Rayons
- Littérature
- Jeunesse
- Bandes dessinées / Comics / Mangas
- Policier & Thriller
- Romance
- Fantasy & Science-fiction
- Vie pratique & Loisirs
- Tourisme & Voyages
- Arts et spectacles
- Religion & Esotérisme
- Entreprise, économie & droit
Formats
Accessibilité
Grasset
-
La falsification de l'histoire : Eric Zemmour, l'extrême droite, Vichy et les juifs
Laurent Joly
- Grasset
- essai français
- 5 Janvier 2022
- 9782246830825
Spécialiste de l'extrême droite et du régime de Vichy, Laurent Joly resitue Éric Zemmour dans la tradition politique du « nationalisme ethnique », né au tournant du XXe siècle et dont les idées ont été portées au pouvoir en 1940.
Si Zemmour veut réécrire l'histoire de Vichy et de la persécution des juifs, c'est que son projet vise à rendre possibles des politiques disqualifiées depuis les crimes de la collaboration : mettre à bas l'État de droit, stigmatiser des minorités, expulser deux millions d'étrangers et de « mauvais Français »...
Se fondant sur des sources inédites, exhumant des controverses oubliées, Laurent Joly démontre dans cet essai implacable qu'Éric Zemmour n'hésite pas à falsifier les faits historiques afin d'unir les droites sous l'étendard de la haine de l'étranger. Ce que le polémiste dit et écrit sur Pétain, Vichy et la Shoah est révélateur de ce qu'il est, de ce qu'il pense et de ce qu'il veut faire si lui-même ou ses idées arrivaient au pouvoir.
Les mensonges anciens ne font pas des « vérités » nouvelles : l'histoire scientifique est un acte de salubrité publique à l'ère de la malhonnêteté intellectuelle triomphante. -
Le vin des Nazis : comment les caves françaises ont été pillées sous l'Occupation
Christophe Lucand
- Grasset
- essai français
- 8 Mars 2023
- 9782246824947
Mai 1940. La France succombe, son vin aussi. Aussitôt nommés par l'administration d'occupation, les « Weinführer », délégués officiels dans les vignobles de Bordeaux, de Bourgogne, de Champagne et de Cognac s'emparent, avec la complicité de nombreux professionnels français, du « plus précieux des trésors de France », selon les mots d'Hermann Gring, qui a très tôt associé sa voracité pour les oeuvres d'art à une soif inextinguible des plus grands nectars français.
Bâti sur des sources exceptionnelles, fonds économiques et judiciaires, archives et documents privés, ce passionnant et exhaustif Vin des nazis révèle comment, au coeur des plus grands vignobles, sur les tables des grands restaurants et des palaces parisiens, la défaite française a vite été noyée dans le vin, grisant les collaborateurs sans scrupules, les brasseurs d'affaires véreux, jusqu'aux pires criminels reconvertis dans la Gestapo française, dont l'équipe Bonny-Lafont. En spoliant les vignobles français pour alimenter la mondanité nazie mais aussi pour soutenir l'effort de guerre du IIIe Reich, les occupants ont détourné des volumes colossaux, de grands crus au vin ordinaire, provoquant une pénurie inédite, un rationnement brutal et une hausse vertigineuse des prix touchant l'ensemble de la population, à une époque où le vin était un élément capital de la vie quotidienne.
De personnalités éminentes, dirigeants de prestigieuses maisons, s'insinuent dans ce cambriolage à l'échelle d'une nation : Henri Leroy, propriétaire de la Romanée-Conti en Bourgogne et producteur d'alcools de vin pour les carburants du Reich, Melchior de Polignac, propriétaire de la maison Pommery et cofondateur du groupe « Collaboration », ou Louis Eschenauer, « l'empereur des Chartrons », intime des chefs militaires allemands à Bordeaux. Le vin s'est imposé comme un puissant vecteur de la collaboration, valorisé par Pétain et l'État français. Loin d'être réservé aux élites du pouvoir hitlérien, il s'est diffusé dans la société allemande tout entière.
Une fresque captivante et dérangeante du vin au temps des heures sombres. -
L'Etat contre les juifs ; Vichy, les nazis et la persécution antisémite
Laurent Joly
- Grasset
- essai français
- 26 Septembre 2018
- 9782246863007
Sur Vichy et la Shoah, on pensait tout savoir. Ce livre démontre qu'il reste encore beaucoup à découvrir. Répondant à une série de questions clés, Laurent Joly renouvelle profondément l'histoire de la persécution des juifs sous l'Occupation et balaie bien des idées reçues.
