation.
Son livre s'attache au vif des événements : à la diversité de leurs protagonistes plus qu'aux seuls porte-parole désignés, à leurs pratiques plus qu'à la rhétorique dont on les a ensuite enveloppés, à la grève qui met le temps en suspens. " Les événements " : si la formule est restée vague faute de pouvoir à coup sûr qualifier ce qui s'était passé, du moins a-t-elle le mérite de revenir précisément aux faits, aux projets, à l'inventivité, à tout ce qui a été imaginé, de grand et de petit, pour réellement " changer la vie ".
Ludivine Bantigny est historienne, maîtresse de conférences à l'université de Rouen Normandie. Ses recherches portent sur les engagements politiques et la conscience historique au XXe siècle. Elle a notamment publié La France à l'heure du monde. De 1981 à nos jours (Seuil, 2013 ; " Points Histoire ", 2018).
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Vaccination : Histoire d'un consentement
Gaëtan Thomas
- Seuil
- L'Univers historique
- 22 Mars 2024
- 9782021491029
Alors que la défiance vis-à-vis des vaccins fait régulièrement les gros titres, l'observation des comportements montre une tout autre réalité avec des taux de vaccination très élevés dans la population française. Comment expliquer cet apparent paradoxe et que dit-il du rapport entre individus et autorité médicale ?
Retraçant l'histoire de la vaccination en France depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, au moment où se mettent en place les structures qui définissent aujourd'hui encore la santé publique, Gaëtan Thomas enquête sur le travail scientifique, les mutations du pouvoir sanitaire et l'influence des organisations internationales. Au cours de cette période, la vaccination change d'échelle, aussi bien en termes de nombre de personnes vaccinées que de pathologies couvertes. Le consentement des individus, désormais en première ligne dans la défense d'une santé collective, pose un défi de taille aux médecins et politiques qui mettent en oeuvre une série de stratégies pour le garantir.
À partir des années 1980, le retour de la menace infectieuse - du VIH Sida au Covid 19 -, les scandales et affaires, ainsi que l'explosion du prix des produits pharmaceutiques nourrissent fantasmes, angoisses et spéculations. Mais, si les polémiques donnent de l'ampleur au phénomène de l'« hésitation » vaccinale, de nouvelles injections n'en continuent pas moins à entrer en usage.Gaëtan Thomas est historien, membre du Cermes3 et du médialab, et enseignant à Sciences Po Paris. Avec Guillaume Lachenal, il est l'auteur d'un Atlas historique des épidémies (Autrement, 2023). Il a également édité et traduit les textes de deux critiques d'art associés à l'histoire culturelle du sida, Douglas Crimp (Pictures, traduit avec Nicolas Paul, Le Point du jour, 2016) et Craig Owens (Le Discours des autres, Même pas l'hiver, 2022). -
La longue bataille de l'Afrique pour son art : histoire d'une défaite post-coloniale
Bénédicte Savoy
- Seuil
- L'Univers historique
- 20 Janvier 2023
- 9782021497120
Pendant des décennies, les nations africaines ont lutté pour la restitution d'innombrables oeuvres d'art volées pendant l'ère coloniale afin d'être exposées dans des musées occidentaux. Bénédicte Savoy met en lumière cette histoire largement méconnue. Elle s'appuie sur de nombreuses sources inédites pour révéler que les racines de cette lutte remontent bien plus loin que ne l'indiquent les débats récents, et que ces efforts ont été menés par une multitude de militants et dirigeants des nations nouvellement indépendantes.
Peu après 1960, lorsque dix-huit anciennes colonies d'Afrique ont accédé à l'indépendance, un mouvement en faveur du rapatriement des oeuvres a été lancé par les élites intellectuelles et politiques africaines. L'autrice retrace ces combats et examine aussi comment les musées européens ont tenté de dissimuler des informations sur leurs collections.
