Stock (réédition numérique FeniXX)
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Je ne serai plus psychiatre
Gerard Hof
- Stock (réédition numérique FeniXX)
- Témoigner
- 11 Janvier 2019
- 9782706297540
« Le minimum que puisse faire un psychiatre est de libérer le délire sous-jacent qui l'a attiré vers cette profession morbide de voyeur » dit Gérard Hof. Le ton du livre est donné d'entrée. Il ne s'agit ni d'une analyse théorique du monde psychiatrique, ni d'un plaidoyer pour une « anti-psychiatrie » mais de la relation d'une démarche d'abord personnelle, puis collective, à la frontière entre la « folie » et la « raison ». Externe puis interne à l'hôpital psychiatrique du Vinatier à Lyon, Gérard Hof essaie de se « situer » entre le monde des « soignants » et le monde des « soignés ». C'est une tentative qui le mène à une remise en question de plus en plus radicale de l'institution psychiatrique. Loin de chercher une meilleure manière de « soigner » la « folie » il en vient, à travers sa pratique personnelle, à tenter de libérer le délire collectif contenu dans les murs de l'asile. La dimension du combat qui se joue entre les « fous » et les « normaux » dépasse largement le problème de la « maladie ». Ce livre est beaucoup plus qu'un témoignage. Il est la forme que prend la lutte engagée par Gérard Hof, Sawna et les autres, lutte qui se veut d'abord lutte politique. Un texte subversif.
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Il y a des êtres tout d'une pièce, qui mènent des doubles vies. Il y a des pays coupés en deux ou en quatre, où il faut renoncer à être soi-même pour avoir quelque chance de conserver son intégrité physique. Il y a des situations - ce sont les plus fréquentes - face auxquelles on ne peut qu'être partagé et où l'on trahit une part de soi pour rester fidèle à l'autre... Ces récits, glanés au fil de la vie, ont été écrits en rusant avec le temps et contre lui. Des personnages réels ont pu y pénétrer par effraction, ou parce que la porte était restée ouverte. D'autres, s'y trouvaient avant que la première ligne n'ait été couchée. Je ne suis pas sûr non plus d'être totalement absent d'aucun. Mais là n'est sans doute pas l'essentiel. L'important, à mes yeux, serait plutôt que, d'aventure, le lecteur s'y découvre lui-même au détour d'une phrase ou d'une page, qu'il s'y plaise et y reste, comme à l'intérieur d'une maison, ou d'un appartement dont l'auteur lui aurait laissé les clés.