Pourquoi, dès l'été 1940, le régime du maréchal Pétain a-t-il impulsé une politique antisémite ? Pourquoi a-t-il accepté de contribuer aux déportations massives décidées par les nazis en 1942 et d'assumer pleinement ces opérations, à Paris comme en zone libre ? Dans quelle mesure l'administration a-t-elle collaboré à la politique génocidaire ?
S'appuyant sur de nombreuses sources inédites, restituant les marges de manoeuvre des agents (du dirigeant étatique jusqu'au simple gardien de la paix) et les effets concrets de leurs décisions, Laurent Joly écrit une histoire incarnée, au plus près des exécuteurs, des victimes et des témoins.
Le lecteur apprendra ainsi que le statut d'octobre 1940 n'est pas une simple transposition de la tradition antisémite française : Vichy cherche surtout à suivre le modèle nazi. Sur le Vel d'Hiv, il découvrira une histoire qu'on ne lui a jamais racontée : l'opération du point de vue policier. Enfin, il réalisera que l'idée selon laquelle la persécution des juifs a été occultée par la justice de l'épuration mérite d'être fortement nuancée.
Au bout du compte, Laurent Joly montre que si toute la puissance de l'État a été mobilisée pour persécuter puis rafler les juifs, les logiques propres à l'appareil étatique, ses objectifs contradictoires, ses pesanteurs et finalement les résistances ont contribué à ce que la majorité des juifs de France, frappés de plein fouet par la persécution, échappent malgré tout à la mort.
-
La paix avec les morts
Rithy Panh, Christophe Bataille
- Grasset
- Littérature Française
- 22 Janvier 2020
- 9782246813255
« Une petite fille nous aborde : Qu'est-ce que vous cherchez ? Elle a un regard joueur et curieux, je lui explique. Ici, il y a des années, sous le régime khmer rouge, c'était un hôpital, et j'ai enterré de très nombreux corps dans des fosses. Puis l'eau a englouti ce lieu, et on a bâti des maisons. Elle joue avec un petit bout de bois, un peu gênée : Je sais. On dort sur les morts. La nuit, parfois, on les entend parler. J'insiste un peu : Mais tu as peur ? Elle sourit : Non, on n'a pas peur, on les connaît. »
C'est à un voyage hors du commun que nous convient Rithy Panh et Christophe Bataille, huit ans après leur livre L'élimination - un voyage vers l'enfance et vers les rizières où furent tués, par l'idéologie, la faim et la violence, 1,8 millions de Cambodgiens. Le grand cinéaste cherche les lieux où furent enterrés les siens : le tombeau de son père, dans la glaise ; la fosse où furent englouties sa mère et ses soeurs. Mais aussi le grand banyan où il s'abrita, désespéré, à treize ans, avec ses boeufs - sur cette colline, les khmers rouges n'osaient pas s'aventurer.
Rithy Panh et Christophe Bataille roulent à travers le pays, s'arrêtent, parlent avec les bonzes, questionnent les villageoises âgées, grattent la terre et trouvent des ossement, des tissus ensanglantés. L'oubli guette, et la négation. Et Rithy Panh poursuit son chemin, cherchant la paix avec les morts et tissant un rapport unique avec les vivants, qu'il côtoie, victimes, bourreaux, complices, anciens cadres khmers rouges : le travail de connaissance ne cesse pas, à hauteur d'hommes.
D'une conversation écrite avec Noam Chomsky à des échanges avec le père Ponchaud, d'un entretien avec Robert Badinter aux lettres enfantines rangées dans une sacoche de cuir, d'une méditation sur l'idéologie aux visites aux femmes-devins, les auteurs nous offrent un grand livre. -
Femmes bourreaux : gardiennes et auxiliaires des camps nazis
Barbara Necek
- Grasset
- essai français
- 19 Octobre 2022
- 9782246821069
« Ce sont des créatures fantastiques, effrayantes qui font penser à des légendes sombres. Sans pitié, elles sont probablement encore plus dangereuses que les bourreaux SS car ce sont des femmes. Est-ce que ce sont vraiment des femmes ? » Ainsi témoigne Lina Haag, rescapée du camp de Lichtenburg.
Elles se nommaient Irma Grese alias « La hyène d'Auschwitz », Maria Mandl, Johanna Langefeld ou encore Hermine Braunsteiner pour les plus célèbres. Dans chaque camp de concentration et d'extermination où elles étaient affectées, elles incarnaient la peur, la brutalité et la mort. Ces femmes qui participèrent activement à l'appareil génocidaire nazi, ce sont les gardiennes. La loi nazie imposant que les prisonnières et les déportées soient surveillées par des femmes, un corps de métier dépendant de la SS fut créé spécialement à cet effet, fort d'environ 4000 recrues.