En expliquant pourquoi la restitution est essentielle à toute relation future entre les pays africains et l'Occident, ce livre pose les éléments du débat autour de ces questions cruciales pour le présent et l'avenir.Bénédicte Savoy est depuis 2009 professeure d'histoire de l'art à l'université technique de Berlin, où elle est titulaire d'une chaire consacrée à l'« Histoire de l'art comme histoire culturelle ». Elle est l'autrice de nombreux ouvrages, dont Patrimoine annexé. Les biens culturels saisis par la France en Allemagne autour de 1800 (Éditions de la Maison des sciences de l'homme, 2003), Nofretete. Eine deutsch-franzsische Affäre, 1913-1931. En 2018, elle a publié avec Felwine Sarr Restituer le patrimoine africain (Seuil/Philippe Rey). -
Comment notre monde a cessé d'être chrétien ; anatomie d'un effondrement
Guillaume Cuchet
- Seuil
- La Couleur des idées
- 5 Février 2018
- 9782021387018
Le recul du catholicisme en France depuis les années 1960 est un des faits les plus marquants et pourtant les moins expliqués de notre histoire contemporaine. S'il reste la première religion des Français, le changement est spectaculaire : au milieu des années 1960, 94 % de la génération en France étaient baptisés et 25% allaient à la messe tous les dimanches ; de nos jours, la pratique dominicale tourne autour de 2% et les baptisés avant l'âge de 7 ans ne sont plus que 30%. Comment a-t-on pu en arriver là ? Au seuil des années 1960 encore, le chanoine Boulard, qui était dans l'Église le grand spécialiste de ces questions, avait conclu à la stabilité globale des taux dans la longue durée. Or, au moment même où prévalaient ces conclusions rassurantes et où s'achevait cette vaste entreprise de modernisation de la religion que fut le concile Vatican II (1962-1965), il a commencé à voir remonter des diocèses, avec une insistance croissante, la rumeur inquiétante du plongeon des courbes.
Guillaume Cuchet a repris l'ensemble du dossier : il propose l'une des premières analyses de sociologie historique approfondie de cette grande rupture religieuse, identifie le rôle déclencheur de Vatican II dans ces évolutions et les situe dans le temps long de la déchristianisation et dans le contexte des évolutions démographiques, sociales et culturelles des décennies d'après-guerre.
Guillaume Cuchet est professeur d'histoire contemporaine à l'université Paris-Est Créteil. Il a notamment publié Penser le christianisme au XIXe siècle. Alphonse Gratry (1805-1872) (Presses universitaires de Rennes, 2017).
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Le miroir d'Oedipe : Penser l'esclavage
Paulin Ismard
- Seuil
- L'Univers historique
- 29 Septembre 2023
- 9782021538526
Pourquoi la pensée politique grecque a-t-elle occulté la question de l’esclavage ? Qui sait que le jardin de l’Académie a été acquis par Platon avec l’argent de son affranchissement ? Qui parle de l'esclave qui détient le secret de la naissance d’Œdipe ? Le développement de la société esclavagiste athénienne et l’avènement de la démocratie entretiennent des liens étroits. Chez les Grecs, l’esclavage est un « fait social total », imprégnant le fonctionnement de l’ensemble de la société.
Pourtant, on chercherait en vain un corps de doctrine ou un grand récit par lequel les penseurs athéniens auraient entrepris de légitimer l’esclavage ou d’en penser les implications sociales et politiques. Rien hormis quelques digressions.
Ce livre fait le pari suivant : la relative absence de discours sur l’esclavage chez les Anciens n’est pas signe d’un manque qu’il reviendrait à l’historien de combler. Elle est un symptôme, qui l’invite à observer les formes par lesquelles une société aménage une place à ceux dont elle organise la non-existence
Insu et déni : Paulin Ismard conduit une enquête fascinante à travers les rares discours grecs sur l’esclavage. Empruntant à l’histoire comparée et à la littérature, l’auteur révèle des réalités anthropologiques qui n’ont pas cessé de produire leurs effets.