Rouage essentiel dans l'administration des camps, les gardiennes, généralement issues de milieux modestes - ouvrières, employées de maison ou postières- sont recrutées par petites annonces, bouche à oreille ou directement sur leur lieu de travail. C'est à Ravensbrück, le premier et le plus grand camp pour femmes, qu'elles sont formées à partir de 1939. Dans l'univers concentrationnaire, elles deviennent vite des spécialistes de la violence. En 1942, quand les camps se multiplient et que la « solution finale » est décidée en secret, elles sont envoyées à l'Est pour seconder les SS dans leur travail macabre : humiliation, torture, sélection pour les chambres à gaz. Leur cruauté n'a rien à envier à celle des hommes. Si après la guerre, certaines gardiennes sont jugées et exécutées par la justice alliée, la majorité parvient à se faire oublier. Il faudra toute l'opiniâtreté de chasseurs de nazis, comme Simon Wiesenthal, pour les traquer et les débusquer, parfois jusqu'aux Etats-Unis.
Femmes bourreaux retrace l'ascension et le quotidien de ces gardiennes au sein des camps : une histoire qui n'avait encore jamais été écrite. -
La place des bonnes ; la domesticité féminine à Paris en 1900
Anne Martin-Fugier
- Grasset
- Figures
- 8 Novembre 1979
- 9782246085898
Elles balaient, font la cuisine, montent les seaux de charbon, vident les cuvettes et frottent l'argenterie du matin jusqu'au soir. Elles n'ont point de vie à elles. Car ce sont les bonnes.
Mais d'elles, on exige plus encore que l'accomplissement des tâches ménagères. Il faut qu'elles soient le Dévouement incarné. Car elles sont les Servantes.
Et si ce livre s'emploie, en détaillant leurs conditions de travail et d'existence, en décrivant les mentalités dans lesquelles elles étouffent, à dire quelle place est assignée aux bonnes par la moralité bourgeoise à la Belle Epoque, c'est dans le but d'exorciser le fantôme de la Servante, qui hante encore la plupart des femmes aujourd'hui, lorsqu'elles rentrent à la maison. -
Jusqu'en 1945, leurs pères étaient des héros. Après la défaite allemande, ils sont devenus des bourreaux. Eux, ce sont les enfants de Himmler, Gring, Hess, Frank, Bormann, Hss, Speer et Mengele, ces noms synonymes de l'horreur nazie.
Ces petits Allemands ont vécu la seconde guerre mondiale en privilégiés, entourés par des parents affectueux et tout-puissants. Pour eux, la défaite allemande a été un coup de tonnerre. Innocents, inconscients des crimes paternels, ils en ont découvert toute l'étendue. Certains ont condamné, d'autres n'ont cessé de révérer ces hommes honnis par l'humanité entière.
Enfants de nazis retrace l'ascension et le quotidien à la fois fastueux et banal de dignitaires accomplissant chaque jour leur travail de mort avant de s'égayer auprès de leurs familles, installées parfois à portée de vue des camps. Il dépeint ensuite les expériences uniques de ces enfants devenus adultes : la déchéance, la misère, la honte ou le repli.
Quels liens ont-ils entretenu avec leurs pères ? Comment vivre avec un nom à jamais diabolisé par l'histoire ? Quelle part de responsabilité des crimes est-elle transmise aux descendants ?
Comme ces enfants sont toujours hantés par le destin paternel, le passé nazi reste présent à nos mémoires. C'est en ce sens que leur histoire rejoint l'Histoire. Un document passionnant et de troublants portraits de famille. -
Dans le Paris de l'Occupation, réduit au périmètre douteux qui va des bureaux du Majestic à l'Omnibus de chez Maxim s en passant par les sous-sols de la rue Lauriston, ce livre brosse une galerie de femmes vénales, exotiques, qui vont vivre sous l'occupation, un étrange conte de fées qui se terminera souvent en cauchemar?
Russe comme la princesse Tchernitcheff, mannequin et actrice de cinéma, qui devint la protégée du sinistre Lafont, chef de la Gestapo française, et la maîtresse d'officiers allemands influents?
Grecque comme la princesse Mourousi, lesbienne et morphinomane qui, non contente de doubler les Allemands au marché noir, faisait vider les appartements des juifs pourchassés?
Espagnole comme la marquise de San Carlos, maîtresse avant guerre du maire de Biarritz, franquiste de la première heure, elle s'acharnait sur les réfugiés républicains qu'elle dénonçait?
Mais aussi françaises comme Sylviane d'Abrantés ou la comtesse Olinska. La première, maîtresse entre autres de Lafont qui la décrit comme "une chienne et une folle", sera une des grandes courtisanes de l'Occupation. La comtesse Olinska profite de ses trafics d'influence pour tenter de se lancer avec sa petite fille dans le monde du cinéma. Elles vont traverser cette période en reines de toutes les compromissions, portées par la veulerie des hommes en place et les complaisances du système économique instauré par l'occupant.
Grâce à l'ouverture récente des archives de justice aux historiens, ce livre dévoile pour la première fois les vies extravagantes de celles qu'on surnomma après guerre, les "comtesses de la Gestapo", fleurs vénéneuses dont l'éclat fut peut-être fugitif mais le parfum assez capiteux pour nous fasciner et nous horrifier -encore aujourd'hui. -
« Ne venez pas. Nous nous sommes trompés ». Manya Schwartzman, jeune révolutionnaire, quitte sa terre natale, la Bessarabie, pour construire le socialisme en Union soviétique et disparaît en 1937 dans les grandes purges staliniennes après ce dernier message aux siens. Pour traverser le fleuve, elle s'est émancipée des archaïsmes du monde juif, de son pays, de sa condition sociale. La Révolution n'était pas une pensée pour elle, mais une nécessité vitale.
Parce que l'idée d'une tombe sans nom lui déplaît, Sandrine Treiner mène l'enquête pour arracher son héroïne à l'anonymat des fosses communes. Voyage dans des territoires et des idées perdues, au coeur des steppes ensoleillées baignées par la mer Noire, ce récit est d'abord une réparation. Et une rencontre avec Manya S., héroïne déterminée et trahie, rendue à la vie et, par ces lignes, à son engagement et à sa lucidité. -
L'espoir guidait leurs pas ; les volontaires français dans les brigades internationales 1936-1939
Remi Skouteklsky
- Grasset
- essai français
- 3 Juin 1998
- 9782246780427
Peu de textes ont raconté l'épopée des milliers d'hommes qui se sont portés au secours de la République agressée. Rémi Skoutelsky, s'appuyant sur d'importants fonds d'archives et sur nombre d'entretiens, nous donne ici une somme tragique et émouvante : on y découvre le contingent français dans ses idéaux, ses combats, dans son quotidien. L'auteur, grâce à des témoignages magnifiques, fait revivre, pour nous et pour l'histoire, l'aventure dans ses moindres détails. Il répond ainsi aux questions suivantes : pourquoi s'engage-t-on dans les Brigades internationales ? Quel est le processus de recrutement des volontaires ? Qui sont ces volontaires ? De quelles régions viennent-ils ? Quel est leur métier d'origine ? leur passé militaire ? Quelles sont leurs appartenances politiques ? Quelle est la vie au front ? Quelle est leur situation familiale ? Luttent-ils contre le fascisme, ou défendent-ils, à l'avance, leur patrie menacée ? Reviennent-ils en France, et dans quelles conditions ? Rémi Skoutelsky dessine, au fil des pages, une figure courageuse et méconnue, le brigadiste au corps souffrant, au destin anonyme...
-
La guerre d'Indochine ; l'enlisement, l'humiliation, l'aventure
Lucien Bodard
- Grasset
- Essai
- 5 Novembre 1997
- 9782246552994
Les trois volumes de La Guerre d'Indochine, pour la première fois réunis en un seul volume. Lucien Bodard balaie en près de mille deux cents pages quinze années tragiques où se mêlent l'espoir et les larmes. Parce qu'il a croisé les acteurs de cette guerre, il les fait revivre avec force : Giap, de Lattre, Bao Dai et les autres. C'est le récit d'un auteur qui a vécu son sujet, qui sait les dangers de la jungle, la fraîcheur des hauts plateaux. Et il y a ces lieux, oubliés parfois, Dien Bien Phu, bien sûr, mais aussi Vinh Yen, Lang Son, Cao Bang, la R.C.4... Lieux amers et drôles. Qui se souvient du Saïgon des bandits, des piastres et des jeux, cité de jouissance célèbre dans tout l'Orient ? De l'aventure à l'humiliation, des jours tendres aux pluies cruelles, voici l'histoire d'une guerre, l'histoire de deux pays, passion désordonnée et proche où notre innocence s'est perdue.