Professeur d’histoire grecque à l’université d’Aix-Marseille, Paulin Ismard a notamment publié La Démocratie contre les experts (Seuil, 2015 ; « Points Histoire », 2021), L’Événement Socrate (Flammarion, 2013), La Cité et ses esclaves (Seuil, 2019), Athènes 403 (avec V. Azoulay, Flammarion, 2020) et il a dirigé Les Mondes de l’esclavage (Seuil, 2021). -
Pour une histoire des possibles ; analyses contrefactuelles et futurs non advenus
Quentin Deluermoz, Pierre Singaravélou
- Seuil
- L'Univers historique
- 11 Février 2016
- 9782021312041
Et si l'histoire, ou la vie, avait suivi un autre cours ? Ce que l'on appelle le raisonnement contrefactuel surgit spontanément dans les conversations pour nourrir des hypothèses sur les potentialités du passé et les futurs non advenus. Il traverse la littérature, les réflexions politiques et toutes sortes de divertissements. Que serait-il advenu si le nez de Cléopâtre avait été plus court ? Si Napoléon avait remporté la bataille de Waterloo ?
Quentin Deluermoz et Pierre Singaravélou prennent la question à bras le corps. Ils mènent l'enquête au sein d'une vaste littérature pour saisir la diversité des usages de l'analyse contrefactuelle – des fictions uchroniques les plus loufoques aux hypothèses les plus sérieuses. Ils s'attachent à cerner précisément les conditions d'un usage légitime et pertinent pour les sciences sociales, repensant les enjeux de la causalité et de la vérité, des rapports entre histoire et fiction, entre déterminisme et contingence. L'enquête dévoile peu à peu la richesse d'un travail sur les possibles du passé, et ouvre sur des expérimentations dans le domaine de la recherche comme de l'enseignement.
Une réflexion ambitieuse et novatrice sur l'écriture de l'histoire, sa définition et sa mise en partage.
Maître de conférences à l'université Paris 13 (laboratoire Pleiade), chercheur associé au CRH (EHESS) et membre de l'Institut Universitaire de France, Quentin Deluermoz travaille sur l'histoire sociale et culturelle des ordres et des désordres au XIXe siècle (France, Europe). Il a publié au Seuil, dans la série " La France contemporaine ", Le Crépuscule des révolutions, 1848-1871 (2012 ; " Points Histoire ", 2014).
Professeur d'histoire contemporaine à l'université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, chercheur à l'UMR SIRICE et membre de l'Institut Universitaire de France, Pierre Singaravélou a publié de nombreux ouvrages sur l'histoire du fait colonial aux XIXe et XXe siècles, et édité au Seuil Les Empires coloniaux, XIXe-XXe siècle (" Points Histoire ", 2013). Il dirige les Publications de la Sorbonne et le Centre d'histoire de l'Asie contemporaine.
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Les métamorphoses du gras ; histoire de l'obésité
Georges Vigarello
- Seuil
- L'Univers historique
- 23 Avril 2013
- 9782021025354
Des formes luxuriantes des Vénus de Titien aux mannequins exsangues du XXIe siècle, de la valorisation des chairs à l'apologie de la maigreur, Georges Vigarello retrace la genèse de l'obsession contemporaine du corps mince et sain, libéré de la pesanteur du gras et met au jour l'ancienneté de la préoccupation féminine de la minceur – sous de multiples formes au cours des âges.
Des gros en majesté, des gloutons méprisés jusqu'à la stigmatisation récente de l'obésité, la perception du gras n'a cessé d'évoluer : à l'origine symbole d'opulence, de puissance et de prestige, l'embonpoint est ensuite perçu comme un signe de relâchement autant physique que moral, et la société condamne aujourd'hui ce qui apparaît comme un échec inacceptable de la volonté. Le corps humain abrite et reflète les tensions sociales qui opposent pauvres et nantis, puissants et dominés, hommes et femmes... et tend à la société un miroir où forme(s) et poids se révèlent des repères essentiels de la civilisation occidentale.
À travers l'autopsie des corps adipeux, l'inventaire des techniques médicales d'amaigrissement, l'apparition progressive de la balance et des régimes, cette histoire inédite met en lumière la dictature de l'apparence, qui ne semble pas devoir un jour cesser.
Georges Vigarello
Directeur d'études à l'École des hautes études en sciences sociales, Georges Vigarello a notamment publié, au Seuil, l'Histoire de la beauté (2005) qui a connu un immense succès. Il est également co-directeur de l'Histoire du corps en trois volumes (Seuil, 2005-2006).