-
Au début des années 90, les autorités sanitaires du Henan, une province rurale très peuplée située dans le centre de la Chine, ont incité les paysans les plus pauvres à vendre leur sang pour gagner un complément de revenu. La collecte du sang s'effectuait sans la moindre précaution d'hygiène, au risque de permettre la propagation de maladies infectieuses comme l'hépatite ou le sida.
En 1995, le virus HIV a été découvert dans le circuit de ce commerce qui fut interdit sur ordre de Pékin. Mais les autorités provinciales du Henan ont décidé de cacher la vérité, et de laisser mourir des dizaines, sans doute des centaines de milliers de paysans contaminés à leur insu. L'un des plus grands scandales liés au sida et une catastrophe humanitaire de grande ampleur se déroulent depuis dans le centre de la Chine, dans l'ignorance ou l'indifférence générale.
Ce n'est qu'en 2000 et 2001 que les premières informations ont commencé à circuler en Chine, dûment censurées par les autorités, mais relayées par l'internet naissant. En mai 2001, Pierre Haski se rend sur place pour vérifier ces rumeurs : il révèle, le premier dans la presse française, l'ampleur de l'épidémie. Et surtout l'ignorance dans laquelle est maintenue la population concernée : la première paysanne contaminée par le virus HIV à laquelle il parle ne connaît sa maladie que sous le nom de « fièvre », et son mari demande au journaliste : « vous pensez que c'est contagieux ?... »
Depuis, le gouvernement chinois a commencé à prendre au sérieux le péril du sida en Chine, qui menace d'affecter dix millions de personnes à la fin de la décennie selon les études des Nations Unies. Pierre Haski est retourné dans ces villages, en compagnie du photographe Bertrand Meunier, voyageant de nuit pour éviter les milices interdisant l'accès aux journalistes et aux organisations non-gouvernementales chinoises.
Ce livre retrace la genèse de cette affaire, définit les responsabilités, la replace dans le contexte d'une Chine fonçant à grande vitesse vers la modernité, mais sans états d'âme face aux « dégats collatéraux » de cette transition d'une ampleur sans équivalent.
Mais, surtout, il donne la parole à ces milliers de victimes anonymes, que le cynisme d'officiels largement responsables maintient dans l'ombre. Une partie des droits de ce livre iront aider les orphelins du sida du Henan.
-
Il y a deux manières de renouveler l'Histoire : poser de nouvelles questions sur des sujets apparemment rebattus et trouver de nouveaux documents ou de nouveaux témoins.
Dans ce livre magistral, Anne Applebaum accomplit les deux.
S'interrogeant sur le « Haut Stalinisme » (1944-1956), soit les douze années de soviétisation de l'ancien Lebensraum nazi (en se concentrant essentiellement sur trois pays emblématiques : Allemagne, Hongrie et Pologne), l'auteur renverse complètement le point de vue : non plus l'Est vu par l'Ouest mais l'Est vu par l'Est. Les sources archivistiques et orales inédites - lectures dans au moins cinq langues, entretiens, voyages, témoignages personnels - enrichissent considérablement les réponses aux questions que l'observateur contemporain de l'Europe de l'Est se pose face aux échecs ou aux revers de la démocratisation des nouvelles nations émancipées du joug soviétique depuis 1989.
Rideau de fer prend exactement la suite chronologique de l'ouvrage de Timothy Snyder, Terres de sang, consacré au nazisme et au stalinisme de 1933 à 1945 : il raconte, comme cela n'avait jamais été fait, la manière dont ces « terres de sang » ont été soviétisées (réparations économiques, nettoyages ethniques systématiques que l'on associe rarement à cette période de l'Histoire, récupération partielle de l'appareil policier hérité du nazisme, etc.).
Ce grand livre a été unanimement salué comme un des chefs-d'oeuvre de l'Histoire récente.
-
L'homme dans la guerre ; Maurice Genevoix face à Ernst Jünger
Bernard Maris
- Grasset
- Essai
- 9 Octobre 2013
- 9782246803393
Ils se battirent l'un contre l'autre, à la tranchée de Calonne, et furent blessés le même jour. Ces deux hommes, si jeunes, vécurent le même conflit, l'un germanophile, l'autre francophile, l'un et l'autre amoureux des lettres et du pays ennemi. Ils devinrent deux immenses écrivains sous les ombres et dans l'horreur, par l'horreur.Maurice Genevoix parle de chaque homme qui tombe ; Ernst Jünger évoque les soldats, l'armée, la nation. Leur lecture croisée, cent ans après, donne un éclairage extraordinaire sur le premier conflit mondial. Bernard Maris s'approche d'un double mystère : celui de l'acharnement et de la singularité de nos deux nations. Il nous porte, avec Genevoix et Jünger, à la hauteur de cette Guerre dite « Grande ».
-
Jean-Denis Bredin, l'auteur de L'Affaire, reconstitue ici de la manière la plus vivante les grandes étapes du procès qui se tint à Riom, au printemps 1942, sur l'ordre du gouvernement de Vichy, pour déshonorer la République.
La "France de Vichy", inspirée de la volonté exprimée par Adolf Hitler, voulut faire juger que les hommes du Front populaire et des années qui l'avaient suivi étaient responsablkes de la défaite de la France, de son humiliation, de sa honte.
Léon Blum, Edouard Daladier et plusieurs autres accusés devaient donc être déshonnorés et punis. Mais ils se défendront si bien, si courageusement, que le procès tournera mal. En dépit d'une censure de plus en plus rigoureuse, les accusés se font accusateurs de leurs procureurs. Il faut que cette mascarade cesse : Hitler lui-même demandera la suspension du procès qui ne reprendra jamais.
Riom éclaire, à sa manière, les tumultueuses relations de la France et de la justice. -
Que s'est-il vraiment passé en ce 18 juin 1940 ? Certes, un grand nombre d'ouvrages ont été consacres à la conjoncture politico-militaire qui entourait l'allocution radiodiffuséc du général de Gaulle, mais aucun, à ce jour, ne s'était attaché, comme celui-ci, à l'étonnante histoire secrète du texte de cette allocution. Sous les yeux ébahis du lecteur, voilà en effet un texte qui n'en finit pas de se métamorphoser. La version que nous connaissons n'apparaît pas avant le 15 août. La plus fidèle aux intentions du Général date probablement du 16 juin. Le 18, il en circule au moins cinq. La radio en diffuse une, les journaux français une autre, et les journaux anglais une troisième. Quelle est donc la vérité promise par ce texte fondateur de la France Libre ?
François Delpla, loin de se borner à la critique textuelle, montre ici que ces variations résultent, en fait, du choc de trois volontés : celle de De Gaulle, de Churchill et de Halifax, le ministre des Affaires étrangères. Le premier veut, d'emblée, incarner la France et disqualifier Pétain. Le second cherche surtout des arguments pour continuer la guerre, a laquelle le troisième souhaiterait mettre un terme. On s'avise aussi, en chemin, que les acteurs de cette journée se sont livrés à une véritable course contre la montre : De Gaulle veut parler avant Pétain, mais il est devancé. De surcroît, il doit se battre pour faire passer son message et n'y parvient véritablement que dans son allocution du 2 juillet. Au lieu d'un simple discours, on découvre alors un processus qui s'étale sur deux semaines. Et c'est ce processus, si lourd de conséquences, qui est ici revisité. Le passé, lui aussi, est rempli de surprises.
François Delpla, auteur d'oeuvres sur Churchill et sur Hitler, a déjà étudié la Résistance française sous l'angle des rapports entre mythe et réalité dans Aubrac, les faits et la calomnie (1997). -
étrangers à la carte ; l'administration de l'immigration en France, 1945-1975
Alexis Spire
- Grasset
- essai français
- 6 Avril 2005
- 9782246658092
De 1945 à 1975, le nombre d'étrangers résidant en France est passé de 1,7 à 3,4 millions. L'histoire traditionnelle s'est peu intéressée à cette période, considérant que durant les Trente Glorieuses, l'immigration n'était pas contrôlée. Au terme d'une enquête de plusieurs années, Alexis Spire nous livre une autre vision de cette période cruciale en restituant les pratiques de ceux qui, au nom de l'Etat, ont été chargés d'attribuer cartes de séjour, cartes de travail et naturalisations. Guichetiers, rédacteurs ou chefs de service en préfecture n'ont en fait jamais cessé de sélectionner les « bons » étrangers.
L'action de ces « soutiers » de la politique migratoire est analysée ici selon trois logiques. La logique de police suppose d'accorder un droit au séjour à tout étranger, à condition qu'il ne constitue pas une menace pour l'ordre social et politique. La logique de main-d'oeuvre consiste à fournir aux entreprises des travailleurs étrangers, tout en protégeant le marché national du travail. Enfin, la logique de population vise à sélectionner les étrangers les plus « assimilables », tout en s'assurant qu'ils sont en nombre suffisant pour assurer le renouvellement démographique.
Les trajectoires individuelles des agents en charge de l'immigration sont également révélatrices : Vichy, la Libération puis la décolonisation sont autant de moments qui ont marqué durablement leurs rapports aux étrangers.
Ne perdant jamais de vue les conditions concrètes d'attribution des cartes, Alexis Spire montre que ces trois décennies, apparemment sans histoire, sont en réalité décisives pour comprendre les relations entre l'Etat et les étrangers.
-
"Entre ces deux hommes, le silence n'est pas vide. Pendant des années, ils ont partagé les chagrins et les espérances du pouvoir. Admiration de Pompidou, bienveillance du Général : au total une espèce d'amitié, ou d'affection. Avec, naturellement, des arrière-pensées, des accrocs, des dépits - les vicissitudes de la complicité. Que s'est-il passé?".
-
Quand, le 22 juin 1969, Jacques Chaban-Delmas forme le premier gouvernement du septennat de Georges Pompidou, tout laisse prévoir que le "contrat" du nouveau Premier ministre durera jusqu'en 1973 ; et pourtant, le 5 juillet 1972, le plus populaire des hommes politiques gaullistes est remercié. Ce sont les grandes et les petites péripéties de cette spectaculaire disgrâce qui servent de trame au livre de Philippe Alexandre.
-
L'après-guerre ; naissance de la France moderne
Paul-Marie de La Gorce
- Grasset
- Littérature
- 1 Avril 2014
- 9782246795445
Dans la nuit de l'Occupation, les Français avaient rêvé d'un autre monde, d'une autre société. L'après-guerre fut d'abord le choc de ces rêves et de la réalité. Au lieu du bonheur neuf et de l'union, la misère, les déchirements. Au lieu d'une révolution, une restauration. L'histoire de la IVe République n'a pas été faite que de combinaisons ministérielles et parlementaires. Elles occupent dans ce livre moins de place que le mouvement des idées, l'évolution des esprits, les sentiments collectifs, les transformations de l'économie et de la société. L'après-guerre, c'est aussi ce temps de réflexion et de mise en question des tabous. Un temps de gestation. L'existentialisme entre en scène avec Sartre et Simone de Beauvoir. L'Eglise tente de se rétablir, au lendemain des attaques auxquelles se prêtait son attitude envers Vichy. Les mentalités changent. La jeunesse ne croit plus aux dogmes et se jette dans l'action quand elle ne trouve plus refuge dans l'imaginaire : les sources de la France moderne sont là, dissimulées par le vacarme des crises politiques et des guerres d'outre-mer. {Naissance de la France moderne : l'après-guerre} est l'histoire de la faillite d'un régime et du déchirement d'un pays, mais c'est aussi celle du réveil des Français.
-
Qui écrira notre histoire ? les archives secrètes du ghetto de Varsovie
Samuel D. Kassow
- Grasset
- Essais Etranger
- 28 Septembre 2011
- 9782246787501
En octobre 1939, Emmanuel Ringelblum, historien de formation, avait entrepris de rassembler systématiquement les documents touchant le sort des Juifs de Pologne et consitua autour de lui un groupe de bénévoles pour qui l'injonction à sa souvenir (Zokhar) était une forme élémentaire de résistance et qui se donna pour nom de code "Oyneg Shabes" : "Joie du sabbat", en yiddish.
Si Ringelblum et sa famille périrent en mars 1944, comme la majorité des quelque soixante membres de ce réseau - historiens, sociologues, économistes, éducateurs, écrivains, poètes, en sorte qu'aucun domaine de la vie ne soit ignoré -, le groupe réussit à travailler d'arrache-pied jusqu'au printemps 1943, pour écrire la chronique de la disparition de la communauté yiddish. Sentant l'imminence d'une fin proche, les archivistes réussirent à cacher des milliers de documents dans des bidons de lait ou des boîtes en fer-blanc avant de les enterrer.
Servi par un talent de conteur qui n'est pas sans rappeler celui des Disparus, cet ouvrage est sans conteste un des livres les plus importants sur la Shoah à côté de ceux de Hilberg et de Friedländer. Car au-delà de l'histoire magistrale d'une famille, d'un historien et d'un groupe, au-delà d'un tableau de la culture yiddish et de son inscription dans la culture polonaise et russe de l'époque, c'est véritablement l'histoire de l'Holocauste vécue par ses victimes contemporaines qu'offre ce livre. -
La France n'est pas en forme : chômage, affaires, justice, santé, école, la politique malade d'elle-même... Et de plus la France n'est-elle pas en train de perdre son rang ? Cette impression envahit les esprits et rôde autour du Président. Pourtant François Mitterand n'est-il pas expert en haute diplomatie ? Le Président aurait perdu la main. Vrai ou faux ? En réponse, Alain Genestar raconte comment le Président a géré, suivi ou subi les grands bouleversements du monde. Mitterrand s'est engagé dans la guerre du Golfe mais d'excessives manoeuvres et de multiples intrigues ont brouillé l'image de la France. A l'Est, où tout tremble, il s'est trompé sur la réunification allemande et lors du fameux putsch de Moscou. Le Président veut influencer le cours de l'Histoire. Orgueil sublime ! La réussite serait sa gloire. L'échec est sa défaite. Alain Genestar dresse un portrait du chef de l'Etat, acteur de la grande Histoire, et met à nu les travers du système mitterrandien et les doubles jeux florentins. La France n'est pas en forme. Et le Prince, par ses péchés, y est pour quelque chose.
-
Serons-nous encore vivantes le 2 janvier 1950 ?
Françoise Verny
- Grasset
- Essai
- 9 Novembre 2005
- 9782246795575
En avril 1997, Françoise Verny lit un bref récit de Patrick Modiano, Dora Bruder. Dora, adolescente du XVIIème arrondissement, échappe à ses parents pour retrouver son amoureux dans Paris occupé. Arrêtée par la police parce qu'elle est juive, elle est déportée. Françoise est bouleversée par cette lecture. Le souvenir de sa grande amie de collège lui revient brutalement : Nicole Alexandre. Amie comme on l'est à quinze ans, passionnée, jalouse, confidente, blagueuse, grande lectrice comme Françoise, qu'elle appelle dans ses lettre « cher vieux » ou « vieille carotte rotie au soleil ».
Un jour de 1943, parce qu'elle est juive elle aussi, Nicole est arrêtée, et internée avec sa mère. Au camp de Drancy, elle s'ennuie, lit, écrit à son amie une carte émouvante, presque joyeuse. Nicole ignore qu'elle fera partie du convoi du 20 novembre 1943. Elle sera gazée avec sa mère dès son arrivée à Auschwitz.
Pour la jeune Françoise, Nicole est à Drancy. Ailleurs. La vie continue. Une nouvelle rentrée scolaire. De nouvelles amies. Le temps passe. C'est la Libération. Françoise oublie Nicole. Rencontre Charles Verny. Se lance dans d'autres combats, la philosophie, la presse, bientôt l'édition. Françoise est de tous les engagements. Elle est une des premières à voir Shoah, seule dans une salle aux côtés de Lanzmann. Mais elle a oublié Nicole.
Quand en 1997, ce visage lui revient, flou, enfantin, Françoise décide d'écrire ce tombeau, cette méditation émouvante et simple, qui fait revivre Nicole et son histoire, qui est aussi la nôtre.
En avril 1997, Patrick Modiano répond à Françoise Verny : « Je crois que j'ai trouvé la trace de votre amie Nicole Alexandre. Elle avait deux ans de moins que Dora Bruder, elle était née en 1928, et elle habitait dans le XVIIème arrondissement, au 2 square Tocqueville. Est-ce la même ? » -
Les fusiliers marins de la France libre
Georges Fleury
- Grasset
- Littérature
- 5 Juin 1980
- 9782246096597
A Londres, en juillet 1940, une poignée de marins ralliés au général de Gaulle décident de doter la France libre d'une unité de fusiliers marins. Après le débarquement manqué de Dakar et les combats de Syrie, se forge une unité à part. Dans le désert de Libye, les fusiliers marins de la France libre assurent la défense anti-aérienne du réduit de Bir-Hacheim. Devenus régiment blindé, ils participent à la bataille d'Italie et percent le front allemand au Garigliano. Débarqués en Provence, ils bousculent la Wehrmacht jusqu'au Rhin. Affrontement grondant de chars, duel angoissant de l'homme et du bombardier, progression fulgurante de blindés dans les campagnes d'Italie, des Vosges, de l'Alsace et des Alpes du Sud, le livre de Georges Fleury n'est pas seulement une suite tumultueuse de spectaculaires scènes de guerre : c'est l'histoire d'un régiment d'élite français qui, de 1940 à 1945, a tenu à écrire l'Histoire sur tous les champs de bataille d'Afrique et d'Europe.